Monde en Question

Analyse de l'actualité économique, politique et sociale dans le monde

Archives de Tag: L’im-Monde

L’im-Monde croit au complot



L’im-Monde fait la pub de Wikileaks

 

Depuis 2001, l’im-Monde défend avec acharnement la version officielle des attentats du 11 septembre et dénigre tous ceux qui ont des doutes en prétendant qu’ils alimenteraient les théories du complot.

Aujourd’hui, l’im-Monde part en croisade contre l’alliance supposée entre Donald Trump et Vladimir Poutine qui serait un complot contre la démocratie américaine.

Vendredi, le Washington Post a fait état d’un nouveau rapport confidentiel très politique émanant de la CIA. Le document ne s’inscrit pas seulement dans la ligne de la mise en cause de la Russie avancée publiquement le 7 octobre, que Moscou a toujours nié. Il avance également que l’objectif de ces piratages était très précisément de peser sur l’issue du vote et non, comme cela était esquissé il y a un mois, d’alimenter les interrogations sur la solidité du système électoral américain.

Le bilan des piratages évoqué par le Washington Post aurait été présenté aux responsables du Congrès chargés du renseignement il y a plus d’une semaine. « Il y a un consensus au sein de la communauté du renseignement pour estimer que l’objectif était de favoriser un candidat aux dépens d’un autre », assure une source anonyme au quotidien.

Les démocrates espèrent que ses conclusions étayent leurs accusations dirigées contre Moscou. Auquel cas, elles deviendraient un élément utile pour contrecarrer un éventuel rapprochement entre M. Trump et de M. Poutine. Il est difficile en l’état d’évaluer l’impact qu’a pu avoir sur la course présidentielle la divulgation de documents privés assurée par WikiLeaks.

16/12/2016
Serge LEFORT
Citoyen du Monde

Lire aussi :
La Maison Blanche demande une enquête sur le rôle de la Russie dans la présidentielle américaine, Le Monde, 09/12/2016.
Dossier documentaire 11 septembre 2001, Monde en Question.
Dossier documentaire Propagande, Monde en Question.

Le peuple silencieux et absent !


 

Cette image et le titre qui l’accompagne en dit long sur le peuple chéri par les médias dominants : un peuple silencieux et absent !

16/01/2016
Serge LEFORT
Citoyen du Monde

Libye – Revue de presse internationale (4)


Vidéo RIA Novosti, 25/03/2011.

Dans la nuit du 24 mars, les forces de la coalition occidentale ont effectué des frappes sur plusieurs régions de Libye. Selon les médias libyens, ces raids ont touché « des sites civils et militaires ».

Le Monde, 25/03/2011.

Nasser Idriss et Youssef Queri ne pensaient pas, en partant en patrouille clandestine vers les lignes libyennes, faire une telle découverte. Leur objectif était de récupérer des corps de combattants rebelles tués par les bombardements de la veille sur la route d’Ajdabiya.

L’im-Monde ne précise pas que les bombardements d’Ajdabiya furent commis par les avions de chasse britanniques et français.
L’im-Monde nous un fait un récit basé sur l’émotion qui ressemble étrangement aux charniers de Timişoara. Il repose sur le témoignage de deux témoins qui, d’après l’im-Monde, confirmerait les histoires qui circulent parmi « les insurgés ».

Libye : Washington se hâte de transférer le commandement de l’opération à l’Otan, RIA Novosti, 25/03/2011.

Les États-Unis s’empressent de transférer à l’Otan le commandement de l’opération militaire en Libye, a confié vendredi à RIA Novosti une source diplomatique européenne à Bruxelles.
« Les États-Unis veulent se retirer le plus vite possible de l’opération menée conjointement avec la France et la Grande-Bretagne et en transférer le commandement à l’Otan », a déclaré l’interlocuteur de l’agence.

Libye : l’Otan prendra les commandes dimanche ou lundi, RIA Novosti, 25/03/2011.

L’Otan prendra le commandement de l’opération militaire en Libye dimanche ou lundi, rapporte vendredi la chaîne de télévision italienne Sky TG24, se référant au ministre italien des Affaires étrangères Franco Frattini.

Libye : opération terrestre de l’Otan en gestation (source russe), RIA Novosti, 25/03/2011.

L’Otan élabore activement un plan d’opération terrestre sur le territoire de la Libye, qui pourrait débuter fin avril, a appris vendredi RIA Novosti de source haut placée au sein du Renseignement russe.

