Monde en Question

Analyse de l'actualité économique, politique et sociale dans le monde

Archives de Tag: Colonisation Afrique

Restituer l’art africain – Les fantômes de la colonisation (2020)


 

Titre : Restituer l’art africain – Les fantômes de la colonisation
Réalisateur : Laurent Védrine
Durée : 1h01
Année : 2020
Pays : France
Genre : Documentaire
Résumé : La sculpture du dieu Gou, volée au Bénin en 1893, est au cœur de la querelle sur les restitutions d’œuvres d’art pillées dans les pays africains.
Fiche : IMDb
Partage déniché par Monde en Question
Avis de Monde en Question : À Paris, Londres, Berlin et Bruxelles les musées sont pleins des richesses culturelles pillées dans toutes les colonies.
Le don de la statue du dieu Gou par l’armée au musée du Trocadéro devient, selon le droit colonial, une œuvre inaliénable et donc non restituable à son propriétaire légitime [16’40]. Selon ce principe, la statue du dieu Gou appartient à « tous les Français » et non aux Béninois [17’46].
Pire encore les ethnologues comme Marcel Griaule reçoivent un « permis de capture scientifique » dans les colonies de l’Afrique Occidentale française [25’30]. Les critiques de Michel Leiris sont totalement ignorées par les propagandistes de l’époque.
En 1945, le tribunal de Nuremberg rappelle que les pillages des biens culturels sont des crimes de guerre, mais cette loi ne s’applique pas aux œuvres africaines [28’35]. L’éditorial de Paulin Joachim « Rendez-nous l’art nègre » reste naturellement lettre morte [33’23].
Les puissances occidentales devront « faire un inventaire du passé » [46’30]. Les promesses d’Emmanuel Macron d’une restitution partielle et sous conditions pour conserver une emprise sur les colonies africaines de la France viennent trop tard car la Chine est de plus en plus présente y compris pour aider concrètement les pays à récupérer et conserver leurs biens culturels [52’30].
Avis de : Sens Critique

Lire aussi :
• Michel LEIRIS, L’Afrique fantôme, 1934 [Texte en ligne].
• Bénédicte SAVOY, Présence africaine dans les musées d’Europe, Collège de France, 2019-2020.
• Black Panther (2018), Film en ligne.
Cinémathèque, Ciné Monde.
Articles Cinéma asiatique, Chine en Question.
Articles Cinéma occidental, Monde en Question.
Dossier Cinéma France, Monde en Question.
Index Cinéma (Tous les dossiers), Monde en Question.
Veille informationnelle Cinéma, Monde en Question.
Revue de presse, Monde en Question.

Atlas historique de l’Afrique


Bibliographie géographieBibliographie histoire

 

L’Afrique est un continent immense et les sociétés qui l’habitent ont connu des trajectoires historiques multiples au cours des millénaires, sans cesser d’interagir entre elles et avec les mondes extérieurs.

Cinq grandes périodes scandent cette histoire :
• L’Afrique ancienne (depuis la préhistoire jusqu’au XVe siècle), à la fois berceau et creuset de diversité linguistique, technique, politique
• L’Afrique moderne (du XVe au XVIIIe siècle), ses grands royaumes et le début de la présence européenne
• L’Afrique souveraine (XIXe siècle), après l’abolition de la traite atlantique et les reconversions économiques africaines
• L’Afrique sous domination coloniale, entre « partage » du continent, résistances anticoloniales et décolonisations
• L’Afrique des indépendances, qui relève de nombreux défis politiques, économiques et sociaux.

Cet atlas regroupe plus de 100 cartes et rend disponibles les connaissances sans cesse renouvelées de l’histoire de l’Afrique. Il montre combien ce continent, loin d’être replié sur lui-même, a toujours été à la fois dynamique et connecté à l’histoire globale.

François-Xavier FAUVELLE, Isabelle SURUN (sous la direction de), Atlas historique de l’Afrique – De la préhistoire à nos jours, Autrement, 2019 [Texte en ligne].

Lire aussi :
Index Géographie, Monde en Question.
Index Histoire, Monde en Question.
Dossier Géographie, Monde en Question.
Dossier Histoire, Monde en Question.
Veille informationnelle Livres, Monde en Question.

Histoire du monde au XIXe siècle


Bibliographie histoire

 

En Europe et dans les Amériques, le XIXe siècle a longtemps été défini comme l’époque de la « modernité », quand le rêve du progrès se mêlait à l’idée de révolution, et le désir de nouveauté à l’angoisse de l’accélération. Mais qu’en est-il lorsque, abandonnant l’étalon de l’Occident et optant pour l’échelle du monde, on change de point de vue ?

