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Archives de Tag: Guerre France/Algérie

Désarchiver la terreur coloniale


Bibliographie histoire

 

Les répressions coloniales de masse ont cette particularité qu’elles ont largement invisibilisé leurs victimes. Celle que la propagande française nomma « bataille d’Alger » n’échappe pas à cette règle. Les « paras » de Massu, « seigneurs de la guerre aux terrifiants caprices » (Sartre) savaient que leurs milliers de proies, simples « Français Musulmans » tout juste sortis officiellement de l’indigénat, étaient destinées à rester anonymes et à ne pouvoir être dénombrées. Pour plus de sûreté, ils détruisirent les archives documentant leurs crimes. Ils eurent l’impunité et les honneurs.

C’est pourtant à partir d’une archive de l’État colonial ayant partiellement échappé, on ne sait pourquoi, à ces destructions, que le site 1000autres.org, créé il y a 14 mois, est parvenu à rompre un tant soit peu avec un anonymat qui semblait définitif. A ce jour, 300 Algériens victimes de disparitions forcées dans la région d’Alger en 1957 ont désormais publiquement un nom, une histoire et un visage.

Lire l’intégralité de l’article : lundi matin.

Lire aussi :
Alger 1957 – des Maurice Audin par milliers – Enlevés, détenus clandestinement, torturés et parfois assassinés par l’armée française, 1000 autres.
Dossier Algérie, Monde en Question.
Dossier Colonialisme, Monde en Question.
Index Géographie-Histoire, Monde en Question.
Dossier Histoire, Monde en Question.
Veille informationnelle Livres, Monde en Question.

Louis Massignon et l’Empire colonial (Algérie, Maroc)


 

Écouter surtout la première partie car la suite est consacrée à ses textes mystiques sur l’islam.
Louis Massignon ou la quête de l’autre, France Culture

Lire aussi :
Dominique BOUREL, Louis Massignon et l’orientalisme, Bulletin du Centre de recherche français à Jérusalem, 2004.
Agathe MAYERES, Massignon face au sionisme, Bulletin du Centre de recherche français à Jérusalem, 2009.
Louis MASSIGNON, Écrits mémorables, Laffont, Bouquins, 2009 [Bulletin d’études orientales].
Pierre ROCALVE, Louis Massignon et l’islam, Presses de l’Ifpo, 2014 [Texte en ligne].

17 octobre 1961 – L’ordre français (plébiscité par Charlie)


 

Réalisateur : Jean-Jacques Beryl
Durée : 0h48
Année : 2013
Pays : France
Genre : Documentaire
Résumé : « En Algérie, nous rétablissons l’ordre, ce que nous entendons par ordre français », déclarait Michel Debré, Premier ministre, sous la présidence de Charles De Gaulle, en avril 1956. Il s’agissait, bien entendu, de l’ordre colonial au mépris de l’ordre républicain, en Algérie comme à Paris où, le 17 octobre 1961, des Algériens affluant des bidonvilles de banlieue furent massacrés par la police du préfet Maurice Papon, alors qu’ils défilaient pacifiquement pour l’indépendance de leur pays.
Le 17 octobre 2001, une plaque commémorative est apposée à Paris sur le pont Saint-Michel: « A la mémoire des nombreux Algériens tués lors de la sanglante répression de la manifestation pacifique du 17 octobre 1961 ». Un déferlement de haine raciale, cela moins de 20 ans après la rafle des Juifs, en juillet 1942. Un Algérien, victime de cette ratonnade, nous dit, en retenant ses larmes, « Je fais encore des cauchemars. »
Durant cet hommage, manifestants et contre-manifestants s’affrontent : anciens appelés du contingent, anciens membres du FLN, anciens Harkis, Pieds-Noirs, militants d’extrême gauche et d’extrême droite, Français de l’immigration algérienne, qui semblent rejouer la guerre d’Algérie. « Il faut tourner cette page, sans l’oublier, bien sûr » commente l’historien Benjamin Stora.
Le 17 octobre 2012, 51 ans après cette page tragique de l’histoire franco-algérienne, le président de la République, François Hollande, a reconnu les faits. Ce qui soulève une polémique où les blessures de la mémoire sont ré-ouvertes, une fois de plus. »
Fiche : Ardèche Images

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Voir aussi : 17 octobre 1961, un crime d’État – Rencontre autour du film de Jean-Jacques Beryl, Indigènes TV – YouTube.

