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Archives de Tag: Charlie Hebdo

Lettre aux professeurs sur la liberté d’expression


Bibliographie éducationBibliographie politique

 

Article 10 de la Convention européenne des droits de l’homme (source) :

1 Toute personne a droit à la liberté d’expression. Ce droit comprend la liberté d’opinion et la liberté de recevoir ou de communiquer des informations ou des idées sans qu’il puisse y avoir ingérence d’autorités publiques et sans considération de frontière. Le présent article n’empêche pas les États de soumettre les entreprises de radiodiffusion, de cinéma ou de télévision à un régime d’autorisations.

2 L’exercice de ces libertés comportant des devoirs et des responsabilités peut être soumis à certaines formalités, conditions, restrictions ou sanctions, prévues par la loi, qui constituent des mesures nécessaires, dans une société démocratique, à la sécurité nationale, à l’intégrité territoriale ou à la sûreté publique, à la défense de l’ordre et à la prévention du crime, à la protection de la santé ou de la morale, à la protection de la réputation ou des droits d’autrui, pour empêcher la divulgation d’informations confidentielles ou pour garantir l’autorité et l’impartialité du pouvoir judiciaire

François HÉRAN, Lettre aux professeurs d’histoire-géographie – Ou comment réfléchir en toute liberté sur la liberté d’expression, La Vie des idées, 30/10/2020.

Deux semaines après l’assassinat de Samuel Paty, François Héran publiait dans La Vie des idées une « lettre aux professeurs ». Ce texte ayant beaucoup circulé, et suscité quelques vives réactions, l’auteur en développe ici les arguments. Les caricatures qui désacralisent le religieux sont-elles sacrées ? La diffusion des caricatures est-elle indépendante de l’État ? Comment la liberté de conscience et la liberté d’expression, ces « tours jumelles », ont-elles évolué depuis 1789 ? Peut-on outrager les croyances sans outrager les croyants ? Qu’en est-il au sein des établissements scolaires ?

Dans son hommage à Samuel Paty, Emmanuel Macron défendait les caricatures, tout en appelant à revoir l’enseignement de l’Histoire, à combattre les discriminations, à pratiquer le respect mutuel. François Héran le prend au mot et s’attaque, avec des arguments percutants, à ceux qui nient l’existence de l’islamophobie, du racisme structurel et des discriminations systémiques. C’est dans ce déni que se loge la véritable cancel culture [ostracisation politiquement correct], note-t-il avec malice.

Implacable et vif, pédagogique et précis, cet essai récuse les tentations extrêmes. Sa méthode : mettre en balance les grands principes avec discernement. Sa philosophie : recréer le lien social autour de la règle d’or du respect réciproque.

François HÉRAN, Lettre aux professeurs sur la liberté d’expression, La Découverte, 2021 [Texte en ligne].

Lire aussi :
• Françoise LORCERIE, Liberté d’expression, j’écris ton nom, Le Café pédagogique, 2020.
• Religion & caricature de Mahomet, Dessinez Créez Liberté, 2020 [site de propagande Charlie Hebdo].
• Anita HOCQUARD, Éduquer, à quoi bon ? – Ce qu’en disent philosophes, anthropologues et pédagogues ?, 1996 [Texte en ligne].
La liberté de la presse selon Charlie Hebdo, Monde en Question.
Index Éducation, Monde en Question.
Index Politique, Monde en Question.
Veille informationnelle Livres, Monde en Question.
Revue de presse, Monde en Question.