Ce livre, « monstrueux et discordant », pour reprendre les mots par lesquels Michelet désignait sa propre Histoire du XIXe siècle, veut faire entendre les voix d’un passé pluriel. Car le monde est avant tout l’objet d’expériences contrastées pour ceux qui y vivent, et auxquelles cette somme convie le lecteur.

Elle le guide à travers les circulations de cette ère nouvelle, des migrations à l’expansion coloniale, conséquences des mutations rapides des transports, de l’industrie ou des sciences. Et à y regarder de près, on s’aperçoit que la mondialisation ne fut pas un processus univoque d’occidentalisation.

Elle le conduit au fil des « temps du monde » scandés par des événements qui résonnèrent à l’échelle globale, de l’indépendance d’Haïti (1804) à la révolution chinoise (1911), de l’épidémie de choléra (1817) à la révolte des cipayes (1857).

Elle l’entraîne au cœur d’un « magasin du monde » qu’approvisionnent bibelots, cartes, tatouages, fez, ivoire, opium, dévoilant des processus historiques qui affectent le monde entier, tout en installant le lointain dans l’intime et le quotidien.

Elle le transporte dans les « provinces du monde » indienne, sud-américaine, ottomane, européenne, etc., ces laboratoires qui permettent de décentrer notre regard, et révèlent tout autant la grande diversité de la planète que l’existence de « modernités » alternatives.

Attestant à la fois les dynamiques d’intégration mondiale et une exacerbation des identités, cette Histoire du monde au XIXe siècle, qui réunit les contributions de près de cent historiennes et historiens, nous laisse une certitude : celle d’être alors devenus, ensemble, et pour la première fois, contemporains.

Pierre SINGARAVELOU et Sylvain VENAYRE, Histoire du monde au XIXe siècle, Fayard, 2017 [Texte en ligne].

Lire aussi :
Index Histoire, Monde en Question.
Dossier Géo-Histoire globale, Monde en Question.
Dossier Histoire, Monde en Question.
Veille informationnelle Livres, Monde en Question.

Minerais de sang – Les esclaves du monde moderne


Bibliographie économie

 

Qui connaît la cassitérite, ce « minerai de sang » ? C’est le principal minerai de l’étain. On le trouve partout, dans nos téléphones portables, nos radios, nos télévisions. Mais à quel prix ?

Dans ce livre-enquête, dans cette traque policière sur plusieurs continents, Christophe Boltanski nous fait suivre – depuis les mines du Nord-Kivu au Congo, où des gamins africains s’enfoncent sous la terre au péril de leur vie, jusqu’aux tours de la Défense, où des entreprises mondialisées disent tout ignorer du chemin qu’empruntent les minerais – le fil hasardeux, dangereux, qui mène de l’ombre à la lumière de notre consommation quotidienne.

De l’Afrique des guerres oubliées au London Stock Metal Exchange, des usines de Malaisie aux poubelles à ciel ouvert du Ghana, en passant par Bruxelles et Paris, c’est un roman-vrai, nourri d’argent, d’influences obscures, de politique. S’affiche alors le véritable visage du post-colonialisme.

Christophe BOLTANSKI, Minerais de sang – Les esclaves du monde moderne, Grasset, 2014 [Texte en ligne].

Lire aussi :
Index Économie, Monde en Question.
Veille informationnelle Livres, Monde en Question.
Veille informationnelle Géoéconomie, Monde en Question.

Désarchiver la terreur coloniale


Bibliographie histoire

 

Les répressions coloniales de masse ont cette particularité qu’elles ont largement invisibilisé leurs victimes. Celle que la propagande française nomma « bataille d’Alger » n’échappe pas à cette règle. Les « paras » de Massu, « seigneurs de la guerre aux terrifiants caprices » (Sartre) savaient que leurs milliers de proies, simples « Français Musulmans » tout juste sortis officiellement de l’indigénat, étaient destinées à rester anonymes et à ne pouvoir être dénombrées. Pour plus de sûreté, ils détruisirent les archives documentant leurs crimes. Ils eurent l’impunité et les honneurs.

C’est pourtant à partir d’une archive de l’État colonial ayant partiellement échappé, on ne sait pourquoi, à ces destructions, que le site 1000autres.org, créé il y a 14 mois, est parvenu à rompre un tant soit peu avec un anonymat qui semblait définitif. A ce jour, 300 Algériens victimes de disparitions forcées dans la région d’Alger en 1957 ont désormais publiquement un nom, une histoire et un visage.

Lire l’intégralité de l’article : lundi matin.

