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Discours de Benyamin Netanyahou à l'AIPAC


En attendant d’écrire et de publier l’analyse de ce discours, quand je serai remis… des trois jours de fête à l’occasion de mon anniversaire, voici plusieurs versions du texte en anglais et des traductions en français.

• Address by PM Netanyahu at the AIPAC Policy Conference, AIPACPrime Minister’s OfficeHa’aretz
• Allocution du Premier Ministre Benjamin Netanyahou à la Conférence de l’AIPAC
– Traduction 1 DebriefingUn écho d’Israël
– Traduction 2 CRIFJSS News
– Extraits Ambassade d’Israël en France

02/04/2010
Serge LEFORT
Citoyen du Monde

Lire aussi :
• 14/06/2009, Discours de Benyamin Netanyahou, Monde en Question.
• 15/06/2009, Réactions au discours de Netanyahou, Monde en Question.
• 17/06/2009, Analyse du discours de Netanyahou, Monde en Question.
Dossier documentaire & Bibliographie Sionisme, Monde en Question.

Israël renforce Al-Qaida


Alors même que la violence resurgit à Jérusalem suggérant qu’une troisième Intifada pourrait bientôt éclater, le général David Petraeus commandant en chef du CENTCOM a fait aujourd’hui une sérieuse mise en garde devant le Comité des Forces Armées du Sénat des États-Unis sur l’impact plus large d’un conflit qui est à l’épicentre des hostilités au Moyen-Orient depuis la création d’Israël.

En faisant cette mise en garde, Petraeus – certainement le plus influent même si ce n’est pas le plus haut responsable dans l’armée américaine – répétait une déclaration qu’il avait faite presque un an auparavant. La seule différence entre ce qu’il a dit en avril 2009 et ce qu’il a dit aujourd’hui, c’est qu’il sait maintenant à l’évidence qu’Al-Qaida est renforcée par ce conflit.

Il a dit aujourd’hui :

Les hostilités persistantes entre Israël et certains de ces voisins représentent des défis évidents pour notre capacité à faire avancer nos intérêts dans l’AOR (zone de responsabilité du CENTCOM). Les tensions israélo-palestiniennes se transforment souvent en violence et en confrontations armées à grande échelle. Le conflit provoque un sentiment anti-américain, à cause de la perception du favoritisme des US à l’égard d’Israël. La colère arabe sur la question palestinienne limite la puissance et la profondeur de nos relations avec des gouvernements et des peuples dans l’AOR et affaiblit la légitimité des régimes modérés dans le monde arabe. Pendant ce temps là Al-Qaida et d’autres groupes militants exploitent la colère pour mobiliser. Le conflit offre également à l’Iran une influence dans le monde arabe via ses clients, le Hezbollah libanais et le Hamas.

Si une telle déclaration avait été faite en dehors de la scène politique américaine, elle pourrait être considérée comme une expression plutôt fade de ce qui est depuis longtemps évident. Mais venant des lèvres d’un général célèbre, considéré par un grand nombre comme un futur potentiel président, ces mots font l’effet d’une bombe.

Les néo-conservateurs et le lobby pro-israélien [AIPAC] ont œuvré très dur et pendant longtemps pour obscurcir l’impact régional profondément corrosif d’un conflit que les dirigeants israéliens successifs n’ont pas voulu régler ou ont été incapables de régler. D’autres, qui auparavant ont dit ce que Petraeus dit actuellement, ont soit été rejetés accusés d’être mal informés, ou qualifiés d’anti-israéliens ou insidieusement d’antisémites.

Aucune de ces accusations ne peut coller à Petraeus. En fait, si le lobby pro-israélien était suffisamment téméraire pour essayer de s’en prendre à un général américain qu’on considère parfois comme un Eisenhower de notre époque, le lobby prendrait l’énorme risque de se voir menacer de ce qui l’effraie le plus : être qualifié d’anti-américain.

16/03/2010
Paul WOODWARD
War In Context

Lire aussi :
• 16/03/2010, David Petraeus’ Report, United States Senate Armed Services Committee.
• 17/03/2010, U.S. general: Israel-Palestinian conflict foments anti-U.S. sentiment, Ha’aretz.