Les nouveaux populistes – Le triomphe de la propagande



Le cinéma ça sert aussi à faire la propagande

 

Titre : Les nouveaux populistes
Réalisateur : Isabelle Quintard, Yves Couant, Julie Dejode, Floriane Soyer
Durée : 0h24
Année : 2020
Pays : France
Genre : Magazine BFMTV
Résumé : Michel Onfray, Didier Raoult, Eric Zemmour, trois personnalités qui ont occupé l’année 2020 sur le terrain médiatique. Un philosophe, un éditorialiste, un scientifique, trois polémistes qui savent aussi bien fédérer que diviser. Comment expliquer leur popularité ? Est-elle durable ou un simple effet de mode ? Quels sont leurs points communs ? Leurs différences ? Pourraient-ils avoir des ambitions politiques pour 2022 ?
Fiche : BFMTV
Partage déniché par Monde en Question
Avis de Ciné Monde : D’emblée on sait qu’il s’agit d’un faux débat : Une proximité avec le peuple qui leurs vaut souvent d’être considérés [par les auteurs du magasine télévisuel de BFMTV] comme les nouveaux populistes [01’07].
Si Michel Onfray et Eric Zemour se disent populistes (sans qu’un sache clairement ce que cela veut dire), Didier Raoult, lui, est accusé de l’être par Ruth Elkrief qui se prend pour Saint-Just [01’14].

Contrairement à ce qu’affirme le commentaire en voix-off [04’09], ces trois hommes n’ont absolument rien en commun. L’amalgame vise surtout à discréditer Didier Raoult. En l’accusant d’être populiste, on l’accuse d’être proche de l’extrême droite. CQFD ! Son crime ? Bien que très présent dans les médias (beaucoup trop à mon avis), il exprime son désaccord, en tant que spécialiste des maladies infectieuses, sur la gestion de l’épidémie du Covid-19 et sur la croyance en un vaccin miracle.

Un détail très significatif de l’amalgame journalistique fabriqué par le montage : Eric Zemour et Didier Raoult sont interviewés par la même journaliste, Ruth Elkrief [07’52].
Le commentaire en voix-off (la voix de la propagande) accuse Didier Raoult de mentir alors qu’il dit clairement qu’il n’a jamais utilisé le mot « deuxième vague » sauf pour répondre à la question de la journaliste comme à celle de la Présidente de la commission parlementaire [11’06].
Par contre, c’est le commentaire sur la chloroquine qui est un grossier mensonge car l’étude publiée par The Lancet était un faux comme l’a avoué BFMTV le 23/06/2020 !

Selon la technique de la propagande, vantée par Edward Bernays en 1917, un mensonge doit être répété plusieurs fois pour être cru. Les auteurs appliquent consciencieusement ce principe en repassant en boucle le montage parallèle pour accuser de populisme Didier Raoult en l’associant à Eric Zemour [16’26].

Le procédé sert la propagande médiatique qui prétend que le racisme de droite d’Eric Zemour serait plus immonde que le racisme républicain de Charlie Hebdo !