Lire aussi :
Alger 1957 – des Maurice Audin par milliers – Enlevés, détenus clandestinement, torturés et parfois assassinés par l’armée française, 1000 autres.
Dossier Algérie, Monde en Question.
Dossier Colonialisme, Monde en Question.
Index Géographie-Histoire, Monde en Question.
Dossier Histoire, Monde en Question.
Veille informationnelle Livres, Monde en Question.

Blue Book – Un massacre colonial


Bibliographie histoire

 

Il est une chose dont peu se souviennent, c’est que l’Allemagne fut une puissance colonisatrice. De 1883 à 1916, elle occupa ce qu’on appelait alors le Sud-Ouest africain, l’actuelle Namibie. Il en est une autre que beaucoup ignorent, c’est que cette colonie fut le théâtre du premier génocide du XXe siècle. Un génocide oublié, occulté même, car le premier rapport officiel – le fameux Blue Book – sur le massacre des Hereros et des Namas fut soustrait à la connaissance du public en 1926.

Élise Fontenaille-N’Diaye, alors qu’elle enquêtait sur son aïeul, le général Mangin, a retrouvé ce rapport disparu. Dès lors, elle se devait de raconter. Si ce livre vise à ranimer le souvenir de cette sombre page de l’histoire du colonialisme, il ne se veut pas un ouvrage de spécialiste. L’auteur y donne son point de vue d’écrivain, son point de vue personnel. Quelque part entre le désert du Kalahari et la presqu’île de Shark Island, au large de Lüderitz, s’est déroulée une macabre répétition générale, préfiguration des exterminations à venir.

Elise FONTENAILLE-N’DIAYE, Blue Book, Calmann-Lévy, 2015 [Texte en ligneRFI].

Lire aussi :
Index Géographie-Histoire, Monde en Question.
Dossier documentaire Histoire, Monde en Question.

Exporter la liberté


Bibliographie politique

« La plus extravagante idée qui puisse naître dans la tête d’un politique », dit Robespierre, « est de croire qu’il suffise à un peuple d’entrer à main armée chez un peuple étranger pour lui faire adopter ses lois et sa constitution.
Personne n’aime les missionnaires armés ; et le premier conseil que donnent la nature et la prudence, c’est de les repousser comme ennemis. »

Depuis toujours, les gouvernements ont masqué sous des motifs vertueux les vraies raisons qui les faisaient entrer en guerre.

À partir d’exemples empruntés de l’Antiquité à nos jours, Luciano Canfora dénonce cette « perversion morale, culturelle et politique » qui permet à un État de poursuivre une politique d’hégémonie tout en se drapant du titre de défenseur de la liberté.

Luciano CANFORA, Exporter la liberté – Échec d’un mythe, Desjonquères, 2008 [FeuilleterTexte en ligne].

Lire aussi :
Luciano CANFORA, L’imposture démocratique – Du procès de Socrate à l’élection de G. W. Bush, Flammarion, 2003 [Monde en Question].
Luciano CANFORA, La démocratie – Histoire d’une idéologie, Seuil, 2006 [Monde en Question].
Dossier documentaire Sciences sociales, Monde en Question.

Louis Massignon et l’Empire colonial (Algérie, Maroc)


 

Écouter surtout la première partie car la suite est consacrée à ses textes mystiques sur l’islam.
Louis Massignon ou la quête de l’autre, France Culture

Lire aussi :
Dominique BOUREL, Louis Massignon et l’orientalisme, Bulletin du Centre de recherche français à Jérusalem, 2004.
Agathe MAYERES, Massignon face au sionisme, Bulletin du Centre de recherche français à Jérusalem, 2009.
Louis MASSIGNON, Écrits mémorables, Laffont, Bouquins, 2009 [Bulletin d’études orientales].
Pierre ROCALVE, Louis Massignon et l’islam, Presses de l’Ifpo, 2014 [Texte en ligne].

17 octobre 1961 – L’ordre français (plébiscité par Charlie)


 