Hommage aux Israéliens contre la colonisation


En France, les médias dominants répètent par copier-coller l’argumentation du gouvernement israélien : «Les perspectives de relance du processus de paix se sont éloignées jeudi avec la décision du président palestinien Mahmoud Abbas de ne pas renouer le dialogue avec Israël sans un gel complet de la colonisation à Jérusalem-Est et en Cisjordanie occupée.» [1]

Or, il est clair que l’annonce-aveu de la poursuite de la colonisation n’est pas une « erreur de calendrier », mais bien comme l’a déclaré Benyamin Netanyahou, la volonté de poursuivre la politique sioniste de l’État d’Israël et de continuer à «construire à Jérusalem – et dans tous les autres localités – comme il l’a fait au cours des 42 dernières années» [2].

Ni les États-Unis ni l’Europe n’ont la volonté de contraindre l’État d’Israël à respecter le droit international et les multiples résolutions de l’ONU. Les discours sur la perspective d’un État palestinien, qu’on entend depuis des années et des années, sont une farce tragique car pendant ce temps-là l’État d’Israël poursuit imperturbablement la colonisation de la Palestine.

Cela témoigne de la solidarité coloniale des puissances occidentales qui ont conclu en 2001 une Sainte-Alliance contre ce qu’elles appellent le monde arabo-musulman [3]. Elles refoulent le fait qu’elles ont conquis les Amériques, l’Afrique et l’Asie grâce à l’union « du sabre et du goupillon » (Jean Ferrat). L’imposition de la religion chrétienne aux survivants des massacres coloniaux fut et reste pour l’Occident un acte civilisationnel. Drapés dans cette bonne conscience humaniste, les colonisateurs d’hier et d’aujourd’hui réfutent la légitimité d’une quelconque résistance.

Les médias dominants au mieux dissimulent et au pire donnent raison à l’extension de la colonisation de la Palestine par l’État d’Israël car, comme ils le répètent ad nauseam, les Palestiniens sont des arabes et donc des terroristes en puissance. Ces ignorants et ces barbares ont d’ailleurs donné la majorité au Hamas en 2006 ! Mais Israël a sauvé l’Occident de la barbarie en bombardant la population civile de Gaza et en tuant 1 315 Palestiniens entre le 27 décembre 2008 et le 3 janvier 2009. C’est pourquoi les médias dominants taisent les camps de concentration de Gaza et de Cisjordanie [4].

Le peuple palestinien est bien seul. Il est non seulement abandonné par les puissances occidentales, qui soutiennent le terrorisme de l’État d’Israël [5], mais aussi par l’Autorité palestinienne, qui collabore avec les forces d’occupation, et par le Hamas, qui fait le jeu de l’État d’Israël en détournant la résistance politique au profit d’un affrontement religieux sans perspectives.

L’histoire suit son cours… L’État d’Israël ne pourra poursuivre indéfiniment le projet sioniste d’Eretz Israel. La colonisation sanglante de la Palestine prendra fin car le prix à payer, militaire, politique, économique et social, sera de plus en plus lourd. Or, un jour viendra où les États-Unis ne pourront plus l’assumer. Israël sera alors contraint, pour assurer sa survie, d’intégrer les Palestiniens dans un État bi-national et, à plus ou moins long terme, de leur assurer une égalité citoyenne.

Contrairement à ce que laissent entendre les médias dominants, il existe en Israël une opposition à la politique suicidaire des gouvernements israéliens depuis 1967 [6]. Même si l’occupation «corrompt les hommes, colonisateurs et colonisés» [7], elle crée aussi les conditions d’un renversement d’une situation que beaucoup croît pérenne (voir la chute du Mur de Berlin) et d’une approche totalement différente de l’affrontement nationaliste qui a conduit les deux peuples dans une impasse.