Lire aussi :
Sur les journalistes qui se prennent pour Saint-Just :
J’avoue une certaine fatigue face à des débats où les protagonistes ont une vision binaire du monde, plaçant le monde occidental sur un piédestal, le reste dans les bas-fonds, les bons et les méchants, eux et nous…
Nombreux sont ceux qui veulent délivrer des leçons de morale, qui n’ont que cette morale à la bouche lorsqu’ils évoquent les questions stratégiques. Cela permet souvent d’éviter de se plonger dans la complexité des réalités. Certains sont de bonne foi, d’autres parfaitement cyniques et se servent de la parole comme cache-sexe de leurs intérêts. Mais la plupart se sentent investis d’une mission et sont convaincus qu’une menace globale pèse sur le monde occidental. Ils sont d’ailleurs souvent prêts à fouler aux pieds, sans s’en apercevoir, les principes qu’ils défendent. Au nom de la défense de valeurs occidentales, il faut réduire au silence ceux qui s’y opposent, ou plutôt ceux qui sont accusés de s’y opposer. Certains feront tout pour tenter de limiter ou d’interdire la parole de ceux qui ne sont pas d’accord avec eux, en les excluant du cercle de raison et en les faisant passer pour des ennemis de la démocratie et des libertés. S’auto-désignant « rempart du monde libre », ils sont prompts à diaboliser ceux qui ne partagent pas leur point de vue et à leur appliquer la sentence de Saint-Just, qui ne figure pourtant pas dans leur Panthéon : « Pas de liberté pour les ennemis de la liberté ».
Pascal BONIFACE, Géopolitique du Covid-19 – Ce que nous révèle la crise du Coronavirus, 2020 [Texte en ligne].
Sur le discours de propagande qui utilise la voix off et le montage parallèle :
– Un spectre hante la France le frelon chinois, Chine en Question
– Le montage parallèle associe deux séries de plans pour créer une continuité entre des réalités différentes, Ciné-club de Caen.
– Karl-Dietmar MÖLLER, Le montage parallèle dans un film de propagande nazi in Colloque Cinémas et réalités, Université de Saint-Étienne, 1984 [Aperçu en ligne].
Audition du Pr Didier RAOULT, directeur de l’institut hospitalo-universitaire en maladies infectieuses de Marseille, Assemblée nationale, 24/06/2020.
Sur l’étude publiée par The Lancet voir L’incroyable fraude contre la chloroquine diffusé par BFMTV le 23/06/2020, Monde en Question.
Dossier Edward BERNAYS (avec liens), Monde en Question.
Propagande de Charlie Hebdo, Chine en QuestionMonde en Question.
Raphaël DOAN, Quand Rome inventait le populisme, 2019, [Texte en ligne].
Chantal MOUFFE, Pour un populisme de gauche, 2018, [Texte en ligne].
Pierre ROSANVALLON, Le siècle du populisme – Histoire, théorie, critique, 2020, [Texte en ligne].
Cinémathèque, Ciné Monde.
Dossier Cinéma France, Monde en Question.
Index Cinéma (Tous les dossiers), Monde en Question.
Veille informationnelle Cinéma, Monde en Question.
Revue de presse, Monde en Question.

Des universitaires Charlie-Macron


 

Emmanuel Macron appelle à se mobiliser contre « l’hydre islamiste » en France, mais soutient les terroristes islamistes du Xinjiang au nom des droits de l’homme !

Des universitaires volent au secours de Charlie-Macron en enquêtant sur les minorités musulmanes soi-disant opprimées en Chine, mais pas sur ces mêmes minorités consensuellement persécutées en France.

Source : Enquêter sur les minorités musulmanes en Chine aujourd’hui, CECMC.

30/11/2019
Serge LEFORT
Citoyen du Monde et rédacteur de Monde en Question

Lire aussi :
Ordre Nouveau-Charlie, Monde en Question.
Islamophobie, Monde en Question.

17 octobre 1961 – L’ordre français (plébiscité par Charlie)


 

Réalisateur : Jean-Jacques Beryl
Durée : 0h48
Année : 2013
Pays : France
Genre : Documentaire
Résumé : « En Algérie, nous rétablissons l’ordre, ce que nous entendons par ordre français », déclarait Michel Debré, Premier ministre, sous la présidence de Charles De Gaulle, en avril 1956. Il s’agissait, bien entendu, de l’ordre colonial au mépris de l’ordre républicain, en Algérie comme à Paris où, le 17 octobre 1961, des Algériens affluant des bidonvilles de banlieue furent massacrés par la police du préfet Maurice Papon, alors qu’ils défilaient pacifiquement pour l’indépendance de leur pays.
Le 17 octobre 2001, une plaque commémorative est apposée à Paris sur le pont Saint-Michel: « A la mémoire des nombreux Algériens tués lors de la sanglante répression de la manifestation pacifique du 17 octobre 1961 ». Un déferlement de haine raciale, cela moins de 20 ans après la rafle des Juifs, en juillet 1942. Un Algérien, victime de cette ratonnade, nous dit, en retenant ses larmes, « Je fais encore des cauchemars. »
Durant cet hommage, manifestants et contre-manifestants s’affrontent : anciens appelés du contingent, anciens membres du FLN, anciens Harkis, Pieds-Noirs, militants d’extrême gauche et d’extrême droite, Français de l’immigration algérienne, qui semblent rejouer la guerre d’Algérie. « Il faut tourner cette page, sans l’oublier, bien sûr » commente l’historien Benjamin Stora.
Le 17 octobre 2012, 51 ans après cette page tragique de l’histoire franco-algérienne, le président de la République, François Hollande, a reconnu les faits. Ce qui soulève une polémique où les blessures de la mémoire sont ré-ouvertes, une fois de plus. »
Fiche : Ardèche Images