Réalisateur : Jean-Jacques Beryl
Durée : 0h48
Année : 2013
Pays : France
Genre : Documentaire
Résumé : « En Algérie, nous rétablissons l’ordre, ce que nous entendons par ordre français », déclarait Michel Debré, Premier ministre, sous la présidence de Charles De Gaulle, en avril 1956. Il s’agissait, bien entendu, de l’ordre colonial au mépris de l’ordre républicain, en Algérie comme à Paris où, le 17 octobre 1961, des Algériens affluant des bidonvilles de banlieue furent massacrés par la police du préfet Maurice Papon, alors qu’ils défilaient pacifiquement pour l’indépendance de leur pays.
Le 17 octobre 2001, une plaque commémorative est apposée à Paris sur le pont Saint-Michel: « A la mémoire des nombreux Algériens tués lors de la sanglante répression de la manifestation pacifique du 17 octobre 1961 ». Un déferlement de haine raciale, cela moins de 20 ans après la rafle des Juifs, en juillet 1942. Un Algérien, victime de cette ratonnade, nous dit, en retenant ses larmes, « Je fais encore des cauchemars. »
Durant cet hommage, manifestants et contre-manifestants s’affrontent : anciens appelés du contingent, anciens membres du FLN, anciens Harkis, Pieds-Noirs, militants d’extrême gauche et d’extrême droite, Français de l’immigration algérienne, qui semblent rejouer la guerre d’Algérie. « Il faut tourner cette page, sans l’oublier, bien sûr » commente l’historien Benjamin Stora.
Le 17 octobre 2012, 51 ans après cette page tragique de l’histoire franco-algérienne, le président de la République, François Hollande, a reconnu les faits. Ce qui soulève une polémique où les blessures de la mémoire sont ré-ouvertes, une fois de plus. »
Fiche : Ardèche Images

Partage proposé par : YouTube Streaming FR

Voir aussi : 17 octobre 1961, un crime d’État – Rencontre autour du film de Jean-Jacques Beryl, Indigènes TV – YouTube.

Lire aussi :
Guerre France/Algérie, Ciné Monde.
Dossier documentaire Algérie, Monde en Question.
Articles Charlie, Monde en Question.
Dossier documentaire Cinéma, Monde en Question.
Veille informationnelle Cinéma, Monde en Question.

Les empires africains


 

Les Cahiers d’histoire sont très heureux de présenter un dossier consacré à l’histoire de l’Afrique. Sans être du tout ignorée des Cahiers (il suffit de faire un appel rapide sur le site des Cahiers pour s’en convaincre), il y a longtemps que l’Afrique comme ensemble territorial spécifique n’avait pas été mise au centre de notre travail éditorial. Nous en sentions venir la nécessité avec de plus en plus d’urgence. Bien sûr, la puissance des États africains s’affirme, leur diversité aussi. Les peuples d’Afrique, nombreux, jeunes, cherchent à sortir de l’étau que les pouvoirs leur imposent. Les révoltes, les protestations se multiplient contre des dirigeants qui s’avèrent être trop souvent plus soucieux des intérêts d’une poignée de privilégiés, nationaux ou internationaux, que de ceux des peuples. Révoltes qui ciblent aussi des dirigeants qui supportent souvent mal (et ce n’est pas une spécificité africaine !) de se soumettre aux verdicts démocratiques. Les peuples d’Afrique butent aussi contre les pouvoirs des pays du nord, qui participent de ces arrangements contre les peuples – « Débats » en expose ici un des exemples tragiques – tout en faisant en même temps de leurs frontières des murs. Ces dernières semaines ont encore montré l’âpreté de cet affrontement, aussi bien en Méditerranée qu’à l’intérieur de l’Europe, avec la mort de migrants tentant de traverser la Manche à Calais. Tous ne viennent pas d’Afrique, mais on sait que l’Afrique voisine de l’Europe fournit une grande partie de cette jeunesse interdite, aussi vainement que cruellement, de liberté de mouvement à la surface du globe. Ces réalités brutales, expression d’un ordre international de plus en plus régi à nouveau par la guerre, guerre économique et conflit ouvert, comme nous l’évoquions dans le précédent numéro des Cahiers, ne doit pas conduire à négliger les processus de développement et d’affrontements internes à l’espace africain. Faut-il rappeler que l’Afrique, c’est un continent immense, dont la superficie est de trois fois celle de l’Europe ; que c’est aujourd’hui plus d’habitants que l’Europe bien sûr, mais aussi que l’ensemble des Amériques ; 16 % de la population du globe et une part qui connaît une rapide croissance ? Que l’Afrique, ce sont aussi plus de cinquante États, plus qu’aucun autre continent, y compris l’Europe et ses dizaines de créations nationales récentes ? Ce n’est pas ici l’endroit de débattre de l’ampleur des processus de développement en cours dans les États de ce continent. Qu’il suffise de rappeler, pour s’en tenir au domaine de la connaissance, l’ampleur de l’augmentation du nombre des étudiants/es et des diplomés/es, même si leur part de la population traduit encore un écart spectaculaire avec la situation des pays du nord. Il faut néanmoins rattacher le renouveau des recherches sur l’histoire au sein du continent africain, en Afrique mais aussi dans l’ensemble du monde, à ces formes conflictuelles et souvent douloureuses de transformations des sociétés africaines et de leur présence dans le monde globalisé d’aujourd’hui.