Il faut donc lire la presse israélienne, notamment Ha’aretz, les articles et les livres des israéliens qui luttent contre la colonisation et l’occupation (liste non exhaustive) :

• Gadi ALGAZI
• Joseph ALGAZY
• Gilad ATZMON
• Avirama GOLAM
• Uri AVNERY
• Zvi BAR’EL
• Azmi BDEIR
• Daniel BEN-SIMON
• Meron BENVENISTI
• Ronen BERELOVICH
• Avraham BURG
• Victor CYGIELMAN
• Joseph DANA
• Sharon DOLEV
• Akiva ELDAR
• Shlomi ELDAR
• Lily GALILI
• Gilad ATZMON
• Anat GUTHMANN
• Jeremiah HABER
• Ran HACOHEN
• Jeff HALPER
• Amira HASS
• Yael Oren KAHN
• Amnon KAPELIOUK
• Ygal LEVY
• Gideon LEVY
• Adam MAOR
• Anat MATAR
• Zohar MILCHGRUB
• Avi MOGRABI
• Mujammad NAFAH
• Abie NATHAN
• Adi NIEUWHOF
• Noam OHANA
• Ilan PAPPÉ
• Avia PASTERNAK
• Nurit PELED-ELHANAN
• Meron RAPOPORT
• Amnon RAZ-KRAKOZKIN
• Dimi REIDER
• Tanya REINHART
• Eytan RONEL
• Shlomo SAND
• Zeev SCHIFF
• Avi SCHLAIM
• Tom SEGEV
• Itzik SHABBAT
• Israël SHAMIR
• Ofer SITBON
• Zeev STERNELL
• Michel WARSCHAWSKI
• Sharon WEILL
• Haim WEISS
• Idith ZERTAL
• David ZONSHEIN

15/03/2010
Serge LEFORT
Citoyen du Monde

Lire aussi :
Chronique de la Colonisation de la Palestine, Monde en Question.
Dossier documentaire & Bibliographie Palestine/Israël – Résistance Palestine, Monde en Question.
Dossier documentaire & Bibliographie Palestine/Israël – Un seul État, Monde en Question.


[1] 12/03/2010, Le processus de paix embourbé dans un chantier, France Soir.
[2] 15/03/2010, Netanyahu: Israel will keep building in Jerusalem, Ha’aretz.
[3] Lire les commentaires du discours de Barack Obama :
1. Critique de l’expression monde arabo-musulman.
2. Critique de l’expression monde musulman.
3. Critique de la thèse du choc des civilisations.
4. Analyse du discours de Barack Obama.
[4] 15/03/2010, HASS Amira, IDF declares West Bank protest villages a « closed military area », Ha’aretz.
L’armée a déclaré que les villages de Bil’in et Na’alin en Cisjordanie sont une «zone militaire fermée» [c’est-à-dire un camp de concentration] jusqu’au 17 août.
[5] À l’heure où les Palestiniens sont bouclés pour les punir de ne pas accepter la construction de 50000 logements à Jérusalem-Est, Bertrand Delanoë, maire socialiste de Paris, inaugure en compagnie du président israélien Shimon Pérès une esplanade « Ben Gourion », un leader du colonialisme sioniste en Palestine qui a déclaré : «Si j’étais, moi, un leader arabe, jamais je ne signerais avec Israël. C’est normal : nous avons pris leur pays. Certes, Dieu nous l’a promis, mais en quoi cela peut-il les intéresser ? Notre Dieu n’est pas le leur.»
[6] KIMMERLING Baruch, Politicide – Les guerres d’Ariel Sharon contre les Palestiniens, Agnès Viénot, 2003.
[7] MEMMI Albert, Portrait du colonisé, Gallimard, 1985.

La réalité de l'État d'Israël


Après que Eli Yishaï, ministre de l’Intérieur, ait annoncé à Joe Biden, vice-président des États-Unis, que l’État d’Israël poursuivra la colonisation de la Palestine en construisant illégalement 50 000 logements à Jérusalem-Est, Ehud Barak, ministre de la Défense, a ordonné le bouclage total de la Cisjordanie [1].

Ce nouveau coup de force prouve que tous les partis israéliens, qui participent au gouvernement, sont d’accord sur la politique coloniale contre les Palestiniens. Ehud Barak, ministre de la Défense et membre du Parti travailliste, apporte son soutien total à Eli Yishaï, ministre de l’Intérieur et membre du parti religieux ultra-orthoxe Shass.