Lire aussi :
Guerre France/Algérie, Ciné Monde.
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Dossier documentaire Cinéma, Monde en Question.
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Octobre à Paris (le crime que Charlie oublie)


 

Réalisateur : Jacques Panijel
Durée : 1h10
Année : 1962
Pays : France
Genre : Documentaire
Résumé : Documentaire retraçant la préparation, l’organisation et les conséquence de la manifestation parisienne du 17 octobre 1961, visant à protester contre le couvre-feu imposé aux Algériens.
En pleine guerre d’Algérie, Maurice Papon, alors préfet de police de la Seine, impose un couvre-feu discriminatoire à l’attention des « Français musulmans d’Algérie ». Cette mesure entraîne une grande manifestation dans les rues parisiennes, le 17 octobre 1961, réprimée avec une extrême violence…
Il a été fait dans la clandestinité, dans les bidonvilles de Nanterre et Gennevilliers, et dans le centre de torture de la Goutte-d’Or. Tourné quelques semaines après la marche pacifique qui s’acheva par des milliers d’arrestations et d’assassinats, le film reconstitue à chaud l’événement, donne la parole à ceux qui organisèrent le rassemblement, à ceux qui vécurent la répression sanglante ordonnée par le préfet Maurice Papon, à ceux aussi qui échappèrent à la mort après avoir été jetés à la Seine.
Jacques Panijel n’était pas cinéaste. Biologiste et chercheur au CNRS, il avait créé avec Pierre Vidal-Naquet et Laurent Schwartz le Comité Maurice Audin, du nom de ce mathématicien torturé à mort par les services français en 1957. Dans un entretien à la revue Vacarmes, à l’été 2000, Jacques Panijel (aujourd’hui décédé) racontait le projet : « J’ai tourné à partir de la fin 61 et pendant six mois dans les bidonvilles et à la Goutte d’or. Sachant ce qu’avaient été ces journées, il fallait que je les fasse revivre à l’intérieur même du bidonville (…). Le film est conçu comme une tragédie en trois actes : avant, pendant, après : l’organisation et le départ de la manifestation que nous avons pu reconstituer, la manifestation racontée par des photographies, et les témoignages filmés après la manifestation. Il fallait retrouver des hommes qui avaient échappé de justesse à la mort ; retrouver des gens qui avaient été balancés à la Seine et s’en étaient sortis. »
Fiche : IMDbMediapart

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État d’urgence pour intensifier la guerre



Principes élémentaires de propagande de guerre

 

En 1955, le gouvernement de René Coty décréta, pour la première fois en France l’état d’urgence [Loi n° 55-385 du 3 avril 1955 relatif à l’état d’urgence].
En 2015, , le gouvernement socialiste de François Hollande non seulement recourt à l’état d’urgence, mais pire encore veut le prolonger pendant trois mois.

L’état d’urgence permet aux autorités « d’interdire la circulation des personnes » et d’instituer « des zones de protection ou de sécurité » où le séjour des personnes est réglementé, selon la loi de 1955, qui a instauré cette procédure exceptionnelle au début de la guerre d’Algérie.
[…]
Plusieurs fois mis en œuvre durant la guerre d’Algérie, l’état d’urgence n’a été décrété que deux fois depuis : en 1985, en Nouvelle-Calédonie, lors des affrontements qui avaient alors touché l’archipel, et en 2005, face aux émeutes dans les banlieues, à l’initiative du gouvernement de Dominique de Villepin.
François Hollande veut modifier la loi pour que l’état d’urgence dure trois mois

Dans les deux cas, le gouvernement utilise cet artifice sécuritaire pour mobiliser la population contre le FLN en 1956 et contre les islamistes en 2015 et intensifier la guerre contre l’Algérie en 1956 et la Syrie en 2015.

Il reste à François Hollande à demander le vote des pouvoirs spéciaux, comme Guy Mollet en 1956, et à suivre les bons conseils de Laurent Wauquiez.