Partage proposé par : YouTube Streaming FR

Voir aussi : 17 octobre 1961, un crime d’État – Rencontre autour du film de Jean-Jacques Beryl, Indigènes TV – YouTube.

Lire aussi :
Guerre France/Algérie, Ciné Monde.
Dossier documentaire Algérie, Monde en Question.
Articles Charlie, Monde en Question.
Dossier documentaire Cinéma, Monde en Question.
Veille informationnelle Cinéma, Monde en Question.

Octobre à Paris (le crime que Charlie oublie)


 

Réalisateur : Jacques Panijel
Durée : 1h10
Année : 1962
Pays : France
Genre : Documentaire
Résumé : Documentaire retraçant la préparation, l’organisation et les conséquence de la manifestation parisienne du 17 octobre 1961, visant à protester contre le couvre-feu imposé aux Algériens.
En pleine guerre d’Algérie, Maurice Papon, alors préfet de police de la Seine, impose un couvre-feu discriminatoire à l’attention des « Français musulmans d’Algérie ». Cette mesure entraîne une grande manifestation dans les rues parisiennes, le 17 octobre 1961, réprimée avec une extrême violence…
Il a été fait dans la clandestinité, dans les bidonvilles de Nanterre et Gennevilliers, et dans le centre de torture de la Goutte-d’Or. Tourné quelques semaines après la marche pacifique qui s’acheva par des milliers d’arrestations et d’assassinats, le film reconstitue à chaud l’événement, donne la parole à ceux qui organisèrent le rassemblement, à ceux qui vécurent la répression sanglante ordonnée par le préfet Maurice Papon, à ceux aussi qui échappèrent à la mort après avoir été jetés à la Seine.
Jacques Panijel n’était pas cinéaste. Biologiste et chercheur au CNRS, il avait créé avec Pierre Vidal-Naquet et Laurent Schwartz le Comité Maurice Audin, du nom de ce mathématicien torturé à mort par les services français en 1957. Dans un entretien à la revue Vacarmes, à l’été 2000, Jacques Panijel (aujourd’hui décédé) racontait le projet : « J’ai tourné à partir de la fin 61 et pendant six mois dans les bidonvilles et à la Goutte d’or. Sachant ce qu’avaient été ces journées, il fallait que je les fasse revivre à l’intérieur même du bidonville (…). Le film est conçu comme une tragédie en trois actes : avant, pendant, après : l’organisation et le départ de la manifestation que nous avons pu reconstituer, la manifestation racontée par des photographies, et les témoignages filmés après la manifestation. Il fallait retrouver des hommes qui avaient échappé de justesse à la mort ; retrouver des gens qui avaient été balancés à la Seine et s’en étaient sortis. »
Fiche : IMDbMediapart

Partage proposé par : Zone Telechargement DVD FR

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Guerre France/Algérie, Ciné Monde.
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Renaud-Charlie chante son addic­tion à la police


Le chanteur Renaud surfe sur l’immonde propagande-Charlie pour se faire rapidement du fric. Ainsi, il a vendu 200 000 exemplaires de son dernier album en quatre jours.

Après les éloges d’anarchistes à l’extrême droite d’Ukraine, Renaud chante sa nouvelle addic­tion… à la police. Mieux vaut en rire !

13/04/2016
Serge LEFORT
Citoyen du Monde

Note du 02/07/2016 : L’album préparait le lancement médiatique de son autobiographie ! Renaud SÉCHAN, Comme un enfant perdu, X Editions, 26 mai 2016 [Texte en ligne].