« Les informations provenant de différentes sources indiquent que l’Otan est en train d’élaborer, avec la participation active de la Grande-Bretagne et des États-Unis, un plan d’opération terrestre en Libye. Tout indique qu’une opération au sol commencera si l’Alliance n’arrive pas grâce aux frappes aériennes à faire capituler le régime Kadhafi », a dit l’interlocuteur de l’agence.

Denis Robert a gagné contre Clearstream


Denis Robert a définitivement gagné [contre Clearstream et contre certains médias dont Le Monde et Charlie Hebdo]. La Cour de cassation a annulé les trois condamnations prononcées par la cour d’appel de Paris pour diffamation à l’encontre de Denis Robert, le 16 octobre 2008. Fait intéressant, la même Cour de cassation a estimé « que la liberté journalistique comprend, lorsque est en cause un débat public d’intérêt général, le recours possible à une certaine dose d’exagération, voire de provocation dans le débat. » La victoire de Denis Robert, ou comment le journalisme redevient un contre-pouvoir.

Entretien avec Denis Robert, Là-bas si j’y suis, 2011.

Lire aussi :
Denis Robert, les affaires continuent (1ère diffusion le 11/04/2006), France Culture.
• Clearstream : Denis Robert remporte tous ses procès en cassation contre Clearstream, Arrêt sur images, 06/02/2011.
• Denis Robert bat Clearstream : la fin d’une « vraie censure », Rue89, 08/02/2011.
• Denis ROBERT, « Dix ans et toutes mes dents », Acrimed, 10/02/2011.
• Mediapart et Denis Robert : la reconnaissance d’une erreur ?, Mediapart, 10/02/2011.
• Denis Robert blanchi dans l’affaire Clearstream : « J’attendais ça depuis dix ans », Les Inrocks, 16/02/2011.
• Denis Robert : «Ce qu’ils ont fait est trop… dégueulasse», BibliObs, 17/02/2011.
• Et à la fin, c’est Denis Robert qui gagne, Politis, 18/02/2011.
• Dossier affaire Clearstream, Le Figaro.
Dossier documentaire Médias, Monde en Question.
Dossier documentaire Propagande, Monde en Question.

La fin du Monde – sans commentaire


Eric Fottorino révoqué de la présidence du directoire du groupe Le Monde

Lors d’un conseil de surveillance du groupe Le Monde, qui s’est tenu mercredi 15 décembre à Paris, Eric Fottorino a été révoqué de ses fonctions de président du directoire du groupe Le Monde. Voici le communiqué du groupe Le Monde :
« Le conseil de surveillance du Monde SA et de la SEM [Société éditrice du Monde] se sont réunis ce jour et ont élu à l’unanimité Pierre Bergé à sa présidence et Gilles Van Kote (président de la Société des rédacteurs du Monde [SRM]) en tant que vice-président.

A cette occasion, le conseil de surveillance a tenu à remercier Louis Schweitzer, démissionnaire, pour l’action déterminante qu’il a menée au cours des dernières années.

Prenant acte de divergences de vues entre le directoire et les actionnaires, et compte tenu de la démission du directeur général David Guiraud, le conseil a nommé Louis Dreyfus président du directoire du groupe. Eric Fottorino reste provisoirement membre du directoire et directeur du quotidien. Conformément aux engagements pris, les fonctions managériales et éditoriales sont désormais dissociées.

Une nouvelle direction du quotidien sera proposée dans les premières semaines de 2011 à l’issue d’un processus mis en place en concertation avec la SRM.

Le conseil de surveillance a également examiné le budget 2011 qui doit marquer une étape cruciale pour le groupe et le retour à son équilibre d’exploitation dès l’année prochaine. Il a enfin discuté des priorités stratégiques et des axes de développement qui seront présentés pour approbation lors des prochains conseils de surveillance. »

Dans un autre communiqué, le conseil de gérance de la SRM a déclaré « prendre acte des décisions entérinées par le conseil de surveillance et de la révocation d’Eric Fottorino ». La SRM note que « ces derniers points ne figuraient pas à l’ordre du jour du conseil de surveillance » et souligne qu’elle n’a donc pu, « comme les autres sociétés de personnels actionnaires », prendre part à ces votes.

« La SRM demande que de telles procédures ne soient plus appliquées à l’avenir et dans ces conditions. La SRM entend jouer tout son rôle d’actionnaire dans la vie du groupe et en particulier dans l’exercice de ses droits spécifiques sur la nomination du directeur du journal », poursuit le communiqué.