16/11/2015
Serge LEFORT
Citoyen du Monde

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17 octobre 1961


 

Titre : Nuit noire – 17 octobre 1961
Réalisateur : Alain Tasma
Acteurs : Clotilde Courau, Thierry Fortineau, Jean-Michel Portal, Vahina Giocante
Durée : 1h48
Année : 2004
Pays : France
Genre : Drame
Résumé : Le 17 octobre 1961, 30 000 Algériens gagnent le centre de Paris pour une manifestation pacifique, à l’appel du FLN. Dans la soirée, des milliers de personnes sont arrêtées. Dans les jours qui suivent, on repêche des cadavres dans la Seine.
Le film croise les destins de personnages qui ont, chacun, une vue partiale et partielle de la situation : Sabine, journaliste ; Nathalie, porteuse de valises ; Martin, jeune flic sans engagement politique ; Tierce, policier syndicaliste ; Tarek, ouvrier de nuit non militant ; son neveu, Abde, qui suit des cours du soir ; Ali Saïd, cadre du FLN ; Maurice, coordonnateur de la Fédération de France du FLN. A ces personnages s’ajoute une figure historique : le préfet Papon.
A partir de la juxtaposition et de la confrontation de ces points de vue, le spectateur reconstitue le puzzle des événements, épouse tour à tour les « vérités changeantes » de chacun.
Fiche : Ciné-fichesIMDbédia

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Lire aussi :
• Sociogenèse d’un crime d’état, LMSI.
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Cinémathèque, Ciné Monde.
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8 mai 1945


 

Il était une fois le 8 mai 1945 en Algérie

e matin du 8 mai 1945, à l’appel des AML (Amis du Manifeste et de la Liberté, de Ferhat Abbas) et du PPA (Parti du Peuple Algérien), plusieurs villes du Nord Constantinois s’apprêtent à célébrer la victoire des alliés et à montrer pour la première fois le drapeau algérien. A Sétif, ce 8 mai est un jour de marché hebdomadaire, et une dizaine de milliers d’Algériens se sont rassemblés dans les rues afin de déposer une gerbe au pied du monument aux morts de la ville. Les Algériens qui ont payé un lourd tribut dans la guerre contre les nazis, veulent honorer leurs morts et revendiquer leur droit à l’indépendance. Les cannes, bâtons, couteaux, et toute forme d’arme sont bannis du cortège mené par les scouts musulmans algériens et des écoliers pour bien marquer l’aspect pacifique de cette marche. Les scouts précèdent les porteurs des drapeaux alliés. Parmi ceux-ci, le scout Aïssa Cheraga porte fièrement le drapeau algérien. Des banderoles clament « Algérie libre », « A bas le colonialisme », « Nous sommes vos égaux ». Les Algériens marchent en chantant Min Djibalina (De nos montagnes), réclamant eux aussi la libération de leur pays. Le préfet du département de Constantine, Lestrade-Carbonnel, avait donné la veille aux autorités locales l’ordre de tirer sur ceux qui arboreraient le drapeau algérien.

Lire la suite… Le Grand Soir

 

L’effacement de l’histoire

Le 70° anniversaire de la victoire sur le nazisme, le 9 mai à Moscou, a été boycotté sur la pression de Washington par tous les gouvernants de l’UE, sauf le président grec, et mis sous le boisseau par les médias occidentaux, dans une tentative grotesque d’effacer l’Histoire. Non sans résultats : en Allemagne, France et Grande-Bretagne il s’avère que 87% des jeunes ignorent le rôle de l’URSS dans la libération de l’Europe du nazisme. Rôle qui fut déterminant pour la victoire de la coalition antinazie. Après l’attaque de l’URSS le 22 juin 1941 par 5,5 millions de soldats, 3500 chars et 5000 avions, l’Allemagne nazie concentra en territoire soviétique 201 divisions, c’est-à-dire 75% de toutes ses troupes, auxquelles s’ajoutaient 37 divisions de ses satellites (parmi lesquels l’Italie). L’URSS demanda sans relâche aux alliés d’ouvrir un second front en Europe, mais les Etats-Unis et la Grande-Bretagne le retardèrent, aux fins de décharger la puissance nazie sur l’URSS pour l’affaiblir et avoir ainsi une position dominante au terme de la guerre. Le second front fut ouvert avec le débarquement anglo-étasunien en Normandie en juin 1944, quand désormais l’Armée rouge et les partisans soviétiques avaient défait les troupes allemandes en assénant le coup décisif à l’Allemagne nazie.

