Monde en Question

Analyse de l'actualité économique, politique et sociale dans le monde

Archives Mensuelles: février 2022

Zelensky, un comique médiatique


Suivre l’actualité, courir après le vent.
Penser l’actualité, marcher à contre-courant.

 

En quelques années, Zelensky – qui est le tout premier président Juif d’Ukraine, un pays dont l’histoire juive est à la fois longue et compliquée – est rapidement devenu l’une des personnalités juives qui ont compté le plus dans le monde au fil de ces dernières décennies. Et au vu de son passé très éloigné de la politique, force est de reconnaître qu’elle est aussi l’une de ces personnalités juives les plus improbables.

Et des interrogations sur ses origines juives ne cessent d’affluer : est-ce que ces mêmes origines juives lui font courir – ou font-elles courir aux Juifs ukrainiens dans leur ensemble – plus de danger ? A-t-il contribué au conflit d’une manière ou d’une autre ? Et pourquoi Vladimir Poutine suggère-t-il qu’il serait un nazi ?

Source : The Times of Israël, 27/02/2022.

Il est symptomatique que la presse israélienne juge les personnalités politiques sur un critère religieux et prétend que l’acteur comique Zelensky ne pourrait être pro-nazi parce que juif alors que les mêmes médias ont participé à une odieuse campagne contre Yitzhak Rabin qui fut comparé à Heinrich Himmler avant son assassinat !

Dans leur ivresse anti-russe, ils oublient la purification ethnique perpétrée par les troupes blanches, cosaques et ukrainiennes, mais aussi par l’armée polonaise en 1920 contre les juifs d’Ukraine. Dans des conditions atroces, 100 000 à 150 000 Juifs furent tués et 200 000 blessés. Ils oublient encore la collaboration de L’U.G.I.F entre 1941 et 1944 !

27/02/2022
Serge LEFORT
Citoyen du Monde et rédacteur de Monde en Question

Lire aussi :
Maurice RAJSFUS, Des juifs dans la collaboration – L’U.G.I.F. 1941-1944, 1980 [Texte en ligne].
Nicolas WERTH, Lidia MILIAKOVA, Le livre des pogroms – Antichambre d’un génocide, Ukraine, Russie, Biélorussie, 1917-1922, 2010 [Texte en ligne].
Dossier UKRAINE (avec liens téléchargement), Monde en Question.
Revue de presse Ukraine, Monde en Question.

Poutine a gagné – L’Amérique et l’Europe assommés


 

Le dicton dit : “L’épouvantail ne trompe les oiseaux que pendant deux jours ; au troisième, ils chient dessus”. Poutine a déjà chié sur l’OTAN. Il chiera sur les sanctions de l’Europe et des États-Unis contre les entreprises et les banques russes.

“Le joueur d’échecs Poutine déplace une pièce sur l’échiquier et dit échec !”. C’était la Rayuela de La Jornada du 22 de février.

Elle a éditorialisé en très peu de mots l’information la plus importante que le journal a publiée ce jour-là : le président de la Russie, Vladimir Poutine, avait signé “un décret reconnaissant l’indépendance des républiques populaires de Donietsk et de Louhansk, qui n’occupent qu’une partie des régions ukrainiennes du même nom, portant la confrontation avec l’Ukraine, les États-Unis et l’OTAN au plus haut niveau de tension, en ordonnant également que les troupes russes pénètrent dans ces territoires dans le cadre d’une « mission de maintien de la paix »…”.

Le reste était attendu : l’armée russe a envahi l’Ukraine sans défense. L’échec s’est transformé en échec et mat lorsqu’il est devenu clair que l’Europe et les États-Unis ne prendraient pas un risque militaire pour sauver la société ukrainienne. L’OTAN a prouvé qu’elle n’était qu’un épouvantail et Poutine a bousillé l’inutile alliance militaire de nombreux pays européens et nord-américains. .

L’un des principaux participants à l’OTAN, le président français Emmanuel Macron, a déclaré en 2019 que l’Organisation du traité de l’Atlantique Nord était en “coma cérébral” et prédit que l’Union européenne était au bord du précipice, c’est-à-dire qu’elle était proche de “disparaître géopolitiquement”.

Poutine a sûrement fait le même diagnostic et déplacé ses pièces. Si le 22 février de cette année, il y a à peine trois jours, le dictateur russe a dit “échec” à l’Europe et aux États-Unis, nous savons aujourd’hui – en raison de la manière irresponsable et lâche avec laquelle l’OTAN a abandonné l’Ukraine – que le président russe peut dire avec satisfaction : “échec et mat”.

Que deviennent les fortes sanctions de la part de l’Europe et des États-Unis contre les entreprises et les banques russes et l’annonce qu’elles seront plus fortes à l’avenir ? Poutine va chier sur de telles menaces.

Le jeu est terminée. La défaite des États-Unis et de l’Europe, incapables de lutter, annonce un monde différent. Impossible de savoir maintenant s’il sera mieux ou pire.

Que doit faire le Mexique ? Se mêler le moins possible d’un tel conflit. “Quand deux éléphants se battent, celui qui souffre le plus est l’herbe qu’ils piétinent”. Le président López Obrador ne doit pas oublier ce proverbe africain.

Federico Arreola, Putin ganó; Estados Unidos y Europa, noqueados en el primer round, SDP Noticias, 25/02/2022.

Lire aussi :
Dossier RUSSIE (avec liens téléchargement), Monde en Question.
Revue de presse Russie, Monde en Question.
Dossier UKRAINE (avec liens téléchargement), Monde en Question.
Revue de presse Ukraine, Monde en Question

Bilan de deux ans de Covid-19


Bibliographie Covid-19

 

Didier Raoult cite une étude particulièrement intéressante sur l’obésité comme facteur de risque de mortalité en général et du Covid-19 en particulier : Tim LOBSTEIN (compiled by), Covid-19 and Obesity – The 2021 Atlas, World Obesity, 2021, [Texte en ligne].

Lire aussi :
Obesity and Covid-19: what makes obese host so vulnerable?, Immunity & Ageing, 04/01/2021.
Obesity & Covid-19, World Obesity.
Methil KANNAN KUTTY, Asita ELENGOE (editors), Obesity and its Impact on Health, 2021, [Texte en ligne].
Bulletin d’information scientifique, IHU Méditerranée Infection.
Données Covid-19 : Johns Hopkins UniversityOMSWorldometers.
Revue de presse Santé publique Monde, Monde en Question.
Revue de presse Santé publique Chine, Chine en Question.
Veille informationnelle Livres, Monde en Question.
Revue de presse, Monde en Question.

The Electrical Life of Louis Wain (2021)


 

Titre : The Electrical Life of Louis Wain – La vie extraordinaire de Louis Wain
Réalisateur : Will Sharpe
Acteurs : Benedict Cumberbatch, Claire Foy, Andrea Riseborough
Durée : 1h51
Année : 2021
Pays : Royaume-Uni
Genre : Biographie
Résumé : Focus sur le parcours du peintre anglais Louis Wain, connu pour ses représentations de chats notamment anthropomorphes avec de grands yeux. Il a développé des symptômes psychiatriques ressemblant à la schizophrénie. Aujourd’hui, les historiens pensent davantage au syndrome d’Asperger.
Fiche : IMDb
Partage déniché par Monde en Question
Avis de Monde en Question : La mise en scène et le jeu de Benedict Cumberbatch affadissent terriblement cette biographie.
Avis de : Sens Critique

Lire aussi :
Cinémathèque, Ciné Monde.
Articles Cinéma asiatique, Chine en Question.
Articles Cinéma occidental, Monde en Question.
Dossier Cinéma Royaume-Uni, Monde en Question.
Index Cinéma (Tous les dossiers), Monde en Question.
Veille informationnelle Cinéma, Monde en Question.
Revue de presse, Monde en Question.

La Russie de Poutine a-t-elle eu raison d’envahir l’Ukraine ?


C’est toujours en analysant les causes qu’on comprend un phénomène en général et en particulier un phénomène historique.

 

Daniel Vanhove est Observateur civil et membre du Mouvement Citoyen Palestine. Il a publié Si vous détruisez nos maisons, vous ne détruirez pas nos âmes en 2004 et La démocratie mensonge – Terrorisme, mondialisation, liberté, droit d’ingérence… ces prétextes qui nous arrangent ! en 2008.

Voici les premières lignes de son article Derrière la crise ukrainienne, c’est un nouvel ordre mondial qu’impulse Vladimir Poutine :

Arriva ce qui devait arriver : le président russe et son gouvernement infligent une leçon magistrale à l’incompétence et l’arrogante illégalité de l’Occident, mettant ce dernier en “échec et mat”.

L’on pensera ce que l’on veut de la situation, il faut au minimum reconnaître au président Poutine et l’ensemble du personnel politique russe qu’ils ont été d’une infinie patience tout au long d’une situation qui n’a cessé de se dégrader sous les coups fourrés de l’Occident via les basses manœuvres “otanesques” pilotées par Washington, et malgré les mises en garde répétées russes. Pour comprendre la décision russe, il convient de rappeler que depuis mai 2014 le président Poutine a refusé de reconnaître l’indépendance du Donbass et ses deux républiques populaires. Son plan n’est pas l’invasion de l’Ukraine qui ne l’intéresse pas, mais sa démilitarisation, sa neutralisation et le refus de la voir intégrer l’OTAN. Il vient d’ailleurs d’exhorter l’armée ukrainienne à renverser l’actuel gouvernement et à reprendre le contrôle du pays.

Lire la suite : Le Grand Soir

Bruno Guigue, ancien haut fonctionnaire du ministère de l’Intérieur (de 1990 à 2008), chercheur en philosophie politique, analyste politique français et rédacteur pour la revue Méthode fait l’analyse des causes :

 

Christelle Néant, dans le dernier rapport de situation hebdomadaire du Donbass, exprime sa surprise et sa satisfaction de l’intervention militaire russe, mais aussi sa crainte que l’engrenage militaire n’aboutisse à une occupation (non voulue mais de fait) qui serait désastreuse :

 

Lire aussi :
Dossier RUSSIE (avec liens téléchargement), Monde en Question.
Revue de presse Russie, Monde en Question.
Dossier UKRAINE (avec liens téléchargement), Monde en Question.
Revue de presse Ukraine, Monde en Question.

Judéophobie de médias « alternatifs »


 

Pour échapper au rouleau compresseur de la propagande de l’OTAN sur l’Ukraine via les médias européens, encore plus extrémistes que ceux des États-Unis, j’ai exploré quelques sites dits alternatifs.