« Par ailleurs, alors que les personnels ont été choqués, ces dernières semaines, par certaines pratiques et certaines déclarations des actionnaires majoritaires ou de leurs représentants, la SRM sera vigilante quant à la promesse faite ce jour par Pierre Bergé, en son nom et en celui de ses associés Xavier Niel et Matthieu Pigasse, et par Louis Dreyfus de respecter les engagements pris et d’agir dans le dialogue et la concertation. »

Le Monde

Eric Fottorino démis de ses fonctions de président du Directoire du Monde

Pierre Bergé a été élu à la présidence du Conseil de surveillance du groupe Le Monde, tandis que Louis Dreyfus assurera la présidence du directoire après la révocation d’Eric Fottorino de ce poste, a annoncé mercredi 15 décembre la direction du groupe.

Pierre Bergé [entrepreneur en confection de luxe], Xavier Niel (président-fondateur de Free) et le banquier d’affaires Matthieu Pigasse sont devenus les actionnaires majoritaires du groupe en novembre dernier.

NouvelObs

Cantona joue Robin des bois


Que les médias dominants fassent la publicité de l’appel de Cantonna à retirer son argent des banques c’est normal car ils ont compris, eux, tout l’intérêt qu’ils pouvaient tirer des idées de Cantona. Ainsi, L’im-Monde prêche la lutte des classes en Chine et juge intolérable les grèves en France [1] et tout le monde de s’esbaudir devant ce double courage du quotidien qui se prétend de référence.

Que les blogs relaient benoîtement ce qu’on appelle un buzz, c’est-à-dire faire parler de soi en colportant les conneries des autres, c’est normal à l’ère des réseaux dit sociaux par abus de langage – ce dont tout le monde se moque. Il serait fastidieux de citer tous les blogs, voici un florilège de quelques auteurs qui se disent à gauche (par ordre alphabétique pour ne pas faire de jaloux) :
• E. Cantona et les banques, Jef hébergé par Le Monde, 08/12/2010.
• CE SOIR (OU JAMAIS !), Paul Jorion, 03/12/2010.
• Ne pas détruire les banques : les saisir !, Frédéric Lordon hébergé par Le Monde diplomatique, 02/12/2010.
• Cantona : tester la trouille des banquiers, Jean Vinatier, 03/12/2010.

Que des organisations qui se disent à gauche de la gauche et qu’on aurait pu croire moins sensibles au battage médiatique, mais qui, comme pour le buzz orchestré autour de Wikileaks par cinq médias mondiaux, véhiculent les mêmes platitudes démagogiques ça pose question sur le consensus dominant qui s’apparente à la soumission librement consentie [2].

Pour Arlette Laguiller, employée de banque à la retraite, les choses sont comme d’habitude très simples :

La proposition d’Éric Cantona, invitant tous ceux qui disposent d’un compte en banque à retirer le même jour les fonds qui y sont déposés, a provoqué des réactions diverses, venant tout d’abord de ceux qui soutiennent le système bancaire – et pas seulement en paroles.
Ainsi, avec la morgue qu’on lui connaît, Christine Lagarde a tancé le footballeur, l’invitant à ne pas se mêler de ce qu’il ne connaît pas.
Sauf que, justement, l’activité des banques en général, et tout particulièrement dans la période récente, concerne toute la population, et au premier chef la population laborieuse. C’est pourquoi l’initiative de Cantona a été d’emblée populaire, sauf bien évidemment auprès de ceux qui étaient ainsi montrés du doigt.
[…]
Pour que le système bancaire et financier fonctionne au service de la collectivité, il serait indispensable d’enlever les banques des mains de ces profiteurs avides qui saignent le monde et de les unifier en une seule banque, dans chaque pays, sous le contrôle et l’autorité de la population.
Lutte Ouvrière, 06/12/2010

Olivier Besancenot quant à lui

juge « séduisant » l’appel d’Eric Cantona à vider ses comptes bancaires pour que « le système s’écroule mais pour le porte-parole du NPA qui s’exprime dans Libération mercredi « s’attaquer aux banques n’est qu’une partie du problème ».
NPA, 01/12/2010

Six jours plus tard l’organisation fait un communiqué qui s’aligne sur les positions de LO :