Lire la suite… Le Grand Soir

Lire aussi :
• « L’autre 8 mai 1945 » – Massacres de Sétif et Guelma, Survie.
• Articles Algérie, Survie.
• 9 mai 2015 : Moscou capitale du monde libre, Sputnik.
• Articles 70e anniversaire de la Victoire, Sputnik.
Dossier documentaire Algérie, Monde en Question.
Dossier documentaire Russie, Monde en Question.

Revue de presse Culture 14/08/2011


14/08/2011, Hélène , Je l’entends comme je l’aime

Écrivain, dramaturge, philosophe, femme avant tout [sans commentaire], Hélène Cixous est à part. Elle écrit sans relâche – une cinquantaine de livres depuis les années 60 -, et l’on ne saurait la situer dans un paysage littéraire. Hélène Cixous est unique, l’auteur d’une œuvre incomparable, lue, admirée et commentée par des lecteurs et lectrices du monde entier. Dans les colloques internationaux qui lui sont consacrés, la musique n’est pas toujours au centre des discussions, et pourtant elle tient une large place dans sa vie, dans sa généalogie. Elle est déjà au cœur des langues d’Hélène Cixous, l’allemand, l’arabe, l’anglais, et les langages de ses familles héritées et de ses familles choisies. La musique est aussi la compagne des scènes de théâtre où elle compose des pièces spectaculaires avec Ariane Mnouchkine et le compositeur Jean-Jacques Lemêtre. Le timbre d’Hélène Cixous recèle une multiplicité de voix.

14/08/2011, La guerre d’Algérie, vingt cinq ans après : le 13 mai à Alger, Fabrique de sens

14/08/2011, 1932 – Los excluidos combaten por la libertad Libro de José Daniel HIDALGO GAMARRA, Red Voltaire

Daniel Hidalgo como estudioso de temas sociales, ha comprendido que la marcha histórica tiene una honda relacion entre individuo anónimo con los grandes motivadores. En este proceso dialéctico, después de la heroica revolución de julio de 1932, viene tejiéndose en el Perú una nueva realidad social.

14/08/2011, Como hace 2.400 años, El País

A propósito del artículo de opinión de Mario Vargas Llosa -publicado en El País el 31 de julio- sobre los efectos de Internet en nuestro cerebro, me dejó un poco perpleja el hecho de que hace más de 2.400 años los pensadores griegos clásicos, y concretamente Platón, hubieran advertido de peligros semejantes, en este caso referidos a la invención de la escritura.

13/08/2011, Les nouvelles fractures du peuple, Les Rencontres de Pétrarque

Le génie du peuple, tel que l’imaginait Victor Hugo, impliquait une fusion des volontés toutes tendues vers un but commun. Mais ce qui était possible lors des révolutions, s’est souvent fracassé dans le quotidien du politique. Les classes sociales sont venues perturber cette belle unité. Aujourd’hui de nombreuses voix critiques se font entendre pour diviser autrement la société. Ce qui briserait l’unité du peuple ne serait plus la classe mais la race, fruit d’un long siècle de colonisation et d’immigration.
Le peuple et la race sont des constructions imaginaires, mais utiles pour nous détourner de la lutte des classes.

12/08/2011, Iran, le compte à rebours, Revue Outre-Terre n° 28

12/08/2011, Une autre approche de la globalisation : socio-histoire des organisations internationales (1900-1940), Critique internationale n°52

Riche d’enseignements, ce dossier montre in fine comment certaines organisations internationales clés d’aujourd’hui se sont constituées sur le temps long, et permet de mieux comprendre des modes de fonctionnement et des habitus que Franck Petiteville et Olivier Nay analyseront, dans le prochain numéro, avec leurs regards d’internationaliste et de politiste.

12/08/2011, L’imaginaire des nombres chez les anciens Mexicains, Intelligence Arithmétique Maya

Ce livre est une somme d’informations pour qui cherche à saisir L’imaginaire des nombres chez les anciens Mexicains. La préface de Philippe Portier vante l’ouvrage qui dépasse les débats récents sur l’avenir de l’anthropologie présentée comme tiraillée entre la tentation de l’universalisme axiologique et la thèse que « les savants du Nord sont incapables d’entrer dans les arcanes des sociétés dont ils ne sont pas originaires ».

11/08/2011, L’objet de Cuba – La pierre taina par Zoé Valdès, Les Objets

11/08/2011, Revue des revues, Monde en Question

Lire aussi :
Revue de presse Culture 2011, Monde en Question.
Dossier documentaire Algérie, Monde en Question.