L’un d’entre eux a publié l’article d’un certain Andrei :

La Russie offre du gaz bon marché à l’Allemagne et au reste de l’UE. Mais si ces derniers veulent tant plaire à l’oncle Shmuel qu’ils sont prêts à ruiner leur propre économie, la Russie a rempli ses obligations et ce n’est certainement pas sa faute si les Allemands renient maintenant (du moins le prétendent) leur part du marché.
La situation va rapidement s’aggraver, probablement dans les prochains jours, Le Saker Francophone, 23/02/2022

L’expression oncle Shmuel est utilisée de manière connotée à la place de celle d’oncle Sam sans que personne ne s’en aperçoive ni ne s’interroge sur cette substitution judéophobique travestie en anti-sionisme.

J’ai publié ce très court et très explicite commentaire Judeophobia of the author! sur le site américain The Saker. Il a été publié, mais non commenté à ce jour. Les commentaires sont comme par hasard fermés sur le site français.

Il faut savoir que Shmuel, traduit en français par Samuel, est le nom hébreu d’un prophète de la bible qui désigna les deux premiers rois d’Israël, Saül et David. Son nom est donc un symbole d’Eretz Israel.

Le problème est que les sites américains Moon of Alabama et The Saker, qui utilisent abondamment cette expression sans la justifier, sont relayés en France par Arrêt sur Info, Entelekheia [site inaccessible depuis le 01/07/2022], Le Grand Soir et Réseau International sans aucun commentaire critique [1].

Je n’ai malheureusement pas gardé trace du commentaire envoyé à Silvia Cattori il y a quelques années à propos du site Moon of Alabama. De mémoire, elle n’avait rien trouvé à critiquer. Dommage pour la cause palestinienne qu’elle défendait à l’époque !

25/02/2022
Serge LEFORT
Citoyen du Monde et rédacteur de Monde en Question

Lire aussi :
Dossier Propagande (avec liens téléchargement), Monde en Question.
Revue de presse, Monde en Question.


Notes et références


[1] Occurrences “Shmuel” :
Moon of Alabama
The Saker
Arrêt sur Info
Réseau International
Articles Moon of Alabama :
Arrêt sur Info
Entelekheia [site inaccessible depuis le 01/07/2022]
Le Grand Soir
Réseau International
Articles The Saker :
Arrêt sur Info
Entelekheia [site inaccessible depuis le 01/07/2022]
Le Grand Soir
Réseau International

Discours de Vladimir Poutine (24/02/2022)


 

Allocution du président de la Fédération de Russie, le 24 février 2022 à 6h00.

Chers concitoyens, chers amis,

Je considère qu’il est nécessaire aujourd’hui de parler à nouveau des événements tragiques du Donbass et des aspects essentiels assurant la sécurité de la Russie.

Je commencerai par ce que j’ai dit dans mon allocution du 21 février 2022. J’ai parlé de nos plus grandes préoccupations et inquiétudes, et des menaces fondamentales que des politiciens occidentaux irresponsables ont créées pour la Russie de manière constante, grossière et éhontée d’année en année. Je fais référence à l’expansion vers l’Est de l’OTAN, qui rapproche de plus en plus son infrastructure militaire de la frontière russe.

C’est un fait qu’au cours des 30 dernières années, nous avons patiemment tenté de parvenir à un accord avec les principaux pays de l’OTAN sur les principes d’une sécurité égale et indivisible en Europe. En réponse à nos propositions, nous avons invariablement été confrontés soit à des tromperies et des mensonges cyniques, soit à des tentatives de pression et de chantage, tandis que l’alliance nord-atlantique continuait de s’étendre malgré nos protestations et nos inquiétudes. Sa machine militaire est en marche et, comme je l’ai dit, s’approche de notre frontière même.

Pourquoi cela se produit-il ? D’où vient cette manière insolente de parler du haut de leur exceptionnalisme, de leur infaillibilité et de leur sans-gêne total ? Comment expliquer cette attitude méprisante et dédaigneuse envers nos intérêts et nos revendications absolument légitimes ?

La réponse est simple. Tout est clair et évident. À la fin des années 1980, l’Union soviétique s’est affaiblie puis s’est disloquée. Cette expérience devrait nous servir de bonne leçon, car elle nous a montré que la paralysie du pouvoir et de la volonté est le premier pas vers la dégradation et l’anéantissement complets. Nous n’avons perdu confiance qu’un instant, mais cela a suffi à bouleverser l’équilibre des forces dans le monde.

Par conséquent, les anciens traités et accords ne sont plus en vigueur. Les supplications et les demandes n’aident en rien. Tout ce qui ne convient pas à l’État dominant, aux pouvoirs en place, est dénoncé comme archaïque, obsolète et inutile. En même temps, tout ce qu’il considère comme utile est présenté comme la vérité ultime et imposé aux autres coûte que coûte, abusivement et par tous les moyens disponibles. Ceux qui refusent d’obtempérer sont soumis à des tactiques musclées.

Ce que je dis maintenant ne concerne pas seulement la Russie, et la Russie n’est pas le seul pays qui s’en inquiète. Cela touche l’ensemble du système des relations internationales, et parfois même les alliés des États-Unis. L’effondrement de l’Union soviétique a conduit à une redivision du monde, et les normes du droit international qui se sont développées à cette époque –et les plus importantes d’entre elles, les normes fondamentales qui ont été adoptées après la Seconde Guerre mondiale et ont largement formalisé son issue– ont barré le chemin de ceux qui se sont déclarés vainqueurs de la guerre froide.

Certes, la pratique, les relations internationales et les règles qui les régissent devaient tenir compte des changements intervenus dans le monde et dans l’équilibre des forces. Cependant, cela aurait dû être fait de manière professionnelle, en douceur, patiemment et en tenant dûment compte des intérêts de tous les États et en les respectant, et en ayant le sens de sa propre responsabilité. Au lieu de cela, nous avons vu un état d’euphorie créé par le sentiment de supériorité absolue, une sorte d’absolutisme moderne, associé aux normes culturelles basses et à l’arrogance de ceux qui ont formulé et imposé des décisions qui ne convenaient qu’à eux-mêmes. La situation a pris une autre tournure.

Il existe de nombreux exemples de cela. Une opération militaire sanglante a d’abord été menée contre Belgrade, sans l’approbation du Conseil de sécurité de l’ONU, mais avec des avions de combat et des missiles utilisés au cœur de l’Europe. Le bombardement de villes paisibles et d’infrastructures vitales a duré plusieurs semaines. Je dois rappeler ces faits, car certains collègues occidentaux préfèrent les oublier, et lorsque nous évoquons l’événement, ils préfèrent éviter de parler de droit international, mettant plutôt l’accent sur les circonstances qu’ils interprètent comme ils l’estiment nécessaire.

Puis vint le tour de l’Irak, de la Libye et de la Syrie. L’utilisation illégale de la puissance militaire contre la Libye et la déformation de toutes les décisions du Conseil de sécurité de l’ONU sur la Libye ont ruiné l’État, créé un immense siège du terrorisme international et poussé le pays vers une catastrophe humanitaire et dans le tourbillon d’une guerre civile, qui s’y poursuit depuis des années. La tragédie, qui a été créée pour des centaines de milliers, voire des millions de personnes non seulement en Libye mais dans toute la région, a entraîné un exode à grande échelle du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord vers l’Europe.

Un sort similaire était également préparé pour la Syrie. Les opérations de combat menées par la coalition occidentale dans ce pays sans l’approbation du gouvernement syrien ou la sanction du Conseil de sécurité de l’ONU ne peuvent être définies que comme une agression et une ingérence.

Mais l’exemple qui se démarque des événements ci-dessus est, bien sûr, l’invasion de l’Irak sans aucune base légale. Ils ont utilisé le prétexte d’informations prétendument fiables disponibles aux États-Unis sur la présence d’armes de destruction massive en Irak. Pour prouver cette allégation, le Secrétaire d’État américain a brandi une fiole de poudre blanche, assurant à la communauté internationale qu’il s’agissait d’un agent de guerre chimique créé en Irak. Il s’est avéré plus tard que tout cela était un faux et une imposture, et que l’Irak n’avait pas d’armes chimiques. Incroyable et choquant mais vrai. Nous avons été témoins de mensonges proférés au plus haut niveau de l’État et exprimés depuis la haute tribune de l’ONU.

Dans l’ensemble, il semble que presque partout, dans de nombreuses régions du monde où les États-Unis ont instauré leur loi et leur ordre, cela a créé des blessures sanglantes et non cicatrisantes et la malédiction du terrorisme international et de l’extrémisme. Je n’ai mentionné que les exemples les plus flagrants, mais loin d’être les seuls, de ce mépris du droit international.

Ce tableau comprend des promesses de ne pas étendre l’OTAN vers l’Est, pas même d’un pouce. Pour réitérer : ils nous ont trompés, ou, pour le dire simplement, ils nous ont joués. Bien sûr, on entend souvent dire que la politique est une sale affaire. Cela pourrait l’être, mais cela ne devrait pas être aussi sale qu’elle l’est maintenant, pas à ce point. Ce type de comportement d’escroc est contraire non seulement aux principes des relations internationales mais aussi et surtout aux normes morales et éthiques généralement reconnues. Où sont la justice et la vérité ici ? Juste des mensonges et de l’hypocrisie partout.

Incidemment, des politiciens, des politologues et des journalistes américains écrivent et disent qu’un véritable « empire du mensonge » s’est créé à l’intérieur des États-Unis ces dernières années. Il est difficile d’être en désaccord avec cela, car c’est vraiment le cas. Mais il ne faut pas être modeste : les États-Unis restent un grand pays et une puissance systémique. Tous leurs satellites non seulement leur disent humblement et docilement oui et répètent leurs déclarations comme des perroquets au moindre prétexte, mais aussi imitent leur comportement et acceptent avec enthousiasme les règles qu’ils leur proposent. Par conséquent, on peut dire avec raison et confiance que tout le soi-disant bloc occidental formé par les États-Unis à son image et à sa ressemblance est, dans son intégralité, ce même « empire du mensonge ».