Les moqueries de quelques ministres du gouvernement Fillon, comme Ch. Lagarde ou F. Baroin en charge de l ‘économie et du budget, ne sauraient cacher l’agacement et la peur du monde de la finance et de ses serviteurs politiques à l’encontre de ceux et celles qui ont relayé l’appel d’E. Cantona à vider son compte de dépôt.
Au niveau européen, la Commission européenne et J.C. Juncker, chef de file des ministres des Finances sont partis en guerre contre cet appel.
Le succès rencontré témoigne du profond malaise, du mécontentement, du rejet à l’égard du système bancaire qui spécule à tout va en sachant très bien qu’en dernier ressort les finances publiques seront à leur disposition pour les renflouer, avec à la clef un plan d’austérité pour la population, comme le montre le cas de la Grèce et de l’Irlande.
[…]
Mais, cet appel focalise l’attention sur un des piliers de l’exploitation capitaliste. Aussi, pour construire une autre société débarassée de l’exploitation, il est essentiel d’exproprier les banques privées et de mettre en place un service public bancaire ayant le monopole des dépôts et du crédit sous le contrôle des salariés et des usagers.
NPA, 07/12/2010

La vidéo qui aurait « fait le tour du monde » date du 8 octobre 2010 ! Ce qui montre qu’il a fallu presque deux mois pour que la mayonnaise prenne en temps réel dans les quelques kilomètres carrés de l’hexagone…

Or, que dit Cantona dans l’entretien accordé à Presse Océan ? Voici le récit du quotidien du quotidien de Nantes Saint-Nazaire Loire-Atlantique :

Etienne Mvé lui pose une question sur son engagement pour la Fondation Abbé Pierre, sur la précarité et sur les Roms. Éric Cantona lui répond et laisse vagabonder sa pensée sur le système actuel.
Et son discours est aussi rouge que son pull. Selon l’ex-footballeur, il faut changer de politique. Mais les manifs, « ce n’est plus comme ça qu’il faut faire les choses ». Éric Cantona rêve de révolution. « Elle est très simple à faire », détaille-t-il. « Le système c’est quoi ? Le pouvoir des banques. Au lieu qu’il y ait trois millions de gens qui aillent dans les rues, ces trois millions ils vont à la banque et ils retirent leur argent et les banques s’écroulent ». Et « Canto » d’ajouter : « C’est pas compliqué. Les syndicats, il faut leur donner des idées des fois ».
Presse Océan

Vous avez bien entendu et bien lu. Alors où est l’arnaque ?

L’arnaque visible est que Cantona ne s’est pas exprimé en tant que le footballeur qu’il fut, mais en tant que l’acteur (dans les deux sens du terme) « incontournable des médias » qu’il est. C’est comme disent les journalistes un « bon client ». Ce petit détail du lieu d’où parle « l’acteur » a échappé à tous les commentateurs, qui se répètent les uns les autres selon la trajectoire d’un anneau de Möbius.

L’arnaque visible est aussi de dire que retirer son argent de la banque serait un acte révolutionnaire. Que les médias dominants applaudissent à ce genre de propos, c’est de bonne guerre, mais que les médias de gauche et à gauche de la gauche s’en réjouissent parce que l’initiative du footballeur-acteur aurait été populaire, cela montre qu’ils ont renoncé par démagogie à défendre toute idée contraire au consensus dominant.

L’arnaque invisible est de faire croire qu’on puisse retirer tout son argent du jour au lendemain de la banque. Vous pouvez quitter votre banque pour une autre en transférant tous vos avoirs d’une banque à l’autre. Ce qui ne change rien ! Mais vous ne pouvez pas retirer au distributeur ou au guichet plus d’une certaine somme, variable selon votre plafond autorisé, par semaine glissante. C’est-à-dire que, si votre plafond est par exemple de 2000€, vous pouvez retirer cette somme aujourd’hui le 15 décembre et que vous devrez attendre le 23 décembre pour retirer la même somme. Qu’on se le dise !

En 1976, le slogan d’une campagne publicitaire gouvernementale disait « En France, on n’a pas de pétrole, mais on a des idées » [3]. Ainsi, le Président Giscard d’Estaing donna son agrément pour financer la construction d’avions renifleurs destinés à chercher le fameux pétrole… La géniale idée de Cantona est du même acabit.

12/12/2010
Serge LEFORT
Citoyen du Monde

Note du 16/12/2010 :
L’arnaque fut quand l’État obligea les entreprises à verser sur un compte bancaire les salaires supérieurs à… une somme fixée par décret et donc à obliger les salariés à posséder un compte bancaire.