Depuis 1948, tous les gouvernements israéliens, de gauche, de droite et d’extrême droite, poursuivent la même politique sioniste de colonisation de la Palestine mandataire, frontières définies par l’occupant britannique, en violation du droit international et de toutes les résolutions de l’Organisation des Nations unies (ONU).

Le processus de paix est pire que la mascarade dénoncée par Gideon Levy [2], c’est l’odieuse propagande sioniste, complaisamment relayée par les médias dominants, pour imposer sa vision biblique de la Palestine : une terre – Eretz Israel – promise par YHWH au peuple élu et qui respecte ses commandements.

La réalité que nous devons affronter est que l’État d’Israël est un État terroriste qui défend une conception barbare de la propriété de la terre palestinienne, fondée uniquement sur la croyance religieuse et non sur le droit international.

La réalité que nous devons affronter est que l’État d’Israël a construit à Gaza un camp de concentration et qu’il en train de construire d’autres camps de concentration en Cisjordanie avec la complicité des États-Unis et de l’Europe.

12/03/2010
Serge LEFORT
Citoyen du Monde

Revue de presse :
Israël ordonne un bouclage total de la Cisjordanie pour 48 heures, Libération-Yahoo! Actualités.
Israël boucle la Cisjordanie pendant 48h, AP-Yahoo! Actualités.
Tension à Jérusalem, sous haute sécurité, la Cisjordanie bouclée, Reuters-Yahoo! Actualités.


[1] Ce n’est pas 1600 mais 50 000 logements illégaux que l’État d’Israël a planifié pour étendre la colonisation de Jérusalem-Est comme le révèle Ha’aretz – traduit par ISM.
[2] Gideon LEVY, Thank you, Eli Yishai, for exposing the peace process masquerade, Ha’aretz.

Colonisation israélienne



Joe Biden, vice-président des États-Unis, porte la kipa à Jérusalem

Ce n’est pas 1600 mais 50 000 logements illégaux que l’État d’Israël a planifié pour étendre la colonisation de Jérusalem-Est comme le révèle Ha’aretz – traduit par ISM. Cela prouve une fois de plus, comme le dit Gideon Levy, que le processus de paix est une mascarade [1].

Depuis sa création en 1948, l’État-voyou d’Israël méprise le droit international et poursuit implacablement la colonisation de la Palestine [2]. La fuite en avant du gouvernement israélien, qui fait le jeu de la minorité religieuse ultra-orthodoxe, rend caduque les illusions d’un futur État palestinien.

11/03/2010
Serge LEFORT
Citoyen du Monde

Revue de presse :
11/03/2010, Colonisation israélienne : une pilule difficile à avaler pour les États-Unis, AP-Yahoo! Actualités.
11/03/2010, Israël heurte les États-Unis, euro|topics.
11/03/2010, Le grand écart d’Israël, Géopolitique.
11/03/2010, Israël : le poids politique exorbitant des religieux, Slate.

Lire aussi :
Dossier documentaire & Bibliographie Palestine/Israël, Monde en Question.
Dossier documentaire & Bibliographie Palestine/Israël – Mur de l’Aparteid, Monde en Question.
Dossier documentaire & Bibliographie Palestine/Israël – Résistance Palestine, Monde en Question.
Dossier documentaire & Bibliographie Palestine/Israël – Un seul État, Monde en Question.


[1] Gideon LEVY, Thank you, Eli Yishai, for exposing the peace process masquerade, Ha’aretz.
[2] Sélection bibliographique :
• 18/02/2010, Israël méprise du droit international, Actualités du droit.
• 22/02/2010, Israël travaille au changement du droit international (1/2), Info-PalestineThe Palestine Telegraph.
• 22/02/2010, Israël travaille au changement du droit international (2/2), Info-PalestineThe Palestine Telegraph.

Gaza 2006-2009


LEVY Gideon, Gaza – Articles pour Haaretz, 2006-2009, La Fabrique, 2009 [l’HumanitéRadio Pluriel].