FrançAlgérie


L’indépendance n’a pas permis à l’Algérie de sortir de la violence. Loin s’en faut. Le pouvoir n’a pas été rendu au peuple, mais a été accaparé par un groupe, initialement choisi par la France pour protéger ses intérêts. Pour se maintenir, ce groupe n’a pas hésité à manipuler des islamistes et à plonger le pays dans un nouveau cycle de violence. Dans un ouvrage documenté, La colonie française en Algérie. 200 ans d’inavouable, Lounis Aggoun dénonce un système élaboré par des Algériens avec le soutien de la France, puis des États-Unis, au détriment de tout un peuple.

AGGOUN Lounis, La colonie française en Algérie – 200 ans d’inavouable, Demi Lune, 2010 [Silvia Cattori]

Lire aussi :
• AGGOUN Lounis et RIVOIRE Jean-Baptiste, La Françalgérie, crimes et mensonges d’État – Histoire secrète, de la guerre d’indépendance à la «troisième guerre» d’Algérie, La Découverte, 2004 [Algeria-WatchTerre Politique]
La violence qui a ravagé l’Algérie à partir de 1992 nous a été présentée comme une guerre d’intégristes islamistes contre des militaires se battant pour sauver la démocratie. Quant à la France, elle se serait contentée d’une bienveillante «neutralité». Comme le montrent, preuves à l’appui, les auteurs de ce livre explosif, ce scénario est en fait une vaste construction médiatique. En s’appuyant sur six ans d’enquête, en Europe et Algérie, des dizaines de témoignages et des centaines de sources, ils expliquent comment, dès 1980, un petit groupe de généraux algériens a conquis progressivement le pouvoir, tout en développant les réseaux de corruption de la «Françalgérie». Ces hommes ont ensuite instrumentalisé l’islamisme radical, avant de lancer une terrible «troisième guerre d’Algérie», en multipliant les opérations «attribuées aux islamistes» : assassinat du président Boudiaf, meurtres d’intellectuels, massacres de civils et de militaires… Pour faire pression sur la France, leurs services secrets ont organisé de spectaculaires et meurtrières actions de «guerre psychologique» contre des citoyens français, en Algérie comme dans l’Hexagone. Pour la première fois, ce livre démonte les rouages de l’extraordinaire machine de mort et de désinformation conçue par les généraux algériens, et les complicités dont ils ont bénéficié en France, pour cacher à l’opinion publique occidentale le seul but de la guerre qu’ils mènent contre leur propre peuple : se maintenir au pouvoir à tout prix, pour conserver les milliards de dollars de la «corruption pétrolière».
• STORA Benjamin et QUEMENEUR Tramor, Algérie 1954-1962 – Lettres, carnets et récits des Français et des Algériens dans la guerre, France Info Les Arènes, 2010 [Le Midi Libre]
Rassemble toutes les mémoires de ce combat fratricide : pieds-noirs, appelés, nationalistes du FLN et du MNA, partisans de l’Algérie française, opposants à la guerre, harkis.
Collés dans la page ou glissés dans des enveloppes, ces documents historiques, reproduits à l’identique sont à déplier et à découvrir : la carte de l’Algérie en 1954, l’album d’un pied-noir d’Oran, un exemplaire du journal clandestin du FLN, le manuscrit original du discours du Général de Gaulle « Je vous ai compris », un manuscrit inédit de Jules Roy sur la Kabylie, la lettre d’un déserteur à ses parents, des tracts anti-FLN de l’armée française, une lettre d’Albert Camus, une note de service à l’occasion d’un essai atomique dans le Sahara, la dernière lettre d’un soldat prisonnier de l’ALN avant d’être exécuté, la « une » de Libération le jour du cessez-le-feu…
Dossier documentaire & Bibliographie Algérie, Monde en Question.
Dossier documentaire & Bibliographie Colonialisme, Monde en Question.

Racisme colonial en France


Madjid Ben Chikh offre un angle de lecture de l’islamophobie hexagonale à partir de l’histoire de la colonisation de l’Algérie. Cet essai est historique, plonge dans les sources de l’influence française sur l’identité des Algériens et présente un point de vue intime aussi, face à un passé colonialiste toujours mis sous silence dans la France d’aujourd’hui. C’est une fresque passionante et triste.