Au-delà d’un montant mensuel fixé par décret, le salaire est payé par chèque barré ou par virement à un compte bancaire ou postal.
Mode de paiement du salaire, Loi nº 73-4 du 2 janvier 1973 Journal Officiel du 3 janvier 1973.

• La révolution aura-t-elle lieu le 7 décembre ?, France Culture, 07/12/2010.
• Quel regard sur les banques : les incertitudes d’une réputation, Concordance des temps, 11/12/2010.
Lire aussi : Serge LEFORT, Robin des bois, Monde en Question.


[1] Références :
• Editorial, Le Monde, 10/08/2010.
• À nos lecteurs, Le Monde, 21/10/2010.
[2] Serge LEFORT, Wikileaks ou le triomphe de la médiacratie, Monde en Question.
[3] Trente ans de communication publique, Acteurs Publics.

Wikileaks ou le triomphe de la médiacratie


Depuis le XIXe siècle, les médias dominants publient des feuilletons pour « fidéliser » leurs lecteurs. Au XIXe siècle, le feuilleton était une œuvre littéraire prépubliée dans les journaux (Charles Dickens, Dumas père et Balzac) puis il devint un genre littéraire à part entière (Eugène Sue, Maurice Leblanc, Gustave Le Rouge et Michel Zévaco) [1]. Au XXe siècle, les médias (presse, radio et télévision) appliquent la même technique au traitement de l’information qui est entièrement fabriquée comme un récit pour divertir… le consommateur [2].

Le feuilleton commence par une rocambolesque histoire d’espionnage

Les médias dominants nous racontent tous la même histoire rocambolesque concernant l’origine des fuites qui auraient permis à Wikileaks de détenir « 251 287 câbles diplomatiques » :

Dans un échange de mails avec le hacker Adrian Lamo, le soldat Manning a décrit la facilité avec laquelle il se serait procuré ces masses de données : «J’entrais dans la salle informatique avec un CD musical à la main […] puis j’effaçais la musique et je créais un dossier compressé. J’écoutais Lady Gaga et je chantonnais sur la musique, tout en exfiltrant la plus grande fuite de l’histoire des États-Unis.»
Libération

Aucun média n’a enquêté pour vérifier la véracité de ce conte alors que le soldat Bradley Manning fut arrêté en mai 2010 par l’United States Army Criminal Investigation Command et détenu dans une prison militaire de Camp Arifjan, au Koweït.

Aucun média ne s’est préoccupé de savoir si Bradley Manning avait donné son accord à leur publication des fuites qui le condamnera à 52 ans de prison pour « transfert de données secrètes sur son ordinateur personnel et ajout de logiciel non autorisé sur un système informatique confidentiel » et « communication, transmission et envoi d’information traitant de sécurité nationale à une source non autorisée » [3]. Les médias ne s’encombrent pas du principe de précaution – éviter une conséquence indésirable – quand il nuit à leurs intérêts financiers.

Un feuilleton fondé sur le mensonge

Contrairement à ce prétendent les médias dominants et que tout le monde répète sans le vérifier, Wikileaks n’a pas mis en ligne les « 251 287 câbles diplomatiques fuités des États-Unis » qu’il détiendrait.

« Dévoilé – comment l’Amérique voit le monde », titre Der Spiegel. Tout comme The New York Times, The Guardian, Le Monde et El País, l’hebdomadaire allemand publie quelques-uns des 250 000 documents de la diplomatie américaine révélés par le site Wikileaks le 28 novembre.
Presseurop

Mensonge, mensonge, mensonge car ni Wikileaks ni les médias dominants n’ont publié à ce jour la totalité des « 251 287 câbles diplomatiques ».

Au stade actuel de la publication des 251 287 télégrammes diplomatiques détenus par Wikileaks, leur consultation n’est pas franchement problématique. En effet, le site a décidé de publier les mémos au compte goutte et, pour l’instant, seuls 243 (pas 243 000, hein, juste 243) sont actuellement consultables.
Écrans Libération

L’intrique du feuilleton ne tient pas au contenu, qui n’apporte rien de nouveau, mais au procédé de mise en scène de sa publication.