Un avion qui lance une roquette dans une rue noire de monde, un bébé atteint au cerveau par des éclats de missile, un avocat qui propose d’«étrangler» Gaza, un père qui identifie la moitié du corps de son fils grâce à ses chaussettes, des rues entières «mises à nu» par les bulldozers Caterpillar… semaine après semaine, jour après jour quand les événements se précipitent, Gideon Levy décrit les horreurs infligées par l’armée et l’aviation israéliennes à la population de Gaza. Et en même temps, il tend un miroir aux lecteurs de Ha’aretz : il leur montre leur «effarante indifférence», il leur explique que les dirigeants de l’opération «Plomb durci» risquent de se retrouver un jour devant un tribunal à La Haye, il leur assène que «le sang des enfants tués à Gaza est sur nos mains et non sur celles du Hamas, et nous ne pourrons jamais échapper à cette responsabilité.»

«J’aime Gaza», écrit Gideon Levy dans sa préface pour les lecteurs français. Les articles ici réunis sont à la fois un plaidoyer et un réquisitoire, et aussi une raison de se réconcilier avec le journalisme.

Écouter aussi :
Entretien avec Gideon Levy, Là-bas si j’y suis, 21/01/2010.
La guerre à Gaza, un an après.., Public Sénat, 21/01/2010.

Lire aussi :
• Gideon LEVY, Monde en Question
• Guerre de Gaza, l’HumanitéMonde en Question
Dossier documentaire & Bibliographie Palestine/Israël, Monde en Question.
Dossier documentaire & Bibliographie Palestine/Israël – Mur de l’Aparteid, Monde en Question.
Dossier documentaire & Bibliographie Palestine/Israël – Résistance Palestine, Monde en Question.

La guerre contre Gaza, un an après


Cette guerre montre le vrai visage d’Israël : racisme et haine, goût de la vengeance et soif de verser le sang

Cette guerre, peut-être plus que les précédentes, montre le vrai visage de la société israélienne. Le racisme et la haine, le goût de la vengeance et la soif de verser le sang. Les correspondants militaires soulignent à la télévision que les « inclinations des commandants » dans les «Forces de défense israéliennes» sont désormais de «tuer le maximum de personnes.» Et même si cela ne concernerait que les combattants du Hamas, ces «tendances» font froid au dos.

L’agression et la brutalité sans limite des militaires sont présentées comme des moyens d’éviter des pertes israéliennes : le rapport effrayant en matière de pertes humaines soit 100 morts palestiniens pour chaque israélien tué, ne soulève même pas de questions comme si nous avions décidé que leur sang a 100 moins de valeur que le nôtre, ce qui est la preuve de notre propre racisme.

Les gens de droite, les nationalistes, les chauvinistes et les militaristes sont les seuls à occuper les devants de la scène et ne les ennuyez pas avec les principes humanitaires et la compassion. C’est seulement à la périphérie du camp [de la guerre], qu’une protestation illégitimée, mise à l’écart et ignorée des médias, peut être entendue, une voix venant d’un petit groupe de Juifs et d’Arabes courageux.

Parallèlement à tout cela, s’élève une autre voix, peut-être la pire de toutes. C’est celles des «Juste-Hypocrites». Mon collègue, Ari Shavit, semble être leur éloquent porte-parole. Cette semaine, Shavit a écrit dans Haaretz du 7 janvier qu’«Israël doit doubler, tripler, quadrupler son aide médicale à Gaza » pour ajouter ensuite que : « l’offensive israélienne dans la bande de Gaza est justifiée … Seule une initiative humanitaire immédiate et généreuse peut prouver que, même au cours de la guerre brutale qu’on nous a imposée, nous n’oublions pas qu’il y a des êtres humains de l’autre côté.  »

Pour Shavit, qui a justifié cette guerre et qui a insisté pour qu’elle ne soit pas perdue, son prix est sans importance tout comme le fait qu’il n’existe pas de victoires dans de telles guerres injustes. Et il ose, dans le même souffle prêcher « l’humanité ».