L’actualité est dominée depuis des années par un retour récurent du refoulé colonial prenant la forme d’une simplification dite laïque et républicaine qui, désormais, peine à cacher son caractère anti-musulman. De l’autre côté, nous voyons se développer un discours d’acceptation inconditionnel de tout ce qui est Arabe, en France et ailleurs. Pour être franc, je sors l’artillerie lourde à chaque fois que je lis ou écoute ce genre de prises de positions qui sont finalement, l’une comme l’autre, les deux face d’une même reconstruction d’un groupe, niant l’une et l’autre, l’histoire, les spécificités des parcours, et surtout la très grande variété des opinions au sein de ce groupe.
[…]
La guerre d’indépendance du peuple Algérien, présentée de nos jours comme une décolonisation douloureuse, fut en réalité une guerre meurtrière et, neuf ans après Điện Biên Phủ, elle fut une nouvelle humiliation pour l’armée française. Elle fournit la base du discours de l’extrême-droite française depuis les années 60, privée qu’elle est depuis la Libération de son traditionnel discours anti-Juifs. Le mythe de « l’Arabe » est ainsi né avec la guerre en Algérie et les actualités contrôlées par l’Etat : égorgeur, lâche, qui vous « coupe les couilles et vous les fait bouffer », sales et ignorant la civilisation. Auparavant, les « indigènes Musulmans », comme les appelait la République Française, étaient tout simplement inexistants publiquement et politiquement. Celle dont on vante à n’en plus finir aujourd’hui les principes laïcs et universels les avaient privés de la citoyenneté, et n’avait généralement pas daigné les scolariser.

Ni barbus, ni violeurs : Français, musulmans d’origine algérienne (1), Minorités

Les Algériens, à qui on niait le droit d’être Algériens, alternativement terroristes, musulmans, arabes, étaient opposés à des populations locales dépeintes alternativement folkoriquement traditionnelles (femmes voilées, you you à l’arrivée de l’armée), ou intégrées, menacées par de dangereux criminels musulmans manipulés par Moscou et Nasser. La France, mère Patrie civilisatrice, République Laïque et Universelle, terre des droits de l’homme et du citoyen, répandait ses bienfaits et ses vertus émancipatrices, la liberté, les lumières en ces terres arriérées d’où toute Culture était absente, avec le grand C si cher à Alain Finkelkraut.
Et peu importait s’il n’y avait pas d’écoles. Et peu importait si la population ne pouvait pas voter et se voyait refuser l’accès à l’Universel, à la laïcité, aux droits de l’homme et à la citoyenneté. Et peu importait si lors de l’épidémie de typhus en Kabylie, en 1941, les médecins ne prirent pas la peine de se déplacer dans les villages. Et peu importait si les populations des colonies avaient pris part à l’effort de guerre… La République Française, Laïque et Universelle, était généreuse avec ses enfants à qui elle apportait la civilisation qui leur faisait tant défaut, il fallait juste laisser le temps aux populations indigènes de s’adapter, et donc les rebelles devaient être arrêtés et punis.
[…]
En 1961, alors qu’en cachette De Gaulle négociait, son premier ministre Michel Debré avait les mains libres pour imposer le couvre-feu aux Français Musulmans : encore un bel exemple de laïcité. La Fédération de France du FLN décida d’une marche pacifiste, le 17 octobre, afin de dénoncer les mesures discriminatoires qui frappaient les Algériens, ainsi que les disparitions qui se multipliaient depuis l’été. Le nouveau préfet de Police, Maurice Papon, qui était responsable de la mort de 200.000 à 400.000 Algériens au cours de la campagne de « pacification » (les chiffres sont incertains, et on découvre encore de nos jours des charniers), fit preuve du même zèle Républicain qu’en Algérie. Sous les caméras de la télévision Belge, de la télévision Américaine et de la BBC, mais en absence de la RTF, 400 Algériens furent assassinés à coup d’armes à feu ou lynchés jusqu’à ce que mort s’ensuive, des milliers furent frappés et blessés, souvent au visage, et emmenés au Vel d’Hiv.