Lire aussi :
Je ne suis pas Charlie, Monde en Question
Dossier documentaire Propagande, Monde en Question.

Charlie Hebdo ou la dérive anticommuniste et le racisme larvé


 

Un ami basque me tuyaute : Laurent Sourisseau, dit « Riss », est un ancien élève du lycée de Bayonne, ville où son père exerçait la fonction de Directeur des Pompes Funèbres Générales. Riss s’était manifesté, à l’époque, dans des attaques verbales violentes et non gauchisantes, contre les prisonniers et les « basques-autonomistes » qui le côtoyaient en classe.

Ces derniers, en réponse, l’avaient mis en quarantaine jusqu’à son départ grâce à une mutation promotionnelle salvatrice de son père. C’était l’époque, assure mon informateur, où Charlie-Hebdo « comparait les jeunes indépendantistes de gauche à des nazis » (ah ! déjà et eux aussi ?).

J’ai toujours pensé que les humoristes pouvaient faire rire de tout, à condition de ne pas dresser des bûchers contre quiconque ne rit pas comme eux.
De tout ? Hum, hum !
Souvent des mêmes ? Hum, hum !
De préférence des barbus patibulaires ? Et de leurs enfants morts ? Hum, hum ! hum ! et hum !
Des dessinateurs assassinés ? Hou là, malheureux, tu n’as jamais été menotté ? Tu peux prouver que tu n’as pas de lien avec Daesh ?

Le cadavre du petit immigré IIyan, échoué sur un plage, ne cesse d’amuser un Riss (deux dessins nullards sous sa plume), qui pleura l’assassinat de ses collègues le 7 janvier 2015, qui nous apitoya sur ses propres blessures et qui ne bougea pas un cil quand la Justice poursuivit (jusqu’à 50 procédures mises en route, un enfant de 8 ans convoqué au commissariat, une grande gueule condamné à 6 mois de prison ferme, etc.) ceux qui clamaient un peu trop fort « Je ne suis pas Charlie » au lieu de défiler avec une brochette de chefs d’Etat, dont quelques dictateurs notoires, oppresseurs de la presse.

Le numéro 1225 (13 janvier 2016) de Charlie Hebdo touche le fond.

Lire la suite… Le Grand Soir

Lire aussi :
Je ne suis pas Charlie, Monde en Question
Articles Charlie, Monde en Question.
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La réponse de Hani Abbas à Charlie Hebdo


Le dessinateur palestinien, lui aussi réfugié en Syrie, comme le petit Aylan que Charlie Hebdo a tué une deuxième fois en suggérant qu’il aurait pu devenir un violeur s’il avait survécu, répond à Riss sur sa page Facebook :

 

Hani Abbas est membre du groupe « Cartooning for peace ». Il a reçu le Prix international du dessin de presse à Genève en mai 2014 pour son incessante dénonciation de la guerre et de ses horreurs dans le monde entier.

Son dessin est d’autant plus cinglant qu’il s’était solidarisé avec Charlie Hebdo après l’attaque du 7 janvier 2015, et qu’il avait lui-même dû fuir la Syrie pour un dessin qui n’avait pas plu.

16/01/2016
CAPJPO-EuroPalestine

Lire aussi :
Charlie Hebdo 2016 ou la deuxième mort de Wolinski, Charb et Bernard Maris, Le Grand Soir.
Le fascisme reviendra sous couvert d’antifascisme ou de Charlie Hebdo, ça dépend, Le Grand Soir.
De BHL à Charlie Hebdo : la propagande néoconservatrice déguisée en gauche progressiste Le Grand Soir.
Je ne suis pas Charlie, Monde en Question
Articles Charlie, Monde en Question.
Dossier documentaire Propagande, Monde en Question.

Charlie, organe du Front National


Le nouveau dessin de Charlie Hebdo sur les « migrants violeurs » est à vomir, mais on n’ a vu aucun des dirigeants français qui alimentent financièrement ce torchon, s’en offusquer.