Shavit, souhaite-t-il de nous voir tuer et de tuer encore, et ensuite de nous voir mettre en place des hôpitaux de campagne et d’envoyer des médicaments pour soigner les blessés ? Il sait que la guerre contre une population impuissante, peut-être la plus démunie du monde, qui n’a nulle part où s’enfuir, ne peut être que cruelle et ignoble. Mais des gens comme lui veulent toujours s’en sortir de façon élégante.

Nous larguons des bombes sur des immeubles résidentiels, et ensuite nous allons soigner les blessés à Ichilov, nous lançons des obus sur une population réfugiée dans des écoles des Nations Unies, et nous allons ensuite rééduquer à Beit Lewinstein les personnes que nous avons rendues handicapées. Nous tirons sur des gens et ensuite nous pleurons sur leur sort, nous tuons et ensuite nous nous lamentons, nous déchiquetons comme des «machines automatiques à tuer» des femmes et des enfants, et nous devons préserver notre dignité ensuite.

Le problème est que cela ne fonctionne pas de cette façon. Cette hypocrisie auto-justificatrice est scandaleuse. Ceux qui font des appels enflammés pour plus de violence sans égard pour les conséquences de cette violence sont au moins honnêtes.

Vous ne pouvez pas tout avoir. La seule «pureté» de cette guerre est la « purification prônée par les terroristes » qui signifie l’ensemencement de terribles tragédies. Ce qui se passe à Gaza n’est pas une catastrophe naturelle, un tremblement de terre ou une inondation, pour lesquels il serait de notre devoir de tendre une main secourable à ceux qui en sont touchés, d’envoyer des équipes de sauvetage, comme nous aimons le faire avec amour.

Tout ce qui se passe actuellement à Gaza de pourri et de catastrophique est la faute des hommes, Notre Faute. L’aide ne peut être offerte par les mains tâchées de sang de ceux que l’on veut secourir. La compassion [pour les victimes] ne peut germer à partir de la brutalité [des bourreaux].

Pourtant, il y a des gens qui veulent gagner sur les deux tableaux. D’un côté, tuer et détruire sans discernement et de l’autre montrer un bon visage et une conscience propre : aller au devant des crimes de guerre sans aucun sens de la lourde culpabilité qu’ils impliquent. Cela demande du culot. Toute personne qui justifie cette guerre justifie en même temps tous ses crimes. Toute personne qui prêche pour cette guerre et qui croit en la justesse de ses tueries, n’a aucun droit de parler de moralité et d’humanité.

Il n’existe pas quelque chose qui peut être en même temps le crime et son contraire. Cette attitude est le reflet fidèle de la base [société israélienne], dédoublement de la personnalité qui nous marque pour toujours : commettre une erreur, mais se sentir pur à nos propres yeux. Tuez, détruisez, affamez, emprisonnez, humiliez mais de grâce soyez droits et ne parlez pas de bien [humanité].

Les Justes en période de guerre ne seront pas en mesure de se permettre ce luxe.

Toute personne qui justifie cette guerre, justifie tous ses crimes.

Toute personne qui la considère comme une guerre défensive doit porter la responsabilité morale de ses conséquences. Toute personne qui encourage maintenant les politiciens et l’armée à continuer cette guerre, doit aussi à porter sur son front après la guerre la marque de Caïn.

Tous ceux qui soutiennent la guerre, soutiennent aussi l’horreur.

Gideon LEVY
Info-PalestineUJFP selon Ha’aretz

Écouter aussi : La guerre à Gaza, un an après…, Public Sénat.
Lire aussi :
• Gideon LEVY, Monde en Question
• Guerre de Gaza, l’HumanitéMonde en Question
Dossier documentaire & Bibliographie Palestine/Israël, Monde en Question.
Dossier documentaire & Bibliographie Palestine/Israël – Mur de l’Aparteid, Monde en Question.
Dossier documentaire & Bibliographie Palestine/Israël – Résistance Palestine, Monde en Question.

Hommage à Amira HASS


L’israélienne, Amira Hass reçoit le « Prix du Courage en Journalisme 2009 », JSS.