Quant à notre pays, après la désintégration de l’URSS, compte tenu de toute l’ouverture sans précédent de la nouvelle Russie moderne, de sa volonté de travailler avec les États-Unis et d’autres partenaires occidentaux et de son désarmement pratiquement unilatéral, ils ont immédiatement tenté de nous porter le coup de grâce, de nous achever et de nous détruire complètement. Il en était ainsi dans les années 1990 et au début des années 2000, lorsque le soi-disant Occident collectif soutenait activement le séparatisme et les gangs de mercenaires dans le sud de la Russie. Que de victimes, que de pertes nous avons dû subir à ce moment-là avant de briser le dos du terrorisme international dans le Caucase ! Nous nous en souvenons et ne l’oublierons jamais.

À proprement parler, les tentatives de nous utiliser dans leur propre intérêt n’ont jamais cessé jusqu’à tout récemment : ils ont cherché à détruire nos valeurs traditionnelles et à nous imposer leurs fausses valeurs qui nous éroderaient, qui éroderaient notre peuple de l’intérieur, ils ont voulu nous imposer les attitudes qu’ils ont imposées de manière agressive à leurs pays, attitudes qui conduisent directement à la dégradation et à la dégénérescence, parce qu’elles sont contraires à la nature humaine. Cela n’arrivera pas. Personne n’a jamais réussi à faire cela, et ils ne réussiront pas non plus maintenant.

Malgré tout cela, en décembre 2021, nous avons fait une nouvelle tentative pour parvenir à un accord avec les États-Unis et leurs alliés sur les principes de la sécurité européenne et du non-élargissement de l’OTAN. Nos efforts ont été vains. Les États-Unis n’ont pas changé leur position. Ils ne pensent pas qu’il soit nécessaire de s’entendre avec la Russie sur une question cruciale pour nous. Les États-Unis poursuivent leurs propres objectifs, tout en négligeant nos intérêts.

Bien sûr, cette situation soulève une question : et ensuite, à quoi devons-nous nous attendre ? Si l’histoire est un guide, nous savons qu’en 1940 et au début de 1941, l’Union soviétique s’est donné beaucoup de mal pour empêcher la guerre ou au moins retarder son déclenchement. À cette fin, l’URSS a cherché à ne pas provoquer l’agresseur potentiel jusqu’au bout en s’abstenant ou en reportant les préparatifs les plus urgents et les plus évidents qu’elle devait faire pour se défendre d’une attaque imminente. Quand elle a finalement agi, il était trop tard.

En conséquence, le pays n’était pas prêt à contrer l’invasion de l’Allemagne nazie, qui a attaqué notre patrie le 22 juin 1941, sans déclarer la guerre. Le pays a arrêté l’ennemi et a fini par le vaincre, mais cela a coûté très cher. La tentative d’apaiser l’agresseur avant la Grande Guerre patriotique s’est avérée être une erreur qui a coûté cher à notre peuple. Dans les premiers mois qui ont suivi le déclenchement des hostilités, nous avons perdu de vastes territoires d’importance stratégique, ainsi que des millions de vies. Nous ne commettrons pas cette erreur une deuxième fois. Nous n’avons pas le droit de le faire.

Ceux qui aspirent à la domination mondiale ont publiquement désigné la Russie comme leur ennemi. Ils l’ont fait en toute impunité. Ne vous y trompez pas, ils n’avaient aucune raison d’agir ainsi. Il est vrai qu’ils disposent de capacités financières, scientifiques, technologiques et militaires considérables. Nous en sommes conscients et avons une vision objective des menaces économiques que nous entendons, tout comme de notre capacité à contrer ce chantage effronté et sans fin. Permettez-moi de répéter que nous ne nous faisons aucune illusion à cet égard et que nous sommes extrêmement réalistes dans nos évaluations.

En ce qui concerne les affaires militaires, même après la dissolution de l’URSS et la perte d’une partie considérable de ses capacités, la Russie d’aujourd’hui reste l’un des États nucléaires les plus puissants. De plus, nous avons un avantage certain dans plusieurs armes de pointe. Dans ce contexte, il ne doit y avoir aucun doute pour quiconque que tout agresseur potentiel subira une défaite et des conséquences terribles s’il attaque directement notre pays.

Dans le même temps, la technologie, y compris dans le secteur de la défense, évolue rapidement. Un jour, il y a un dirigeant, et demain un autre, mais une présence militaire dans les territoires voisins de la Russie, si nous lui permettons d’aller de l’avant, restera pendant des décennies ou peut-être pour toujours, créant une menace toujours croissante et totalement inacceptable pour la Russie.

Même maintenant, avec l’expansion de l’OTAN vers l’Est, la situation de la Russie s’aggrave et devient de plus en plus dangereuse d’année en année. De plus, ces derniers jours, les dirigeants de l’OTAN ont été directs dans leurs déclarations selon lesquelles ils doivent accélérer et intensifier leurs efforts pour rapprocher l’infrastructure de l’Alliance des frontières de la Russie. En d’autres termes, ils ont durci leur position. Nous ne pouvons pas rester les bras croisés et observer passivement ces évolutions. Ce serait une chose absolument irresponsable à faire pour nous.

Toute nouvelle expansion de l’infrastructure de l’Alliance de l’Atlantique Nord ou les efforts en cours pour prendre pied militairement sur le territoire ukrainien sont inacceptables pour nous. Bien sûr, la question ne concerne pas l’OTAN elle-même. Elle sert simplement d’outil de la politique étrangère américaine. Le problème est que sur le territoire voisin de la Russie, dont je dois souligner qu’il s’agit de notre terre historique, une « anti-Russie » hostile prend forme. Entièrement contrôlée de l’extérieur, elle fait tout pour attirer les forces armées de l’OTAN et se doter d’armements de pointe.

Pour les États-Unis et leurs alliés, il s’agit d’une politique d’endiguement de la Russie, avec des dividendes géopolitiques évidents. Pour notre pays, c’est une question de vie ou de mort, une question de notre avenir historique en tant que nation. Ce n’est pas une exagération ; c’est un fait. Ce n’est pas seulement une menace très réelle pour nos intérêts, mais aussi pour l’existence même de notre État et pour sa souveraineté. C’est la ligne rouge dont nous avons parlé à maintes reprises. Ils l’ont franchie.

Cela m’amène à la situation dans le Donbass. Nous pouvons voir que les forces qui ont organisé le coup d’État en Ukraine en 2014 ont pris le pouvoir, le conservent à l’aide de procédures électorales ornementales et ont abandonné la voie d’un règlement pacifique du conflit. Depuis huit ans, depuis huit années sans fin, nous avons tout fait pour régler la situation par des moyens politiques pacifiques. Tout nos efforts furent vains.

Comme je l’ai dit dans mon allocution précédente, vous ne pouvez pas regarder sans compassion ce qui se passe là-bas. Il devenait impossible de le tolérer. Il fallait arrêter cette atrocité, ce génocide des millions de personnes qui y vivent et qui plaçaient leurs espoirs sur la Russie, sur nous tous. Ce sont leurs aspirations, les sentiments et la douleur de ces personnes qui ont été le principal moteur de notre décision de reconnaître l’indépendance des républiques populaires du Donbass.

Je voudrais en outre souligner ce qui suit. Concentrés sur leurs propres objectifs, les principaux pays de l’OTAN soutiennent les nationalistes d’extrême droite et les néonazis en Ukraine, ceux qui ne pardonneront jamais aux peuples de Crimée et de Sébastopol d’avoir librement choisi de se réunifier à la Russie.

Ils essaieront sans aucun doute de faire la guerre en Crimée comme ils l’ont fait dans le Donbass, de tuer des innocents comme l’ont fait les membres des unités punitives des nationalistes ukrainiens et les complices d’Hitler pendant la Grande Guerre patriotique. Ils ont aussi ouvertement revendiqué plusieurs autres régions russes.

Si nous regardons la séquence des événements et les rapports qui nous parviennent, la confrontation entre la Russie et ces forces ne peut être évitée. Ce n’est qu’une question de temps. Ils se préparent et attendent le bon moment. De plus, ils sont allés jusqu’à aspirer à acquérir des armes nucléaires. Nous ne laisserons pas cela se produire.

J’ai déjà dit que la Russie a accepté la nouvelle réalité géopolitique après la dissolution de l’URSS. Nous avons traité tous les nouveaux États post-soviétiques avec respect et continuerons d’agir de cette façon. Nous respectons et respecterons leur souveraineté, comme le prouve l’assistance que nous avons apportée au Kazakhstan lorsqu’il a été confronté à des événements tragiques et à une remise en cause de son statut d’État et de son intégrité. Cependant, la Russie ne peut pas se sentir en sécurité, se développer et exister face à une menace permanente venant du territoire de l’Ukraine d’aujourd’hui.

Permettez-moi de vous rappeler qu’en 2000-2005, nous avons utilisé notre armée pour repousser les terroristes dans le Caucase et avons défendu l’intégrité de notre État. Nous avons préservé la Russie. En 2014, nous avons soutenu les habitants de Crimée et de Sébastopol. En 2015, nous avons utilisé nos forces armées pour créer un bouclier fiable qui a empêché les terroristes syriens de pénétrer en Russie. Il s’agissait de nous défendre. Nous n’avions pas d’autre choix.

La même chose se passe aujourd’hui. Ils ne nous ont laissé aucune autre option pour défendre la Russie et notre peuple que celle que nous sommes obligés d’utiliser aujourd’hui. Dans ces circonstances, nous devons prendre des mesures audacieuses et immédiates. Les républiques populaires du Donbass ont demandé de l’aide à la Russie.

Dans ce contexte, conformément au chapitre VII, article 51 de la Charte des Nations Unies, avec l’autorisation du Conseil de la Fédération de Russie et en exécution des traités d’amitié et d’assistance mutuelle avec la République populaire de Donetsk et la République populaire de Lougansk, ratifiés par l’Assemblée fédérale le 22 février, j’ai pris la décision de mener une opération militaire spéciale.

Le but de cette opération est de protéger des personnes qui, depuis maintenant huit ans, font face à l’humiliation et au génocide perpétrés par le régime de Kiev. À cette fin, nous nous efforcerons de démilitariser et de dénazifier l’Ukraine, ainsi que de traduire en justice ceux qui ont perpétré de nombreux crimes sanglants contre des civils, y compris contre des citoyens de la Fédération de Russie.

Nous n’avons pas de plan d’occupation du territoire ukrainien. Nous n’avons pas l’intention d’imposer quoi que ce soit à qui que ce soit par la force. Dans le même temps, nous avons entendu un nombre croissant de déclarations venant de l’Occident selon lesquelles il n’est plus nécessaire de se conformer aux documents énonçant les résultats de la Seconde Guerre mondiale, tels qu’ils ont été signés par le régime soviétique totalitaire. Comment pouvons-nous répondre à cela ?