Ni barbus, ni violeurs : Français, musulmans d’origine algérienne (2), Minorités

On avait presque oublié le coup de force d’un maire communiste qui avait envoyé un bulldozer contre un foyer Sonacotra en arguant que sa ville en avait suffisamment comme ça. L’agression d’un groupe de jeunes à Bondy, dont un se fit lacérer le dos à coups de lames de rasoirs (une inscription SS), par le Parti des Forces Nouvelles, passa inaperçue bien qu’elle laissa une trace profonde dans toute la Seine-Saint-Denis. L’attentat de la rue Copernic, enfin, avait focalisé l’attention sur le danger néo-nazi.
[…]
En Algérie, dans la deuxième moitié des années 80, la jeunesse n’en pouvait plus. À Oran, de plus en plus de jeunes écoutaient du rai, cette ancienne musique des cafés qui raconte l’alcool et l’ennui ou le désir sexuel, et qui connaissait une deuxième jeunesse depuis que des jeunes chanteurs et chanteuses l’avaient électrisé et l’avaient fait sortir de ses cafés. À Alger, le chômage était à son paroxysme et les jeunes passaient leur temps à s’ennuyer dans la rue, adossés aux murs. Le président désirait faire une évolution à l’arabe, un pouvoir ultra-conservateur arabo-islamique (une loi votée en 1985, dite du code de la famille, faisait de la femme une mineure politique privée de droits) et pro-américain.
[…]
En France, à la même époque, c’était un nouveau climat et de nouvelles idées qui s’installaient. Après avoir été tentée un temps par l’approche multi-culturelle (« la France, ça marche au mélange », slogan de la Marche des Beurs, une manifestation partie de Villeurbanne réclamant l’égalité réelle, la visibilité des enfants de la deuxième génération) et parlé de droits à la différence, la gauche fut prise d’assaut par un tir groupé mené par l’extrême-droite ainsi que par la droite qui voyait dans SOS Racisme un germe de « division nationale », et par certains intellectuels. C’est que depuis 1982, la droite avait décidé d’attaquer la gauche sur l’immigration et l’insécurité, concluant des alliances électorales avec le FN, claires (Dreux), tacites (Aulnay-sous-Bois), ou plus souterraines comme dans Magazine-Hebdo, dirigé par Jean-Jacques Aillagon, le MIL, l’UNI, le CNI et Radio-Courtoisie. Le point d’orgue de leur union fut la grande marche pour l’école privée qui rassembla deux millions de personnes.
[…]
L’affaire du foulard, la première, ce fut vers 1989. Cette première affaire fut d’abord l’occasion d’imposer un autre vocabulaire et une autre perception de l’étranger. Jusqu’en 1986, on disait que la France devait assimiler ses étrangers. L’assimilation transforme généralement celui qui assimile, en fait, l’assimilation est une relation à deux sens. On choisit donc désormais le terme plus ambigu d’intégration, suggérant une obligation pour les étrangers de s’intégrer. Désormais, tout le poids de l’effort devait porter sur l’étranger: ces jeunes filles DEVAIENT retirer leur foulard. Ne pas le retirer était considéré comme un retrait, de fait, de la communauté nationale. Au nom du même universalisme et des mêmes valeurs qui avaient fait de la France un apartheid en Algérie.