Amira Hass, née en 1956 à Jérusalem, a étudié l’histoire à Jérusalem et à Tel-Aviv. Après avoir enseigné, elle a commencé à exercer la profession de journaliste en 1989 à la rédaction de Ha’aretz. Elle est une journaliste et auteur très connue pour ses colonnes dans le quotidien Ha’aretz. Elle vit en Judée Samarie après avoir habité à Gaza et elle rapporte les événements du conflit israélo-palestinien depuis ces territoires disputés. Elle a débuté sa carrière à Ha’aretz en 1989, et a commencé à informer depuis les territoires en 1991. En 2003, elle était la seule journaliste israélienne juive à vivre parmi les Palestiniens, à Gaza depuis 1993 et à Ramallah depuis 1997. Deux ouvrages ont été tirés ses expériences successives : l’essai Boire la mer à Gaza et Correspondante à Ramallah, une compilation de ses articles depuis la Judée Samarie [traduction sioniste de la Cisjordanie], tous deux parus en France aux éditions La Fabrique.

Ses reportages tentent de rendre compte d’une manière qu’elle qualifie elle-même de non objective la vie quotidienne de la population palestinienne et est généralement critique à l’encontre de son pays. Elle ne manque toutefois de faire quelquefois des critiques envers les responsables palestiniens. Durant les années d’Intifada, elle a par exemple publié plusieurs articles sur le chaos et le désordre provoqués par les milices associées au parti Fatah de Yasser Arafat et la guerre sanglante entre factions palestiniennes à Naplouse au sujet desquelles elle ne mâche pas ses mots.. Elle a reçu différents prix de presse, dont le Prix mondial de la liberté de la presse décerné par l’UNESCO en 2003. Et ce mardi c’est la Fondation internationale des femmes dans les médias (IWMF) qui lui attribue le « Prix du Courage en Journalisme 2009 ».

Beaucoup voient, aujourd’hui, Amira Hass comme une journaliste qui a montré un engagement professionnel et une indépendance exceptionnels, ainsi qu’un véritable courage, tout au long de la décennie écoulée. Oliver Clarke, Président de Gleaner Company Limited, a déclaré que : « Ces dix dernières années, Amira Hass a fait preuve d’un courage et d’un professionnalisme exemplaires alors que son travail de recherche de la vérité lui valait d’être soumise à de fortes pressions». Le Directeur général de l’UNESCO, Koïchiro Matsuura, affirmait même en 2003, que « Si la paix s’établit entre Israéliens et Palestiniens, ce sera grâce à des personnes comme Madame Hass, qui sont capables de regarder les faits et de les comprendre, sans préjugé. ». En raison de ses reportages de faits et d’opinions contraires aux positions officielles israélienne et palestinienne, elle a réussie à avoir une sorte de notoriété unique à elle [1].

Amira HASS, Discours de remerciement pour la remise du Prix du Courage en journalisme 2009, Tlaxcala.

Speech of Amira Hass, International Women’s Media Foundation.

Interview of Amira Hass, Democracy Now !, 1/32/33/3.

Lire aussi :
• Dossier documentaire & Bibliographie Amira HASS, Monde en Question.
• Dossier documentaire & Bibliographie Palestine/Israël – Résistance Palestine, Monde en Question.


[1] Michel Warschawski, La liberté de la presse en Israël, Siné hebdo – AFPS.

 

Violences des ultra-orthodoxes


Des heurts ont éclaté entre des juifs ultra-orthodoxes et des policiers jeudi à Jérusalem, à la suite de l’arrestation d’une femme membre du mouvement hassidique, qui, selon les autorités, avait privé son enfant de nourriture.

Les forces de l’ordre ont fait usage de canons à eau et de chevaux lors de ces affrontements, signalés pour la troisième journée consécutives et illustrant les tensions croissantes entre les autorités israéliennes et la communauté ultra-orthodoxe.

Les autorités affirment que la mère a affamé son fils âgé de trois ans sur une période de plusieurs années. L’enfant est actuellement hospitalisé.

Jeudi, les protestataires ont manifesté devant l’hôpital où le petit garçon a été admis, alors que le quotidien « Yediot Ahronot » publiait une photo montrant le visage d’un enfant émacié, qui pèserait actuellement sept kilos.