Les résultats de la Seconde Guerre mondiale et les sacrifices que notre peuple a dû faire pour vaincre le nazisme sont sacrés. Cela ne contredit pas les hautes valeurs des droits de l’homme et des libertés dans la réalité qui a émergé au cours des décennies d’après-guerre. Cela ne signifie pas que les nations ne peuvent pas jouir du droit à l’autodétermination, qui est inscrit dans l’article 1 de la Charte des Nations Unies.

Permettez-moi de vous rappeler qu’on n’a pas demandé aux habitants des territoires qui font partie de l’Ukraine d’aujourd’hui comment ils voulaient construire leur vie lors de la création de l’URSS ou après la Seconde Guerre mondiale. La liberté guide notre politique, la liberté de choisir en toute indépendance notre avenir et celui de nos enfants. Nous pensons que tous les peuples vivant dans l’Ukraine d’aujourd’hui, tous ceux qui le souhaitent, doivent pouvoir jouir de ce droit de faire un choix libre.

Dans ce contexte, je voudrais m’adresser aux citoyens ukrainiens. En 2014, la Russie a été obligée de protéger les habitants de Crimée et de Sébastopol de ceux que vous appelez vous-même les « nats ». Les habitants de Crimée et de Sébastopol ont choisi d’être avec leur patrie historique, la Russie, et nous avons soutenu leur choix. Comme je l’ai dit, nous ne pouvions pas agir autrement.

Les événements actuels n’ont rien à voir avec une volonté de porter atteinte aux intérêts de l’Ukraine et du peuple ukrainien. Ils sont liés à la défense de la Russie contre ceux qui ont pris l’Ukraine en otage et tentent de l’utiliser contre notre pays et notre peuple.

Je le répète : nous agissons pour nous défendre des menaces créées pour nous et d’un péril pire que ce qui se passe actuellement. Je vous demande, aussi difficile que cela puisse être, de le comprendre et de travailler avec nous pour tourner au plus vite cette page tragique et avancer ensemble, sans que personne ne s’immisce dans nos affaires et nos relations mais en les développant indépendamment, afin de créer des conditions favorables pour surmonter tous ces problèmes et nous renforcer de l’intérieur comme un tout, malgré l’existence de frontières étatiques. Je crois en cela, en notre avenir commun.

Je voudrais également m’adresser au personnel militaire des forces armées ukrainiennes.

Camarades, vos pères, grands-pères et arrière-grands-pères n’ont pas combattu les occupants nazis et n’ont pas défendu notre patrie commune pour permettre aux néo-nazis d’aujourd’hui de prendre le pouvoir en Ukraine. Vous avez prêté serment d’allégeance au peuple ukrainien et non à la junte, l’adversaire du peuple qui pille l’Ukraine et humilie le peuple ukrainien.

Je vous exhorte à refuser d’exécuter leurs ordres criminels. Je vous exhorte à déposer immédiatement les armes et à rentrer chez vous. Je vais expliquer ce que cela signifie : les militaires de l’armée ukrainienne qui le font pourront librement quitter la zone des hostilités et retourner dans leurs familles.

Je tiens à souligner à nouveau que toute la responsabilité d’un éventuel bain de sang incombera pleinement et entièrement au régime ukrainien au pouvoir.

Maintenant quelques mots importants, très importants pour ceux qui seraient tentés d’intervenir dans les événements en cours. Quiconque essaie de nous entraver, et plus encore de créer des menaces pour notre pays, pour notre peuple, doit savoir que la réponse de la Russie sera immédiate et vous conduira à des conséquences que vous n’avez jamais connues dans votre histoire. Nous sommes prêts pour tout développement. Toutes les décisions nécessaires à cet égard ont été prises. J’espère que je serai entendu.

Chers citoyens de Russie !

Le bien-être, l’existence même d’États et de peuples entiers, leur succès et leur viabilité trouvent toujours leur origine dans le puissant système de leurs racines, de leur culture et de leurs valeurs, de l’expérience et des traditions de leurs ancêtres et, bien sûr, dépendent directement de la capacité à s’adapter rapidement à une vie en constante évolution, de la cohésion de la société, de sa volonté de se consolider, de rassembler toutes les forces pour aller de l’avant.

Les forces sont toujours nécessaires –toujours, mais la force peut être de qualité différente. Au cœur de la politique de « l’empire du mensonge », dont je parlais au début de son discours, se trouve d’abord la force brute et directe. Dans de tels cas, nous disons : « Tout dans les bras, rien dans la tête. »

Et vous et moi savons que la vraie force est dans la justice et la vérité, qui sont de notre côté. Et s’il en est ainsi, il est difficile d’être en désaccord avec le fait que ce sont la force et la volonté de se battre qui sous-tendent l’indépendance et la souveraineté, qui sont le fondement nécessaire sur lequel vous ne pouvez que construire votre avenir de manière fiable, construire votre maison, votre famille, votre patrie.

Chers compatriotes !

Je suis convaincu que les soldats et les officiers des Forces armées russes dévoués à leur pays rempliront leur devoir avec professionnalisme et courage. Je suis convaincu que tous les niveaux de gouvernement, les spécialistes responsables de la stabilité de notre économie, de notre système financier, de la sphère sociale, les chefs de nos entreprises et toutes les entreprises russes agiront de manière coordonnée et efficace. Je compte sur une position consolidée et patriotique de tous les partis parlementaires et des forces publiques.

En fin de compte, comme cela a toujours été le cas dans l’histoire, le destin de la Russie est entre les mains fiables de notre peuple multiethnique. Et cela signifie que les décisions prises seront mises en œuvre, les objectifs fixés seront atteints, et la sécurité de notre patrie sera garantie de manière fiable.

Je crois en votre soutien, en cette force invincible que nous donne notre amour pour la Patrie.

Source : Address by the President of the Russian Federation, President of Russia
Traduction : Le Cri des Peuples

Lire aussi :
L’ultimatum de la Russie aux pays membres de l’OTAN, Le Cri des Peuples, 04/02/2022.
Dossier RUSSIE (avec liens téléchargement), Monde en Question.
Revue de presse Russie, Monde en Question.
Dossier UKRAINE (avec liens téléchargement), Monde en Question.
Revue de presse Ukraine, Monde en Question.

Discours de Vladimir Poutine (21/02/2022)


Allocution du Président de la Fédération de Russie, le 21 février 2022 à 22h35.

Mon discours concerne les événements en Ukraine et la raison pour laquelle cette question est si importante pour nous, pour la Russie. Bien entendu, mon message s’adresse également à nos compatriotes en Ukraine.

La question est très grave et doit être discutée en profondeur.

La situation dans le Donbass a atteint un stade critique et aigu. Je m’adresse directement à vous aujourd’hui, non seulement pour vous expliquer ce qui se passe, mais aussi pour vous informer des décisions qui sont prises ainsi que d’éventuelles étapes ultérieures.

Je voudrais souligner à nouveau que l’Ukraine n’est pas seulement un pays voisin pour nous. C’est une partie inaliénable de notre propre histoire, de notre culture et de notre espace spirituel. Ce sont nos camarades, ceux qui nous sont les plus chers – non seulement des collègues, des amis et des personnes qui ont autrefois servi ensemble, mais aussi des parents, des personnes liées par le sang, par des liens familiaux.

Depuis des temps immémoriaux, les habitants du sud-ouest de ce qui a été historiquement la terre russe se sont appelés Russes et Chrétiens Orthodoxes. Ce fut le cas avant le XVIIe siècle, lorsqu’une partie de ce territoire rejoignit l’État russe, et après.

Il nous semble que, d’une manière générale, nous connaissons tous ces faits, que c’est de notoriété publique. Pourtant, il est nécessaire de dire au moins quelques mots sur l’histoire de cette question afin de comprendre ce qui se passe aujourd’hui, d’expliquer les motifs derrière les actions de la Russie et ce que nous visons à réaliser.

Donc, je commencerai par le fait que l’Ukraine moderne a été entièrement créée par la Russie ou, pour être plus précis, par la Russie bolchevique, communiste. Ce processus a commencé pratiquement juste après la révolution de 1917, et Lénine et ses associés l’ont fait d’une manière extrêmement dure pour la Russie – en séparant ce qui est historiquement la terre russe. Personne n’a demandé aux millions de personnes qui y vivaient ce qu’ils en pensaient.

Puis, avant et après la Grande Guerre patriotique, Staline l’a incorporée à l’URSS et a transféré à l’Ukraine des terres qui appartenaient auparavant à la Pologne, à la Roumanie et à la Hongrie. Dans le processus, il a donné à la Pologne une partie de ce qui était traditionnellement des terres allemandes à titre de compensation, et en 1954, Khrouchtchev a enlevé la Crimée à la Russie pour une raison quelconque et l’a également donnée à l’Ukraine. En effet, c’est ainsi que s’est formé le territoire de l’Ukraine moderne.

Mais maintenant, je voudrais attirer l’attention sur la période initiale de la formation de l’URSS. Je crois que c’est extrêmement important pour nous. Je vais devoir l’aborder de loin, pour ainsi dire.

Je vous rappelle qu’après la révolution d’octobre 1917 et la guerre civile qui a suivi, les bolcheviks se sont mis à créer un nouvel État. Ils avaient entre eux d’assez sérieux désaccords sur ce point. En 1922, Staline occupait les postes de Secrétaire général du Parti communiste russe (bolcheviks) et de Commissaire du peuple aux affaires ethniques. Il a suggéré de construire le pays sur les principes de l’autonomisation, c’est-à-dire de donner aux républiques –les futures entités administratives et territoriales– de larges pouvoirs lors de leur adhésion à un État unifié.

Lénine critiqua ce plan et proposa de faire des concessions aux nationalistes, qu’il qualifiait alors d’ « indépendants ». Les idées de Lénine sur ce qui équivalait essentiellement à un arrangement d’État confédératif et à un slogan sur le droit des nations à l’autodétermination, jusqu’à la sécession, ont été posées à la base de l’État soviétique. Initialement, elles ont été confirmées dans la Déclaration sur la formation de l’URSS en 1922, et plus tard, après la mort de Lénine, ont été inscrites dans la Constitution soviétique de 1924.