Le dossier que coordonne ici une des pionnières des études africaines en France, Catherine Coquery-Vidrovitch, veut contribuer à la diffusion de ces connaissances nouvelles qui, loin des clichés convenus, disent la diversité et la complexité des histoires dans le continent africain. L’incroyable discours prononcé à Dakar par Nicolas Sarkozy, alors président de la République française, quoique de 2007, résonne encore dans nos têtes comme une dramatique provocation : « Le drame de l’Afrique, c’est que l’homme africain n’est pas assez entré dans l’histoire. Le paysan africain, qui, depuis des millénaires vit avec les saisons, dont l’idéal de vie est d’être en harmonie avec la nature, ne connaît que l’éternel recommencement du temps rythmé par la répétition sans fin des mêmes gestes et des mêmes paroles. ». À cette monstruosité, les réponses ont été nombreuses. Certainement pas assez nombreuses. Depuis, les polémiques sur les programmes scolaires, entretenues par les courants les plus réactionnaires de la société française et instrumentalisées par les hommes politiques de droite, ont montré que la question de l’histoire de l’Afrique est toujours chargée d’une très forte dimension politique. Impossible de faire ici l’histoire des mobilisations récurrentes à chaque changement dans les programmes d’histoire, dénonçant les atteintes portées à l’identité nationale dès que la part faite à l’histoire nationale est mise en cause ou que le regard historien n’est plus gallocentré. Casali et autres polémistes ne se laissent pas oublier ! On se souvient du comité créé en 2010, « Notre histoire c’est notre avenir », pour promouvoir « l’histoire de France » et dénoncer le risque que l’on s’attarde plus longuement sur les civilisations africaines du Monomotapa et de l’empire Songhaï que sur le règne de Louis XIV. Mise en opposition aussi réductrice que démagogique, mais peut-être pas sans conséquences sociales et politiques. De fait, les nouveaux programmes laisseraient de côté les empires africains médiévaux.

Face à cette offensive, les historiens/nes de l’Afrique ont publié de façon très volontariste pour répondre dans ce débat public et faire connaître l’histoire de l’Afrique. Mais il s’agit aussi de faire connaître l’importance des recherches récentes menées dans le monde entier, notamment dans les universités africaines, et d’analyser les formes et les enjeux historiographiques de ces productions.

Comme on le voit à travers les contributions de ce dossier sur les empires, les recherches récentes cherchent à faire sortir l’histoire de l’Afrique de sa confrontation avec les seuls européens et à développer des approches qui ont l’Afrique pour centre. en ce sens, et cela n’a rien d’étonnant, ces histoires de l’Afrique sont en phase avec les grands renouvellements historiographiques contemporains qui décentrent les regards par rapport à l’Europe et rappellent l’existence d’interactions et d’histoires hors de la présence et de l’intervention des puissances européennes ; du moins redonnent à celles-ci des rôles d’acteurs parmi d’autres. Les articles réunis ici témoignent du fait que l’histoire de l’Afrique aujourd’hui se fait comme les autres à l’heure de l’histoire globale et porte la marque à la fois d’une sortie de l’européocentrisme et d’une approche renouvelée des rapports de domination.

D’où, comme le rappelle Catherine Coquery-Vidrovitch dans son introduction au dossier, le choix du titre, « Les empires africains » et non « Les empires en Afrique ». Il s’agit donc à la fois de sortir l’histoire de l’Afrique de la seule époque coloniale et postcoloniale, de même que de l’histoire de la traite atlantique, d’une histoire de la dépendance des peuples africains, pour étudier les constructions des pouvoirs au sein de sociétés africaines très différentes et, notamment, par leurs liens, alliances, conflits avec des pouvoirs extérieurs divers. Ce dossier qui s’ouvre par un texte du grand spécialiste d’histoire ancienne, Michel Christol, sur l’empire romain comme empire africain, évoque avec Samuel Sanchez un empire commercial de Zanzibar pour qui l’Afrique centrale est un arrière-pays alimentant de fructueux commerces vers l’Asie. Il cherche donc à traduire la profondeur temporelle et la diversité spatiale de l’histoire des peuples en Afrique.

Lire la suite… Les empires africains, des origines au XXe siècle, Cahiers d’histoire. Revue d’histoire critique, 2015

Lire aussi :
• Collectif, Histoire générale de l’Afrique (8 volumes), UNESCO, 1980-1999 [Texte en ligne].
Dossier documentaire Afrique, Monde en Question.
Veille informationnelle Afrique, Monde en Question.