Un feuilleton agrémenté par de pseudo-révélations

Les médias dominants n’ont publiés qu’une sélection d’une sélection, c’est-à-dire pas grand-chose. Alors que d’après Wikileaks l’Irak est le pays le plus discuté (15 365 câbles dont 6 677 en provenance d’Irak), les médias dominants publient en priorité des anecdotes sans intérêts sur les chefs d’État et focalisent ces soi-disantes révélations sur les relations entre l’Iran et Israël (qui ne savait pas que l’Iran représentait l’axe du Mal ?) et sur les relations supposées entre la Chine et la Corée du Nord (qui ne savait pas que la Corée du Nord représentait l’axe du Mal ?).

Il faut être naïf ou ignorant de la réalité des relations internationales pour croire que le discours diplomatique se réduirait à un discours politiquement correct et qu’en coulisse les diplomates ne sauraient pas s’exprimer plus crûment.

Les notes que Le Monde nous présente comme des faits réels ne sont que les opinions de diplomates, chacun tentant de bluffer l’autre. On peut publier des milliers de mémos, qui disent tous la même chose sur l’Iran et la Corée du Nord, sans qu’aucun ne soit le début de commencement d’une preuve sur le fondement de l’opinion répétée à satiété.

Un feuilleton contrôlé par cinq médias

Cette publication, sous la forme d’un feuilleton mondialisé, est une arnaque car elle est entièrement contrôlée, filtrée et conditionnée par cinq médias dominants (New York Times, Der Spiegel, The Guardian, El Pais et Le Monde). Ces médias appartiennent tous, comme par hasard, aux puissances occidentales qui furent les puissances colonisatrices du monde à partir du XVIe siècle.

Le discours de Wikileaks est un discours mensonger et démagogique :

les documents donneront aux citoyens dans le monde entier une vue sans précédents sur les activités à l’étranger du gouvernement américain.
Wikileaks

Ce discours est complaisamment relayé par les cinq médias mondiaux, qui ont formé un oligopole, car il leur sert d’alibi pour faire accepter la dictature de leur « position dominante » [4]. Ce petit détail devrait faire réfléchir tous ceux qui croient encore naïvement que Internet serait un espace de liberté.

La rhétorique orwélienne

Il faut dire et redire que seuls ces cinq médias dominants ont accès à l’ensemble des données de Wikileaks et qu’ils les distillent en accord avec les autorités américaines et selon un calendrier planifié en commun.

Il y a un précédent à cette imposture, présentée comme une avancée de la démocratie, c’est celui des archives du Vatican. La bibliothèque du Vatican possède des documents historiques de première main, notamment sur la colonisation des Amériques, qui ne sont pas accessibles même aux chercheurs. Or, le Vatican a eut l’idée géniale de créer un site intitulé « Archives Secrètes Vaticanes », qui ne contient qu’une infime sélection soigneusement contrôlée, filtrée et conditionnée des archives authentiques [5].

L’im-Monde procède de la même façon en nous présentant Julian Assange comme « un apôtre de la transparence intégrale » [6]. Le pire est dans l’argumentation qui suit :

Mais à partir du moment où cette masse de documents a été transmise, même illégalement, à WikiLeaks, et qu’elle risque donc de tomber à tout instant dans le domaine public, Le Monde a considéré qu’il relevait de sa mission de prendre connaissance de ces documents, d’en faire une analyse journalistique, et de la mettre à la disposition de ses lecteurs.
Le Monde

Ainsi, « à partir du moment où cette masse de documents […] risque de tomber à tout instant dans le domaine public », il fallait que L’im-Monde et ses compères se l’approprient pour la contrôler, la filtrer, la conditionner et finalement la vendre.

L’im-Monde prétend que cette opération marketing est la « démocratie » :

Enfin, ce n’est pas un hasard si ces nouvelles révélations émanent des États-Unis, le pays le plus avancé technologiquement et, d’une certaine manière, la société la plus transparente, plutôt que de Chine ou de Russie.
Le Monde

Scandons donc tous en chœur avec Le Monde : « La liberté, c’est l’esclavage » et « L’ignorance, c’est la force » [7].

02/12/2010
Serge LEFORT
Citoyen du Monde

Lire aussi :
Dossier documentaire & Bibliographie Médias, Monde en Question.
Dossier documentaire & Bibliographie Propagande, Monde en Question.