Cela soulève immédiatement de nombreuses questions. La première est vraiment la principale : pourquoi était-il nécessaire d’apaiser les nationalistes, de satisfaire les ambitions nationalistes sans cesse croissantes à la périphérie de l’ancien empire ? Quel était l’intérêt de transférer aux nouvelles unités administratives, souvent arbitrairement formées –les républiques fédérées– de vastes territoires qui n’avaient rien à voir avec elles ? Permettez-moi de répéter que ces territoires ont été transférés avec la population de ce qui était historiquement la Russie.

De plus, ces unités administratives ont reçu de facto le statut et la forme d’entités étatiques nationales. Cela soulève une autre question : pourquoi était-il nécessaire de faire des dons aussi généreux, au-delà des rêves les plus fous des nationalistes les plus zélés et, en plus de tout cela, de donner aux républiques le droit de faire sécession de l’État unifié sans aucune condition ?

À première vue, cela semble absolument incompréhensible, voire fou. Mais seulement à première vue. Il y a une explication. Après la révolution, l’objectif principal des bolcheviks était de rester au pouvoir à tout prix, absolument à tout prix. Ils ont tout fait dans ce but : ils ont accepté l’humiliant Traité de Brest-Litovsk, bien que la situation militaire et économique de l’Allemagne kaiserienne et de ses alliés fut dramatique et que l’issue de la Première Guerre mondiale soit courue d’avance, et ils ont satisfait toutes les exigences et souhaits des nationalistes à l’intérieur du pays.

En ce qui concerne le destin historique de la Russie et de ses peuples, les principes de développement de l’État de Lénine n’étaient pas simplement une erreur ; c’était pire qu’une erreur, comme dit le proverbe. Cela est devenu évident après la dissolution de l’Union soviétique en 1991.

Bien sûr, nous ne pouvons pas changer les événements passés, mais nous devons au moins les admettre ouvertement et honnêtement, sans aucune réserve ni politicaillerie. Personnellement, je peux ajouter qu’aucun facteur politique, aussi impressionnant ou profitable qu’il puisse paraître à un moment donné, ne peut ou ne doit être utilisé comme principe fondamental d’un État.

Je n’essaie pas de rejeter la faute sur qui que ce soit. La situation dans le pays à cette époque, tant avant qu’après la guerre civile, était extrêmement compliquée ; elle était critique. La seule chose que je voudrais dire aujourd’hui, c’est que les choses étaient exactement comme ça. C’est un fait historique. En fait, comme je l’ai déjà dit, l’Ukraine soviétique est le résultat de la politique des bolcheviks et peut à juste titre être appelée « l’Ukraine de Vladimir Ilitch Lénine ». Il en a été le créateur et l’architecte. Ceci est entièrement et complètement corroboré par des documents d’archives, y compris les dures instructions de Lénine concernant le Donbass, qui a en fait été poussé en Ukraine. Et aujourd’hui, la « progéniture reconnaissante » a renversé les monuments de Lénine en Ukraine. Ils appellent cela la décommunisation.

Vous voulez la décommunisation ? Très bien, cela nous convient très bien. Mais pourquoi s’arrêter à mi-chemin ? Nous sommes prêts à montrer ce que signifieraient de véritables décommunisations pour l’Ukraine.

Pour en revenir à l’histoire, je voudrais répéter que l’Union soviétique a été créée à la place de l’ancien Empire russe en 1922. Mais la pratique a montré immédiatement qu’il était impossible de préserver ou de gouverner un territoire aussi vaste et complexe sur les principes amorphes qui équivalaient à la confédération. Ils étaient très éloignés de la réalité et de la tradition historique.
Il est logique que la Terreur rouge et un glissement rapide vers la dictature de Staline, la domination de l’idéologie communiste et le monopole du Parti communiste sur le pouvoir, la nationalisation et l’économie planifiée –tout cela a transformé les principes de gouvernement formellement déclarés mais inefficaces en une simple déclaration. En réalité, les républiques fédérées n’avaient aucun droit souverain, aucun. Le résultat pratique a été la création d’un État étroitement centralisé et absolument unitaire.

En fait, les principes de gouvernement que Staline a pleinement mis en œuvre n’étaient pas ceux de Lénine mais les siens propres. Mais il n’a pas apporté les modifications qui s’ensuivaient aux documents fondamentaux, à la Constitution, et il n’a pas formellement révisé les principes de Lénine qui sous-tendent l’Union soviétique. À première vue, cela ne semblait pas nécessaire, car tout semblait bien fonctionner dans les conditions du régime totalitaire et, extérieurement, cela avait l’air merveilleux, attrayant et même super-démocratique.

Et pourtant, il est bien dommage que les fondements structurels et formellement légaux de notre État n’aient pas été promptement nettoyés des fantasmes odieux et utopiques inspirés par la révolution, qui sont absolument destructeurs pour tout État normal. Comme cela arrivait souvent dans notre pays auparavant, personne ne pensait à l’avenir.

Il semble que les dirigeants du Parti communiste étaient convaincus qu’ils avaient créé un système de gouvernement solide et que leur politique avait définitivement réglé la question ethnique. Mais la manipulation, les idées fausses et la falsification de l’opinion publique ont un coût élevé. Le virus des ambitions nationalistes est toujours avec nous, et la mine posée au stade initial pour détruire l’immunité de l’État contre la maladie du nationalisme faisait tic tac. Comme je l’ai déjà dit, la mine était le droit de sécession de l’Union soviétique.

Au milieu des années 1980, les problèmes socio-économiques croissants et la crise apparente de l’économie planifiée ont aggravé la question ethnique, qui ne reposait fondamentalement pas sur des attentes ou des rêves non réalisés des peuples soviétiques, mais principalement sur les appétits croissants des élites locales.

Cependant, au lieu d’analyser la situation, de prendre les mesures appropriées, d’abord sur le plan économique, et de transformer progressivement le système politique et le gouvernement de manière réfléchie et équilibrée, la direction du Parti communiste n’a fait que se livrer à un double discours ouvert sur la relance du Principe léniniste de l’autodétermination nationale.

De plus, au cours de la lutte pour le pouvoir au sein du Parti communiste lui-même, chacun des camps opposés, dans le but d’élargir sa base de soutien, a commencé à inciter et à encourager sans réfléchir les sentiments nationalistes, les manipulant et promettant à ses partisans potentiels tout ce qu’ils souhaitaient. Sur fond de rhétorique superficielle et populiste sur la démocratie et un avenir radieux fondé soit sur une économie de marché soit sur une économie planifiée, mais sur fond d’un véritable appauvrissement des populations et de pénuries généralisées, personne au pouvoir ne pensait aux conséquences tragiques inévitables pour le pays.

Ensuite, ils s’engagèrent entièrement sur la voie battue à la naissance de l’URSS et se plièrent aux ambitions des élites nationalistes nourries dans les rangs de leur propre parti. Mais ce faisant, ils ont oublié que le PCUS n’avait plus –Dieu merci– les outils pour conserver le pouvoir et le pays lui-même, des outils tels que la terreur d’État et une dictature de type stalinienne, et que le rôle notoire du parti comme guide était en train de disparaître sans laisser de trace, comme une brume matinale, juste devant leurs yeux.

Puis la session plénière de septembre 1989 du Comité central du PCUS a approuvé un document vraiment fatal, la soi-disant politique ethnique du parti dans les conditions modernes, la plate-forme du PCUS. Il comportait les dispositions suivantes, je cite : « Les républiques de l’URSS possèderont tous les droits propres à leur statut d’États socialistes souverains. »

Le point suivant : « Les organes représentatifs suprêmes du pouvoir des républiques de l’URSS peuvent contester et suspendre l’application des résolutions et directives du gouvernement de l’URSS sur leur territoire. »

Et enfin : « Chaque république de l’URSS aura sa propre citoyenneté, qui s’appliquera à tous ses résidents. »

N’était-il pas clair à quoi mèneraient ces formules et ces décisions ?

Ce n’est ni le moment ni le lieu d’aborder des questions relatives au droit étatique ou constitutionnel, ou de définir le concept de citoyenneté. Mais on peut se demander : pourquoi était-il nécessaire de secouer encore plus le pays dans cette situation déjà compliquée ? Les faits demeurent.

Même deux ans avant l’effondrement de l’URSS, son sort était en fait prédéterminé. Aujourd’hui, les radicaux et les nationalistes, y compris et principalement ceux d’Ukraine, s’attribuent le mérite d’avoir obtenu l’indépendance. Comme nous pouvons le voir, c’est absolument faux. La désintégration de notre pays uni a été provoquée par les erreurs historiques et stratégiques des dirigeants bolcheviks et de la direction du PCUS, erreurs commises à différents moments dans la construction de l’État et dans les politiques économiques et ethniques. L’effondrement de la Russie historique connue sous le nom d’URSS est sur leur conscience.

Malgré toutes ces injustices, mensonges et pillage pur et simple de la Russie, c’est notre peuple qui a accepté la nouvelle réalité géopolitique qui a pris forme après la dissolution de l’URSS et a reconnu les nouveaux États indépendants. Non seulement la Russie a reconnu ces pays, mais elle a aidé ses partenaires de la CEI, même si elle était elle-même confrontée à une situation très grave. Cela comprenait nos collègues ukrainiens, qui se sont tournés vers nous pour obtenir un soutien financier à de nombreuses reprises dès le moment où ils ont déclaré leur indépendance. Notre pays a fourni cette assistance dans le respect de la dignité et de la souveraineté de l’Ukraine.

Selon des évaluations d’experts, confirmées par un simple calcul de nos prix de l’énergie, des prêts subventionnés que la Russie a accordés à l’Ukraine ainsi que des préférences économiques et commerciales, le bénéfice global pour le budget ukrainien au cours de la période de 1991 à 2013 s’est élevé à 250 milliards de dollars.

Cependant, il y avait plus que cela. À la fin de 1991, l’URSS devait quelque 100 milliards de dollars à d’autres pays et à des fonds internationaux. Au départ, il y avait cette idée que toutes les anciennes républiques soviétiques rembourseraient ces emprunts ensemble, dans un esprit de solidarité et proportionnellement à leur potentiel économique. Cependant, la Russie s’est engagée à rembourser toutes les dettes soviétiques et a tenu cette promesse en achevant ce processus en 2017.