 

Voici comment Riss ose évoquer la mort du petit Aylan en l’assimilant aux agressions sexuelles de Cologne lors du Nouvel An.

Riss, l’auteur du dessin de Charlie Hebdo, est directeur de la publication du magazine qui se veut satirique, mais qui n’est qu’un relais de tous ceux qui s’attaquent préférentiellement aux plus faibles, aux plus stigmatisés.

Non, Charlie Hebdo n’est pas dans la « tradition française » de la satire. Cette dernière est représentée par des artistes comme Molière, Daumier, Bourvil, Coluche ou encore Siné, qui loin de s’attaquer aux plus vulnérables, ont toujours épinglé les puissants, les détenteurs de pouvoir.

14/01/2016
CAPJPO-EuroPalestine

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Je ne suis pas Charlie, Monde en Question
Articles Charlie, Monde en Question.
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Charlie, nouvelle religion d’État


 

Par quel miracle un journal satirique a-t-il pu devenir l’un des organes de la pensée officielle ? Cette métamorphose témoigne bien sûr de la capacité du système à faire feu de tout bois et à tout recycler mais elle montre surtout les affinités entre la pensée libérale-libertaire et les intérêts des élites mondialistes. Et celles-ci ne sont jamais avares pour récompenser leurs loyaux serviteurs comme on l’a vu à l’occasion du battage médiatico-politique qui a suivi les attentats de janvier : minutes de silence un peu partout en France, drapeaux en berne, journées de deuil national, manifestations de solidarité émaillées de « dérapages » anti-Islam, grande marche républicaine symbolisant l’union sacrée des politiques contre « la barbarie et le terrorisme » à laquelle se sont associés la totalité des partis du système et des organisations de l’antiracisme institutionnel ainsi que de nombreux chefs d’État, slogans de soutien omniprésents, déclarations martiales des responsables politiques en dépit des zones d’ombre qui brouillent cette nouvelle affaire, à l’image de celles des attentats du 11 septembre.

À l’occasion du premier anniversaire des attentats, les élites politiques ressortent les plats – avec parfois quelques ratages – au risque de provoquer la nausée. Exploiter jusqu’au bout ce drame pour renforcer le système de domination et pour lancer la France dans des aventures militaires de tous les dangers – le tout sous couvert de « guerre contre le terrorisme » – est clairement la ligne politique du gouvernement. Les bénéfices attendus sont bien là : restauration d’un crédit politique perdu sur le front économique et social et promulgation d’une batterie de lois liberticides pour museler la contestation sociale. Mais l’essentiel est peut-être ailleurs. La mascarade du 11 janvier et celle des commémorations forcées du premier anniversaire (en attendant les suivants !) ont aussi pour objectif de formater les esprits en posant les bases de ce que l’on pourrait appeler une « religion d’État ». Une religion laïque – et même laïciste – mais dont la fonction première est de dresser un rideau de fumée idéologique entre la conscience et la réalité.

Le 7 janvier 2015, c’est l’un des centres névralgiques du système de domination médiatique qui a été visé. Et pas n’importe lequel : Charlie Hebdo, passé du scato-gauchisme au néoconservatisme bon teint, spécialisé dans la discrimination antimusulmane sous couvert de « liberté d’expression » (pourtant à géométrie bien variable par les temps qui courent…) avec la bénédiction des élites politiques qui n’ont jamais ménagé leurs efforts pour le soutenir, en particulier au moment du procès des caricatures. Et pour cause… Les colonnes du journal accueillent régulièrement la fine fleur de l’atlantisme dans sa version la plus dure, notamment des journalistes de la mouvance néoconservatrice du Cercle de l’Oratoire : Caroline Fourest, qu’on ne présente plus, Robert Misrahi, Mohamed Sifaoui. Le journal s’était notamment illustré en publiant un « manifeste des 12 », dénoncé à juste titre par la Ligue des Droits de l’Homme, sous-titré « ensemble contre le nouveau totalitarisme » qui n’est rien de moins qu’une déclaration de guerre contre la menace islamique assimilée à la barbarie et au totalitarisme : « Après avoir vaincu le fascisme, le nazisme, et le stalinisme, le monde fait face à une nouvelle menace globale de type totalitaire : l’islamisme ». On a déjà vu analyse plus nuancée…