[1] Roman-feuilleton, Wikipédia.
[2] Serge LEFORT, Du récit au récit médiatique, Monde en Question, 29/07/2009.
Lire aussi : Serge LEFORT, Storytelling, Monde en Question, 28/07/2009.
[3] Bradley Manning, Wikipédia.
Lire aussi la version anglaise plus complète.
[4] Oligopole, Wikipédia.
[5] Archives Secrètes Vaticanes, Vatican.
[6] Pourquoi « Le Monde » publie les documents WikiLeaks, Le Monde, 28/11/2010.
[7] Georges ORWELL, 1984 [1949], Gallimard, 1972.

Wikileaks fait du bruit… pour rien


Les médias dominants prétendent que « WikiLeaks met à nu la diplomatie américaine » :

Le contenu de 250.000 câbles diplomatiques américains dévoilés par le site WikiLeaks a été publié dimanche 28 novembre par les grands titres de la presse mondiale, révélant les dessous de la diplomatie des États-Unis.
NouvelObs, 29/11/2010

Or ces mêmes médias ne publient que des anecdotes sans intérêts sur les chefs d’État et focalisent ces soi-disantes révélations sur l’Iran alors que l’Irak est le pays le plus cité dans ces documents.

Ainsi, l’im-Monde ne rate pas une occasion pour faire sa propagande anti-iranienne :

On savait les régimes arabes inquiets à la perspective de voir l’Iran se doter de l’arme atomique. On ne les savait pas terrorisés à ce point par la République islamique et, jour et nuit, obsédés par la marche au nucléaire entreprise par cette dernière. C’est, parmi bien d’autres, l’un des points les plus passionnants que livre la lecture des documents rendus publics depuis le 28 novembre par le site WikiLeaks et cinq journaux internationaux, dont Le Monde.
Le Monde, 01/12/2010

Or, la preuve qu’il avance n’en est pas une :

Nul ne le dit mieux que le roi Abdallah d’Arabie saoudite, cité dans un télégramme de décembre 2005. Il se plaint amèrement de la situation créée par le président Bush en Irak et observe : « Alors que dans le passé les États-Unis, l’Arabie saoudite et Saddam Hussein s’entendaient sur la nécessité de contenir l’Iran, la politique américaine a donné l’Irak à l’Iran comme un cadeau sur un plateau d’argent. »

Trotsky avait promis, en tant que commissaire du Peuple aux Affaires étrangères, qu’il publierait tous les documents diplomatiques après avoir signé les accords de Brest-Litovsk. Il a démissionné sans rien faire.

Contrairement à ce que tout le monde répète, WikiLeaks n’a pas mis en ligne les « 251 287 câbles diplomatiques fuités des États-Unis » qu’il détiendrait. La publication se fait au compte goutte et elle est entièrement contrôlée et filtrée par cinq médias dominants : New York Times, Der Spiegel, The Guardian, El Pais et Le Monde [1].
WikiLeaks ment donc quand il affirme :

les documents donneront aux citoyens dans le monde entier une vue sans précédents sur les activités à l’étranger du gouvernement américain.

Enfin, le discours sur le thème « il y existe des individus droits et courageux au sein du gouvernement, qui croient en la transparence et en une politique étrangère plus éthique » est un discours démagogique.

01/12/2010
Serge LEFORT
Citoyen du Monde


[1] WikiLeaks : Le Monde défend le sérieux des conditions de publication, NouvelObs, 29/11/2010.
Lire aussi :
• WikiLeaks : où chercher les mémos ?, Big Browser – Blog Le Monde, 29/11/2010.
• Où consulter les mémos de WikiLeaks ?, NouvelObs, 30/11/2010.
• Wikileaks entame la publication de câbles diplomatiques US confidentiels, Wikileaks.

L'im-Monde contre les grèves


Pour la neuvième fois depuis le début de l’année, notre journal, comme l’ensemble de la presse quotidienne nationale, n’a pas été imprimé. Seuls ont paru les journaux régionaux et les gratuits. N’était l’édition numérique du Monde, heureusement disponible en ces journées sans papier, nos lecteurs auraient une nouvelle fois perdu ce qui fait l’essence de leur compagnonnage avec un journal : le lien irremplaçable, chaque jour renouvelé, chaque jour conforté, aussi vrai qu’il n’est de journalisme que jour après jour, et de lecteur que fidèle.

Cette situation est intolérable car c’est irresponsable. La décision de prendre nos publications en otage n’a été précédée ni de revendications professionnelles ni de demandes de négociation. Aucun mot – nous qui en faisons profession – n’a été échangé, pas un mot d’ordre n’a été lancé. Une nouvelle fois, ce sont des éléments minoritaires et incontrôlés de la CGT qui ont imposé cette politique de l’arbitraire, sans en mesurer les conséquences pour un secteur en pleine révolution technologique, doublée d’une crise économique majeure. Le fait accompli a une fois encore tenu lieu de dialogue.