En échange de cela, les États nouvellement indépendants devaient céder à la Russie une partie des avoirs extérieurs soviétiques. Un accord à cet effet a été conclu avec l’Ukraine en décembre 1994. Cependant, Kiev n’a pas ratifié ces accords et a ensuite simplement refusé de les honorer en exigeant une part du Trésor du diamant, des réserves d’or, ainsi que des biens de l’ex-URSS et d’autres biens. actifs à l’étranger.

Néanmoins, malgré tous ces défis, la Russie a toujours travaillé avec l’Ukraine de manière ouverte et honnête et, comme je l’ai déjà dit, dans le respect de ses intérêts. Nous avons développé nos liens dans de multiples domaines. Ainsi, en 2011, le commerce bilatéral a dépassé 50 milliards de dollars. Permettez-moi de noter qu’en 2019, c’est-à-dire avant la pandémie, le commerce de l’Ukraine avec tous les pays de l’UE réunis était inférieur à cet indicateur.

Dans le même temps, il est frappant de constater que les autorités ukrainiennes ont toujours préféré traiter avec la Russie d’une manière qui garantisse qu’elles jouissent de tous les droits et privilèges tout en restant libres de toute obligation.

Les responsables de Kiev ont remplacé le partenariat par une attitude parasitaire agissant parfois de manière extrêmement effrontée. Qu’il suffise de rappeler le chantage continu sur les transits d’énergie et le fait qu’ils volaient littéralement du gaz.

Je peux ajouter que Kiev a essayé d’utiliser le dialogue avec la Russie comme monnaie d’échange dans ses relations avec l’Occident, utilisant la menace de liens plus étroits avec la Russie pour faire chanter l’Occident afin d’obtenir des préférences, en affirmant que sinon, la Russie aurait une plus grande influence en Ukraine.

Dans le même temps, les autorités ukrainiennes –je voudrais le souligner– ont commencé par construire leur État sur la négation de tout ce qui nous unissait, essayant de déformer la mentalité et la mémoire historique de millions de personnes, de générations entières vivant en Ukraine. Il n’est pas surprenant que la société ukrainienne ait été confrontée à la montée du nationalisme d’extrême droite, qui s’est rapidement transformé en russophobie agressive et en néonazisme. Cela a abouti à la participation de nationalistes ukrainiens et de néonazis aux actions des groupes terroristes du Caucase du Nord et aux revendications territoriales de plus en plus fortes sur la Russie.

Un rôle a été joué à cet égard par des forces extérieures, qui ont utilisé un réseau ramifié d’ONG et de services spéciaux pour nourrir leurs clients en Ukraine et de faire parvenir leurs représentants au pouvoir.

Il convient de noter que l’Ukraine n’a en fait jamais eu de traditions stables d’État réel. Et, par conséquent, en 1991, l’Ukraine a opté pour l’émulation aveugle de modèles étrangers, qui n’ont aucun rapport avec l’histoire ou les réalités ukrainiennes. Les institutions gouvernementales politiques ont été réajustées à plusieurs reprises aux clans en croissance rapide et à leurs intérêts égoïstes, qui n’avaient rien à voir avec les intérêts du peuple ukrainien.

Essentiellement, le soi-disant choix civilisationnel pro-occidental fait par les autorités oligarchiques ukrainiennes n’était pas et n’est pas destiné à créer de meilleures conditions dans l’intérêt du bien-être des gens, mais à garder les milliards de dollars que les oligarques ont volés aux Ukrainiens et détiennent dans leurs comptes dans les banques occidentales, tout en accueillant avec révérence les rivaux géopolitiques de la Russie.

Certains groupes industriels et financiers ainsi que les partis et hommes politiques à leur solde se sont appuyés dès le départ sur les nationalistes et les radicaux. D’autres se sont déclarés favorables aux bonnes relations avec la Russie et à la diversité culturelle et linguistique, accédant au pouvoir avec l’aide de leurs citoyens qui soutenaient sincèrement leurs aspirations déclarées, y compris les millions de personnes dans les régions du sud-est. Mais après avoir obtenu les postes qu’ils convoitaient, ces gens ont immédiatement trahi leurs électeurs, revenant sur leurs promesses électorales et menant à la place une politique impulsée par les radicaux et persécutant même parfois leurs anciens alliés –les organisations publiques qui soutenaient le bilinguisme et la coopération avec la Russie. Ces personnes ont profité du fait que leurs électeurs étaient pour la plupart des citoyens respectueux des lois, aux opinions modérées, qui faisaient confiance aux autorités et que, contrairement aux radicaux, ils n’agiraient pas de manière agressive ou n’utiliseraient pas d’instruments illégaux.

Pendant ce temps, les radicaux sont devenus de plus en plus effrontés dans leurs actions et ont formulé plus d’exigences chaque année. Ils ont trouvé facile d’imposer leur volonté aux autorités faibles, qui étaient également infectées par le virus du nationalisme et de la corruption et qui ont astucieusement remplacé les véritables intérêts culturels, économiques et sociaux du peuple et la véritable souveraineté de l’Ukraine par diverses spéculations ethniques et attributs ethniques formels.

Un État stable ne s’est jamais développé en Ukraine ; ses procédures électorales et autres procédures politiques ne servent que de couverture, de paravent pour la redistribution du pouvoir et des biens entre divers clans oligarchiques.

La corruption, qui est certainement un défi et un problème pour de nombreux pays, dont la Russie, a dépassé le cadre habituel en Ukraine. Elle a littéralement imprégné et corrodé l’État ukrainien, l’ensemble du système et toutes les branches du pouvoir.

Les nationalistes radicaux ont profité du mécontentement public justifié et ont accaparé la manifestation de Maïdan, l’amenant à un coup d’État en 2014. Ils ont également bénéficié d’une aide directe d’États étrangers. Selon des informations, l’ambassade des États-Unis a fourni 1 million de dollars par jour pour soutenir le soi-disant camp de protestation sur la place de l’Indépendance à Kiev. De plus, des sommes importantes ont été impudemment transférées directement sur les comptes bancaires des dirigeants de l’opposition, des dizaines de millions de dollars. Mais les personnes qui ont réellement souffert, les familles de ceux qui sont morts dans les affrontements provoqués dans les rues et les places de Kiev et d’autres villes, combien ont-ils finalement touché ? Mieux vaut ne pas poser la question.

Les nationalistes qui ont pris le pouvoir ont déclenché une persécution, une véritable campagne de terreur contre ceux qui s’opposaient à leurs actions anticonstitutionnelles. Des politiciens, des journalistes et des militants publics ont été harcelés et publiquement humiliés. Une vague de violence a balayé les villes ukrainiennes, y compris une série de meurtres très médiatisés et impunis. On frémit au souvenir de la terrible tragédie d’Odessa, où des manifestants pacifiques ont été brutalement assassinés, brûlés vifs dans la Maison des syndicats. Les criminels qui ont commis cette atrocité n’ont jamais été punis et personne ne les recherche même. Mais nous connaissons leurs noms et nous ferons tout pour les punir, les retrouver et les traduire en justice.

Maïdan n’a pas rapproché l’Ukraine de la démocratie et du progrès. Après avoir accompli un coup d’État, les nationalistes et les forces politiques qui les soutenaient ont finalement conduit l’Ukraine dans une impasse, plongé le pays dans l’abîme de la guerre civile. Huit ans plus tard, le pays est divisé. L’Ukraine est aux prises avec une crise socio-économique aiguë.

Selon les organisations internationales, en 2019, près de 6 millions d’Ukrainiens –je le souligne–, environ 15 %, non pas de la main-d’œuvre, mais de l’ensemble de la population de ce pays, a dû partir à l’étranger pour trouver du travail. La plupart d’entre eux font des petits boulots. Le fait suivant est également révélateur : depuis 2020, plus de 60 000 médecins et autres agents de santé ont quitté le pays au milieu de la pandémie.

Depuis 2014, les factures d’eau ont augmenté de près d’un tiers et les factures d’énergie ont augmenté  plusieurs fois, tandis que le prix du gaz pour les ménages a bondi plusieurs dizaines de fois. Beaucoup de gens n’ont tout simplement pas l’argent pour payer les services publics. Ils luttent littéralement pour survivre.

Qu’est-il arrivé ? Pourquoi tout cela se passe-t-il ? La réponse est évidente. Ils ont dépensé et détourné l’héritage non seulement de l’ère soviétique, mais aussi de l’Empire russe. Ils ont perdu des dizaines, des centaines de milliers d’emplois qui permettaient aux gens de gagner un revenu fiable et de générer des recettes fiscales, entre autres grâce à une coopération étroite avec la Russie. Des secteurs tels que la construction de machines, l’ingénierie des instruments, l’électronique, la construction navale et aéronautique ont été minés ou complètement détruits. Il fut un temps, cependant, où non seulement l’Ukraine, mais toute l’Union soviétique était fière de ces entreprises.

En 2021, le chantier naval de la mer Noire à Nikolayev a cessé ses activités. Ses premiers quais remontent à Catherine II. Le célèbre constructeur Antonov n’a plus fabriqué un seul avion commercial depuis 2016, tandis que Yuzhmash, une usine spécialisée dans les missiles et les équipements spatiaux, est au bord de la faillite. L’aciérie de Krementchoug est dans une situation similaire. Cette triste liste s’allonge encore et encore.

Quant au système de transport du gaz, il a été entièrement construit par l’Union soviétique et il s’est aujourd’hui tellement détérioré que son utilisation présente des risques majeurs et un coût élevé pour l’environnement.

Cette situation soulève la question : pauvreté, manque d’opportunités et perte de potentiel industriel et technologique –est-ce le choix civilisationnel pro-occidental qu’ils utilisent depuis de nombreuses années pour tromper des millions de personnes avec des promesses de pâturages paradisiaques ?

Tout se résumait à une économie ukrainienne en lambeaux et à un pillage pur et simple des citoyens du pays, tandis que l’Ukraine elle-même était placée sous contrôle externe, dirigée non seulement depuis les capitales occidentales, mais aussi sur le terrain, comme on dit, à travers tout un réseau de conseillers étrangers, d’ONG et d’autres institutions présentes en Ukraine. Ils ont une incidence directe sur toutes les nominations et révocations clés et sur toutes les branches du pouvoir à tous les niveaux, du gouvernement central aux municipalités, ainsi que sur les entreprises et sociétés publiques, y compris Naftogaz, Ukrenergo, Ukrainian Railways, Ukroboronprom, Ukrposhta et l’Autorité ukrainienne des ports maritimes.