Également dans le viseur du journal, la religion catholique. La dernière une (en date) du journal, associant crime et religion, a provoqué colère et consternation. Mais le profond mépris pour la religion (et les croyants) affiché par le journal masque en réalité une orthodoxie bien prégnante. Elle s’est notamment manifestée à l’occasion des cérémonies d’hommage aux victimes quand il s’est agi de « repérer et de traiter ceux qui ne sont pas Charlie ». Comme toutes les religions, celle du politiquement correct a ses croyants, ses intégristes, ses apostats, ses hérétiques, ses agnostiques, ses curés et se sicônes. Et les brebis égarées pourront toujours compter sur la miséricorde divine si elles font acte de repentance puisque, comme le dit si bien Nathalie Saint Bricq, « il faut réintégrer dans la communauté nationale ceux qui ne sont pas Charlie ».

Comme toutes les religions, celle de Charlie a une fonction idéologique, celle de montrer une image tronquée, faussée et parfois inversée du réel. Tout esprit ayant échappé au formatage des consciences ne peut qu’être frappé par la contradiction manifeste entre les discours dominants et les pratiques. Ainsi, l’humoriste Dieudonné a été condamné pour apologie du terrorisme (!) en raison d’un message posté sur son compte Facebook dans lequel il affirmait « se sentir Charlie Coulibaly », le jour même de la marche républicaine du 11 janvier ! Rappelons tout de même que le mot d’ordre de cette manifestation géante était la défense de la liberté d’expression…

Surfant sur la peur provoquée par les événements de janvier et leur ultramédiatisation, les élites politiques ont promulgué une nouvelle loi pour réduire un peu plus les libertés publiques. Ou comment prétendre défendre la liberté d’expression contre une prétendue « menace islamique »… en encadrant celle-ci. Sans même parler de celles votées précédemment. Ainsi le délit pour apologie de terrorisme aux contours éminemment flous que l’exécutif a fabriqué dans le cadre de la loi antiterroriste de l’automne 2014 pourra valoir à son auteur pas moins de 7 ans de prison et de 100.000 euros d’amende ! La saturation médiatique des attentats et la propagande pro-Charlie déversée par les médias sous contrôle n’aura pas été de trop pour faire croire que la vraie menace qui pèse sur les libertés vient de l’Islam et non du pouvoir en place…

Mais l’une des caractéristiques de la mobilisation pro-Charlie (comme de celle qui a suivi les attentats de novembre) est l’appel à l’unité nationale sur fond de guerre contre le terrorisme. Grâce l’alchimie de l’union sacrée contre un ennemi à la fois extérieur et intérieur, les clivages sociaux et politiques disparaissent comme par magie : plus de riches, ni de pauvres, plus d’exploiteurs ni d’exploités mais des pro-Charlie et des crypto-terroristes. L’enjeu principal est sans doute ici : faire croire aux populations qu’elles ont les mêmes intérêts que les élites mondialistes et que la population syrienne mourant sous les bombes de l’aviation française est massacrée dans l’intérêt de la France.

L’esprit Charlie, nouvel avatar de la pensée dominante ? Sans doute, et le laïcisme agressif qui est sa marque de fabrique dessine les contours d’une nouvelle religion, concurrente de toutes les autres. Une religion qui n’ouvre pas les portes du Paradis mais celles d’un monde où la seule liberté qui existe est de pousser son chariot de supermarché, de laver son cerveau avec la télévision et de se faire tondre à l’occasion.

07/01/2016
Nicolas Bourgoin

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