Ni barbus, ni violeurs : Français, musulmans d’origine algérienne (3), Minorités

On lie pourtant désormais couramment délinquance des quartiers pauvres, la violence aux origines de leurs habitants et à l’islam. On reproduit de nouveau en toute liberté, sans être contredit, le discours colonial de jeunes musulmans, manipulés par les groupes étrangers, et étrangers à la civilisation. Ces jeunes ne sont pas vraiment des Français, ils sont les agents avancés de la cinquième colonne islamiste qui a décidé d’abattre la République Française en voilant ses filles. Et qu’importe si 99% des musulmanes de France ne se voilent pas. Ce qui compte, c’est l’idée que l’on se fait des Musulmans. Des Arabes. Tout le monde parle du « problème de l’intégration » des jeunes Musulmans, du « voile » et de « la burqa », de ces quartiers « où règne l’Omerta », du « problème difficile de l’islam en France ».
[…]
SOS Racisme était une association d’apparence multiculturelle mais, pilotée par le politique, elle imposait sa vision du multiculturalisme, essentiellement du marketing. Un multiculturalisme propret, une France brune et parfumée à l’huile d’olive, avec des filles calibrées pour les magazines de mode (Kookai). Pire, elle a durablement déstructuré un tissu associatif naissant, celui de l’organisation de la parole des enfants de l’immigration par les enfants de l’immigration eux-mêmes.
[…]
Avec la récupération SOS Racisme, cela fut ressenti comme une marque de mépris. Tout discours sur la déshérence de quartiers entiers a quasiment disparu au profit d’une sorte de conformisme de classe moyenne où les pauvres, donc les étrangers, n’ont pas leur place. Pire, le verrouillage du discours par le conservatisme républicain a transformé toute revendication de promotion des jeunes qui ont réussi en communautarisme contraire aux principes républicains.
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Mais comment la gauche manque-t-elle incroyablement du courage de reposer les fondamentaux de ce que pourrait être sa politique en se positionnant sur le terrain de l’adversaire ? Pourquoi fabrique-t-elle finalement elle aussi une « France éternelle » dont les principes seraient posés une fois pour toutes, quand le contrat républicain, au sens où la révolution française le définit, fait de la France un pays en devenir et non un territoire, figé par une race, une ethnie, une religion, le lien du sang, et encore moins une histoire monolithique qui ne tiendrait pas compte des apports de populations nouvelles, venues avec leur histoire, leurs pratiques. En s’arc-boutant sur une laïcité, un universalisme et des principes républicains dont l’histoire coloniale et le calendrier de nos fêtes nationales nous démontrent chaque jour à quel point ils ne sont que des leurres et des mensonges, la gauche est aujourd’hui le principal agent de propagande anti-musulmane, car ses discours sont les leurres destinés à cacher une incapacité fondamentale à apporter des réponses à la détresse d’un pays frappé par un chômage réel de plus de 4 millions de personnes, une baisse du niveau de vie réel et une très nette dégradation des conditions de travail.
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Je suis pessimiste enfin, et certainement surtout, car contrairement aux mouvements des femmes et aux mouvements homosexuels, les jeunes de la deuxième génération n’ont pas pu, pour les raisons que j’ai expliquer plus haut, créer le tissus associatif qui aurait permis de peser et faire avancer l’égalité réelle. SOS racisme a fait prendre dix précieuses années à ce milieu associatif, juste le temps nécessaire pour que l’extrème-droite, c’est à dire la vieille droite, revienne du coup de massue que les défaites de Pétain, de Dien Bien Fu, d’Algérie et de mai 68 leur avaient infligées. 10 ans, juste le temps d’utiliser la machine médiatique pour que chaque fait divers ou soubresaut en Algérie devienne l’occasion de mettre le projecteur sur l’échec de l’intégration et l’insécurité, puis la menace des sans papiers et enfin, le péril vert.

Ni barbus, ni violeurs : Français, musulmans d’origine algérienne (4), Minorités

Nous sommes comme les Français car nous sommes Français. L’histoire de nos parents est différente, mais ceux qui ont un réel problème d’identité sont les Français, qui ignorent ou feignent d’ignorer que notre histoire est aussi la leur, comme j’ai tenté de vous le montrer. Notre région est au-delà des mers, on n’y parle des langues qui ne sont pas des langues latines, mais il n’empêche que ce sont nos ancêtres qui vous ont appris Aristote, l’Algèbre, la Chimie, Platon, la médecine moderne, le compas et l’irrigation que Rome ne vous avait pas transmis. Nous avons même été Chrétiens avant vous, et nous n’avons jamais mis de Juifs dans des fours : nous les invitions à venir chanter dans nos fêtes.
Nous sommes Français, mais notre histoire nous dicte des comportements différents. Nous sommes clivés mais nous sommes consensuels. Pour beaucoup, nous n’aimons pas ces filles voilées dont l’actualité se repaît. Mais si nous avions la charge de ces questions, si nous avions le tissu associatif puissant, reconnu en tant qu’interlocuteur, nous saurions gérer cette question car les familles nous feraient bien plus confiance qu’à ces hordes de journalistes et de politiques.
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Nous sommes Français et nous nous sentons limités dans la parole dans l’espace public, qui nous renvoit à nos origines. Quoi qu’on dise, c’est comme si c’était décidé d’avance. Alors, pour la plupart, les enfants de la seconde génération évitent la politique, et même l’associatif. Juste histoire d’éviter que ça leur retombe dessus.

Ni barbus, ni violeurs : Français, musulmans d’origine algérienne (5), Minorités

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