Il n’y a pas de système judiciaire indépendant en Ukraine. Les autorités de Kiev, à la demande de l’Occident, ont délégué le droit prioritaire de sélectionner les membres des organes judiciaires suprêmes, le Conseil de la justice et la Haute Commission des qualifications des juges, à des organisations internationales.

En outre, les États-Unis contrôlent directement l’Agence nationale de prévention de la corruption, le Bureau national de lutte contre la corruption, le Bureau du procureur spécialisé dans la lutte contre la corruption et la Haute Cour anticorruption. Tout cela se fait sous le noble prétexte de revigorer les efforts contre la corruption. D’accord, mais où sont les résultats ? La corruption est florissante comme jamais auparavant.

Le peuple ukrainien est-il conscient que c’est ainsi que son pays est géré ? Se rend-il compte que son pays n’est même pas devenu un protectorat politique ou économique mais a été réduit à une colonie avec un régime fantoche ? L’État a été privatisé. En conséquence, le gouvernement, qui se désigne comme le « pouvoir des patriotes », n’agit plus à titre national et pousse constamment l’Ukraine à perdre sa souveraineté.

La politique d’éradication de la langue et de la culture russes et de promotion de l’assimilation se poursuit. La Verkhovna Rada [Parlement ukrainien] a généré un flux constant de projets de loi discriminatoires, et la loi sur les soi-disant peuples indigènes est déjà entrée en vigueur. Les personnes qui s’identifient comme Russes et veulent préserver leur identité, leur langue et leur culture reçoivent le signal qu’elles ne sont pas bienvenues en Ukraine.

En vertu des lois sur l’éducation et la langue ukrainienne comme langue d’État, la langue russe n’a pas sa place dans les écoles ou les espaces publics, même dans les magasins. La loi sur la soi-disant vérification des fonctionnaires et la purge de leurs rangs a créé une voie pour se débarrasser des fonctionnaires indésirables.

Il y a de plus en plus d’actes permettant à l’armée ukrainienne et aux forces de l’ordre de réprimer la liberté d’expression, la dissidence et de poursuivre l’opposition. Le monde connaît la pratique déplorable consistant à imposer unilatéralement des sanctions illégitimes contre d’autres pays, des personnes physiques et morales étrangères. L’Ukraine a surpassé ses maîtres occidentaux en inventant des sanctions contre ses propres citoyens, entreprises, chaînes de télévision, autres médias et même contre des députés.

Kiev continue de préparer la destruction de l’Église orthodoxe ukrainienne du Patriarcat de Moscou. Ce n’est pas un jugement émotionnel ; on en trouve la preuve dans des décisions et des documents concrets. Les autorités ukrainiennes ont cyniquement fait de la tragédie du schisme un instrument de politique d’État. Les autorités actuelles ne réagissent pas aux appels du peuple ukrainien à abolir les lois qui portent atteinte aux droits des croyants. De plus, de nouveaux projets de loi dirigés contre le clergé et des millions de paroissiens de l’Église orthodoxe ukrainienne du Patriarcat de Moscou ont été enregistrés à la Verkhovna Rada.

Quelques mots sur la Crimée. Les habitants de la péninsule ont librement choisi d’être avec la Russie. Les autorités de Kiev ne peuvent contester le choix clairement exprimé de la population, raison pour laquelle elles ont opté pour une action agressive, pour l’activation de cellules extrémistes, y compris des organisations islamistes radicales, pour l’envoi de subversifs pour organiser des attentats terroristes contre des infrastructures critiques et pour l’enlèvement de citoyens russes. Nous avons des preuves factuelles que de telles actions agressives sont menées avec le soutien des services de sécurité occidentaux.

En mars 2021, une nouvelle stratégie militaire a été adoptée en Ukraine. Ce document est presque entièrement consacré à la confrontation avec la Russie et fixe l’objectif d’impliquer des États étrangers dans un conflit avec notre pays. La stratégie préconise l’organisation de ce qui peut être décrit comme un mouvement clandestin terroriste en Crimée russe et dans le Donbass. Elle trace également les contours d’une guerre potentielle, qui devrait se terminer, selon les stratèges de Kiev, « avec l’aide de la communauté internationale dans des conditions favorables pour l’Ukraine », ainsi que –écoutez bien, s’il vous plaît– « avec un soutien militaire étranger » dans la confrontation géopolitique avec la Fédération de Russie. En fait, ce n’est rien d’autre que la préparation d’hostilités contre notre pays, la Russie.

Comme nous le savons, il a déjà été déclaré aujourd’hui que l’Ukraine avait l’intention de créer ses propres armes nucléaires, et ce n’est pas seulement de la vantardise. L’Ukraine possède les technologies nucléaires créées à l’époque soviétique et les vecteurs de ces armes, y compris les avions, ainsi que les missiles tactiques de précision Tochka-U de conception soviétique d’une portée de plus de 100 kilomètres. Mais ils peuvent faire plus ; ce n’est qu’une question de temps. Ils en ont les bases depuis l’ère soviétique.

En d’autres termes, l’acquisition d’armes nucléaires tactiques sera beaucoup plus facile pour l’Ukraine que pour certains autres États que je ne mentionnerai pas ici, qui mènent de telles recherches, surtout si Kiev reçoit un soutien technologique étranger. Nous ne pouvons pas non plus exclure cela.

Si l’Ukraine acquiert des armes de destruction massive, la situation dans le monde et en Europe changera radicalement, surtout pour nous, pour la Russie. Face à ce danger réel, nous ne pouvons que réagir, d’autant plus que, je le répète, les patrons occidentaux de l’Ukraine pourraient l’aider à acquérir ces armes pour créer une nouvelle menace pour notre pays. Nous voyons avec quelle persistance le régime de Kiev est bombardé d’armes. Depuis 2014, les États-Unis ont dépensé à eux seuls des milliards de dollars à cette fin, notamment en fournitures d’armes et d’équipements et en formation de spécialistes. Au cours des derniers mois, il y a eu un flux constant d’armes occidentales vers l’Ukraine, avec ostentation, sous les yeux du monde entier. Des conseillers étrangers supervisent les activités des forces armées et des services spéciaux ukrainiens et nous en sommes bien conscients.

Au cours des dernières années, des contingents militaires des pays de l’OTAN ont été presque constamment présents sur le territoire ukrainien sous prétexte d’exercices. Le système ukrainien de contrôle des troupes a déjà été intégré à l’OTAN. Cela signifie que le quartier général de l’OTAN peut donner des ordres directs aux forces armées ukrainiennes, même à leurs unités et escouades distinctes.

Les États-Unis et l’OTAN ont entamé un développement impudent du territoire ukrainien en tant que théâtre d’opérations militaires potentielles. Leurs exercices conjoints réguliers sont manifestement anti-russes. L’année dernière seulement, plus de 23 000 soldats et plus d’un millier d’unités de matériel ont été impliqués.

Une loi a déjà été adoptée qui permet aux troupes étrangères de venir en Ukraine en 2022 pour participer à des exercices multinationaux. Naturellement, ce sont principalement des troupes de l’OTAN. Cette année, au moins dix de ces exercices conjoints sont prévus.

De toute évidence, de telles entreprises sont conçues pour dissimuler un renforcement rapide du groupe militaire de l’OTAN sur le territoire ukrainien. D’autant plus que le réseau d’aérodromes mis à niveau avec l’aide des États-Unis à Borispol, Ivano-Frankovsk, Chuguyev et Odessa, pour n’en citer que quelques-uns, est capable de transférer des unités de l’armée en très peu de temps. L’espace aérien ukrainien est ouvert aux vols d’avions stratégiques et de reconnaissance américains et de drones qui effectuent la surveillance du territoire russe.

J’ajouterai que le centre d’opérations maritimes construit par les États-Unis à Ochakov permet de soutenir l’activité des navires de guerre de l’OTAN, y compris l’utilisation d’armes de précision, contre la flotte russe de la mer Noire et nos infrastructures sur toute la côte de la mer Noire.

À un moment donné, les États-Unis avaient l’intention de construire des installations similaires en Crimée également, mais les Criméens et les habitants de Sébastopol ont détruit ces plans. Nous nous en souviendrons toujours.

Je voudrais répéter qu’aujourd’hui un tel centre a déjà été déployé à Ochakov. Au 18ème siècle, les soldats d’Alexander Suvorov se sont battus pour cette ville. Grâce à leur courage, elle est devenue une partie de la Russie. Toujours au 18e siècle, les terres du littoral de la mer Noire, incorporées à la Russie à la suite de guerres avec l’Empire ottoman, reçurent le nom de Novorossiya (Nouvelle Russie). Aujourd’hui, des tentatives sont faites pour condamner à l’oubli ces monuments de l’histoire, ainsi que les noms de personnalités étatiques et militaires de l’Empire russe sans les efforts desquels l’Ukraine moderne n’aurait pas beaucoup de grandes villes ni même d’accès à la mer Noire.

 

Un monument à l’honneur d’Alexander Suvorov a été récemment démoli à Poltava. Qu’y a-t-il à dire à cela ? Renoncez-vous à votre propre passé ? Le soi-disant héritage colonial de l’Empire russe ? Eh bien, dans ce cas, soyez cohérent.

Ensuite, notamment, l’article 17 de la Constitution de l’Ukraine stipule que le déploiement de bases militaires étrangères sur son territoire est illégal. Cependant, il s’avère que ce n’est qu’une convention qui peut être facilement contournée.

L’Ukraine abrite des missions d’entraînement de l’OTAN qui sont, en fait, des bases militaires étrangères. Ils ont juste appelé les bases des « missions » et en ont fini avec elle.

Kiev a depuis longtemps proclamé arpenter un sentier stratégique sur l’adhésion à l’OTAN. En effet, chaque pays a le droit de choisir son propre système de sécurité et de conclure des alliances militaires. Il n’y aurait aucun problème avec cela, s’il n’y avait pas un « mais ». Les documents internationaux stipulent expressément le principe de sécurité égale et indivisible, qui comprend l’obligation de ne pas renforcer sa propre sécurité au détriment de la sécurité des autres États. Cela est énoncé dans la Charte de sécurité européenne de l’OSCE de 1999 adoptée à Istanbul et dans la Déclaration d’Astana de l’OSCE de 2010.

En d’autres termes, le choix des voies pour assurer la sécurité ne devrait pas constituer une menace pour les autres États, alors que l’adhésion de l’Ukraine à l’OTAN est une menace directe pour la sécurité de la Russie.