Au moment ou Le Monde cherche des solutions pour moderniser son outil industriel d’Ivry, pareilles méthodes sont de nature à décourager toute initiative en ce sens. Au-delà de notre propre entreprise, c’est la pérennité de la presse quotidienne nationale qui est clairement menacée par une frange des ouvriers du Livre bénéficiant de conditions très avantageuses pour exercer un métier qui est aussi une noblesse : contribuer, par la production et la distribution des journaux, à la vitalité de la démocratie.

A force de non-parutions décourageantes pour des lecteurs qui trouvent à s’informer d’un clic de souris, le risque est grand de voir mourir les journaux puis les kiosques à l’économie déjà très précarisée, qui constituent de fragiles refuges. Le risque est grand aussi de voir les recettes publicitaires se détourner définitivement vers d’autres médias, radios, télévisions et sites Internet. Le risque est grand enfin de perdre ce qui fait le sel de notre vie publique : des journaux écrits – bien écrits – dans lesquels le flot désordonné des informations souvent contradictoires est contenu, trié, hiérarchisé, décrypté par des rédactions expertes, capables de donner du sens à ce qui n’en a pas d’emblée.

La révolution numérique est en marche. Nul ne saurait en contester les apports, et sûrement pas Le Monde, qui s’est très tôt imposé dans cet univers exigeant et créatif, à travers Lemonde.fr et les applications pour téléphones et tablettes. Nous vivons une ère de transition dans laquelle chaque support doit trouver sa place au sein d’un modèle économique viable restant à définir. Mais la modernité, c’est d’abord le choix. Or cette série de mouvements sauvages visant la presse quotidienne nationale est susceptible d’ôter toute possibilité de choix à nos lecteurs. Et de réduire d’autant le champ de nos libertés.

Eric Fottorino
Le Monde

Iuxta propria principia


Des lecteurs de gauche s’alimentent de la propagande anti-chinoise de l’im-Monde sans sourciller. Ainsi, cette affirmation ne déclenche aucun commentaire :

La Chine, premier émetteur mondial de gaz à effet de serre, accueille, lundi 4 octobre, une conférence des Nations unies sur le réchauffement climatique qui doit préparer le rendez-vous de Cancun (Mexique), censé rattraper l’échec de Copenhague (Danemark) l’année dernière.
Le Monde

Or, Le Monde se garde bien de rappeler que les États-Unis, première puissance mondiale et premier éetteur mondial de gaz à effet de serre, n’ont pas ratifié le protocole de Kyōto ! L’Union Européenne dénonce aussi la Chine et non les États-Unis.

Selon Xie Zhenhua (vice-ministre chargé de la Commission nationale pour le Développement et la Réforme de Chine), certains pays développés n’ont toujours pas atteint leur pic d’émissions, malgré un PIB par habitant de plus de 40 000 dollars par an, et leurs émissions de gaz à effet de serre continuent à augmenter.
« Dans de telles circonstances, comment peut-on demander à la Chine, pays avec un PIB par habitant tout juste supérieur à 3 000 dollars, de prévoir son pic d’émissions ? « , a-t-il demandé.
Agence de Presse Xinhua

Cette hypocrisie consensuelle relève d’un réflexe colonial :

Les Occidentaux ont souvent interprété les événements chinois avec les systèmes de jugement et les paramètres historiques de leur monde au lieu d’étudier la Chine iuxta propria principia [suivant son propre principe].
On a pu voir combien l’indignatio dont le régime chinois a longtemps été l’objet n’était en réalité que pure propagande lorsqu’en octobre 2001 le président des États-Unis s’est précipité à Pékin pour courtiser la hiérarchie de l’État-parti et obtenir sa neutralité dans la guerre insensée « contre le terrorisme » déchaînée par l’Amérique aux confins de la Chine [Afghanistan].
CANFORA Luciano, L’imposture démocratique p.27 et 29.

04/10/2010
Serge LEFORT
Citoyen du Monde

Lire aussi :
• Protocole de Kyoto, Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiquesSite en anglais.
• Département chinois pour le changement climatique, Site en anglais.
• Environnement, Agence de Presse Xinhua.