Selon des informations de presse, la femme souffrirait du syndrome de Munchausen par procuration, dans lequel le patient inflige des souffrances à son enfant délibérément, pour le rendre malade. Micky Rosenfeld, porte-parole de la police, a déclaré que les enquêteurs examinaient cette possibilité.

La femme, dont l’identité n’a pas été communiquée, a affirmé que son enfant était malade et qu’elle n’était pas responsable de son état de santé, position partagée par de nombreuses personnes protestant contre son arrestation. La police dit être en possession d’images vidéo la montrant en train de débrancher le tube servant à alimenter son fils à l’hôpital.

Selon Micky Rosenfeld, 28 protestataires ont été arrêtés au cours de la nuit et un policier a été légèrement blessé. Les manifestants ont brûlé des dizaines de poubelles et jeté des détritus dans les rues de la ville.

AP-Yahoo! Actualités

Depuis le début de la semaine, Jérusalem est le théâtre d’un nouvel épisode de la petite guerre qui oppose à intervalles réguliers les forces de l’ordre aux radicaux de la communauté ultra-orthodoxe (les haredim, les « craignant Dieu »).

Cette poussée de fièvre intervient huit mois après que les ultrareligieux, qui représentent deux cinquièmes de la population juive de Jérusalem, ont perdu la municipalité au profit de Nir Barkat, le candidat laïc.

Divisés pour le scrutin, les haredim sont en train de sceller leur réconciliation dans cette démonstration de force. Ses instigateurs sont des membres d’Eda Haredit, l’une des sectes les plus antisionistes du mouvement haredi, farouchement opposée aux symboles et institutions de l’Etat d’Israël. Pour autant, leur révolte ne déplaît pas aux fractions plus modérées, comme l’atteste le fait que les députés ultra-orthodoxes de la Knesset, davantage légalistes, répugnent pour l’instant à dénoncer les violences.

« Dans les périodes de tensions, les ultra-orthodoxes fonctionnent à l’égard des laïcs comme les juifs à l’égard des gentils. Ils serrent les rangs, persuadés qu’ils sont à la fois le peuple élu et le peuple le plus haï », dit Gilad Malach, doctorant à l’université hébraïque, spécialiste des haredim. Nir Barkat, le nouveau maire devra se montrer habile pour ne pas perdre dans la rue le pouvoir décroché dans les urnes.

Le Monde

Lire aussi :
• Mother suspected of starving toddler son, Ynetnews
• Poursuite des violences à Jérusalem, Le Jerusalem Post
• Jerusalem police chief: Where are the sane rabbis?, Ynetnews
• Police slam Haredi leadership for silence in face of Jerusalem riots, Ha’aretz
• KAUFMAN Ami, Religious vs. secular / A Mideast spectacle of a different kind, Ha’aretzHalf & Half

Dérapage sémantique de Nétanyahou


Le premier ministre israélien, Benyamin Nétanyahou, a déclaré, lundi 6 juillet, au ministre des affaires étrangères allemand, Frank-Walter Steinmeier, qu’arrêter la colonisation en Cisjordanie en ferait un territoire « judenrein », le terme nazi pour « nettoyé des juifs », a raconté vendredi un proche du premier ministre. « Il n’est pas légitime de faire de la Judée-Samarie [Cisjordanie] un territoire judenrein », a déclaré M. Nétanyahou à son interlocuteur, qui s’est contenté de hocher de la tête, selon cette source.

C’est la première fois qu’un premier ministre israélien use de ce terme, qui établit un parallèle entre l’exigence d’un démantèlement des colonies de peuplement juives et l’antisémitisme génocidaire nazi. Selon le quotidien israélien Ha’aretz, M. Nétanyahou aurait encouragé ses collègues à utiliser ce terme dans leurs argumentaires sur la défense de la colonisation en Cisjordanie et la nécessité de la reconnaissance par les Palestiniens d’Israël comme un État juif.

[…]

Le Monde

Lire aussi :
Bibi en mode parano-turbo, Dedefensa.
• HAZAN Éric, LQR la propagande du quotidien, Raisons d’Agir, 2006.
• KLEMPERER Victor, LTI – La langue du IIIe Reich, Albin Michel, [1975] 1996.