Permettez-moi de vous rappeler qu’au sommet de l’OTAN à Bucarest en avril 2008, les États-Unis ont fait adopter une décision selon laquelle l’Ukraine et, soit dit en passant, la Géorgie, deviendraient membres de l’OTAN. De nombreux alliés européens des États-Unis étaient déjà bien conscients des risques associés à cette perspective, mais ont été contraints d’accepter la volonté de leur partenaire principal. Les Américains les ont simplement utilisés pour mener une politique clairement anti-russe.

Un certain nombre d’États membres de l’OTAN sont encore très sceptiques quant à l’adhésion de l’Ukraine à l’OTAN. Nous recevons des signaux de certaines capitales européennes nous disant de ne pas nous inquiéter car cela ne se fera pas littéralement du jour au lendemain. En fait, nos partenaires américains disent la même chose. « D’accord, alors » répondons-nous, « si ça n’arrive pas demain, alors ça arrivera après-demain. Qu’est-ce que cela change d’un point de vue historique ? Rien du tout. »

En outre, nous sommes conscients de la position et des propos des dirigeants américains selon lesquels les hostilités actives dans l’Est de l’Ukraine n’excluent pas la possibilité que ce pays rejoigne l’OTAN s’il respecte les critères de l’OTAN et surmonte la corruption.

Pendant tout ce temps, ils essaient de nous convaincre encore et encore que l’OTAN est une alliance pacifique et purement défensive qui ne représente aucune menace pour la Russie. Encore une fois, ils veulent que nous les croyions sur parole. Mais nous sommes bien conscients de la valeur réelle de ces mots. En 1990, lorsque l’unification allemande a été discutée, les États-Unis ont promis aux dirigeants soviétiques que la juridiction ou la présence militaire de l’OTAN ne s’étendraient pas d’un pouce vers l’Est et que l’unification de l’Allemagne ne conduirait pas à l’extension de l’organisation militaire de l’OTAN vers l’Est. Ceci est une citation.

Ils ont émis de nombreuses assurances verbales, qui se sont toutes avérées être des phrases creuses. Plus tard, ils ont commencé à nous assurer que l’adhésion à l’OTAN des pays d’Europe centrale et orientale ne ferait qu’améliorer les relations avec Moscou, soulager ces pays des peurs ancrées dans leur héritage historique amer, et même créer une ceinture de pays amis envers la Russie.

Cependant, c’est exactement le contraire qui s’est produit. Les gouvernements de certains pays d’Europe de l’Est, spéculant sur la russophobie, ont apporté leurs complexes et stéréotypes sur la menace russe à l’Alliance et ont insisté pour renforcer les potentiels de défense collective et les déployer principalement contre la Russie. Pire encore, cela s’est produit dans les années 1990 et au début des années 2000 lorsque, grâce à notre ouverture et à notre bonne volonté, les relations entre la Russie et l’Occident avaient atteint un niveau élevé.

La Russie a rempli toutes ses obligations, y compris le retrait de l’Allemagne, de l’Europe centrale et orientale, apportant une immense contribution à surmonter l’héritage de la guerre froide. Nous avons constamment proposé diverses options de coopération, y compris dans le cadre du Conseil OTAN-Russie et des formats de l’OSCE.

De plus, je dirai quelque chose que je n’ai jamais dit publiquement, je le dirai maintenant pour la première fois. Lorsque le Président américain sortant, Bill Clinton, s’est rendu à Moscou en 2000, je lui ai demandé ce que les États-Unis penseraient de l’admission de la Russie dans l’OTAN.

Je ne révélerai pas tous les détails de cette conversation, mais la réaction à ma question a été, disons, assez froide, et la véritable attitude des Américains face à cette possibilité se voit en fait dans leurs démarches ultérieures à l’égard de notre pays. Je fais référence au soutien manifeste aux terroristes dans le Caucase du Nord, au mépris de nos exigences et de nos préoccupations en matière de sécurité, à l’expansion continue de l’OTAN, au retrait du Traité ABM, etc. Cela soulève la question : pourquoi ? De quoi s’agit-il, quel est le but ? D’accord, vous ne voulez pas nous voir comme des amis ou des alliés, mais pourquoi faire de nous un ennemi ?

Il ne peut y avoir qu’une seule réponse : il ne s’agit pas de notre régime politique ou quoi que ce soit du genre. Ils n’ont tout simplement pas besoin [de l’existence] d’un grand pays indépendant comme la Russie. C’est la réponse à toutes les questions. C’est la source de la politique traditionnelle des États-Unis envers la Russie. D’où l’attitude envers toutes nos propositions de sécurité

Aujourd’hui, un coup d’œil sur la carte suffit pour voir dans quelle mesure les pays occidentaux ont tenu leur promesse de s’abstenir de l’expansion de l’OTAN vers l’Est. Ils ont juste triché. Nous avons vu cinq vagues d’expansion de l’OTAN, l’une après l’autre – la Pologne, la République tchèque et la Hongrie ont été admises en 1999 ; Bulgarie, Estonie, Lettonie, Lituanie, Roumanie, Slovaquie et Slovénie en 2004 ; Albanie et Croatie en 2009 ; Monténégro en 2017 ; et la Macédoine du Nord en 2020.

En conséquence, l’Alliance, son infrastructure militaire a atteint les frontières de la Russie. C’est l’une des principales causes de la crise sécuritaire européenne ; elle a eu l’impact le plus négatif sur l’ensemble du système des relations internationales et a conduit à la perte de la confiance mutuelle.

La situation continue de se détériorer, y compris dans la zone stratégique. Ainsi, des zones de positionnement de missiles intercepteurs sont en cours d’établissement en Roumanie et en Pologne dans le cadre du projet américain de création d’un système mondial de défense antimissile. Il est de notoriété publique que les lanceurs qui y sont déployés peuvent être utilisés pour les missiles de croisière Tomahawk – des systèmes de frappe offensive.

En outre, les États-Unis développent leur Standard Missile-6 polyvalent, qui peut fournir une défense aérienne et antimissile, ainsi que frapper des cibles au sol et en surface. En d’autres termes, le prétendu système de défense antimissile américain défensif développe et étend ses nouvelles capacités offensives.

Les informations dont nous disposons nous donnent de bonnes raisons de croire que l’adhésion de l’Ukraine à l’OTAN et le déploiement ultérieur des installations de l’OTAN ont déjà été décidés et ne sont qu’une question de temps. Nous comprenons clairement que compte tenu de ce scénario, le niveau des menaces militaires contre la Russie augmentera considérablement, il sera démultiplié. Et je voudrais souligner à ce stade que le risque d’une frappe soudaine contre notre pays va se multiplier.

J’expliquerai que les documents de planification stratégique américains confirment la possibilité d’une attaque dite préventive contre les systèmes de missiles ennemis. On connaît aussi le principal adversaire des États-Unis et de l’OTAN. C’est la Russie. Les documents de l’OTAN déclarent officiellement que notre pays est la principale menace à la sécurité euro-atlantique. L’Ukraine servira de tête de pont avancée pour une telle frappe. Si nos ancêtres en entendaient parler, ils ne le croiraient probablement tout simplement pas. Nous ne voulons pas non plus le croire aujourd’hui, mais c’est ainsi. J’aimerais que les gens en Russie et en Ukraine comprennent cela.

De nombreux aérodromes ukrainiens sont situés non loin de nos frontières. L’aviation tactique de l’OTAN qui y est déployée, y compris les porte-armes de précision, sera capable de frapper notre territoire jusqu’à la profondeur de la ligne Volgograd-Kazan-Samara-Astrakhan. Le déploiement de radars de reconnaissance sur le territoire ukrainien permettra à l’OTAN de contrôler étroitement l’espace aérien russe jusqu’à l’Oural.

Enfin, après que les États-Unis ont détruit le Traité INF, le Pentagone a ouvertement développé de nombreuses armes d’attaque terrestres, y compris des missiles balistiques capables d’atteindre des cibles à une distance allant jusqu’à 5 500 km. S’ils sont déployés en Ukraine, ces systèmes pourront atteindre des cibles dans toute la partie européenne de la Russie. Le temps de vol des missiles de croisière Tomahawk vers Moscou sera inférieur à 35 minutes ; les missiles balistiques depuis Kharkov prendront sept à huit minutes ; et les armes d’assaut hypersoniques, quatre à cinq minutes. C’est comme un couteau sur la gorge. Je ne doute pas qu’ils espèrent réaliser ces plans, comme ils l’ont fait à maintes reprises dans le passé, en élargissant l’OTAN vers l’Est, en déplaçant leur infrastructure militaire aux frontières russes et en ignorant totalement nos préoccupations, nos protestations et nos avertissements. Excusez-moi, mais ils ne se souciaient tout simplement pas du tout de telles choses et faisaient tout ce qu’ils jugeaient nécessaire.

Bien sûr, ils vont se comporter de la même manière à l’avenir, selon un proverbe bien connu : « Les chiens aboient mais la caravane passe ». Permettez-moi de le dire tout de suite : nous n’acceptons pas ce comportement et ne l’accepterons jamais. Cela dit, la Russie a toujours prôné la résolution des problèmes les plus compliqués par des moyens politiques et diplomatiques, à la table des négociations.

Nous sommes bien conscients de notre énorme responsabilité en matière de stabilité régionale et mondiale. En 2008, la Russie a lancé une initiative visant à conclure un Traité de sécurité européen en vertu duquel aucun État ou organisation internationale euro-atlantique ne pourrait renforcer sa sécurité au détriment de la sécurité des autres. Cependant, notre proposition a été rejetée d’emblée sous prétexte que la Russie ne devrait pas être autorisée à imposer des limites aux activités de l’OTAN.

De plus, il nous a été clairement indiqué que seuls les membres de l’OTAN peuvent avoir des garanties de sécurité juridiquement contraignantes.

En décembre dernier, nous avons remis à nos partenaires occidentaux un projet de traité entre la Fédération de Russie et les États-Unis d’Amérique sur les garanties de sécurité, ainsi qu’un projet d’accord sur des mesures visant à assurer la sécurité de la Fédération de Russie et des États membres de l’OTAN.

Les États-Unis et l’OTAN ont répondu par des déclarations générales. Il y avait aussi des noyaux de rationalité en eux, mais ils concernaient des questions d’importance secondaire et tout cela ressemblait à une tentative de faire traîner la question et d’égarer la discussion.

Nous y avons répondu en conséquence et avons indiqué que nous étions prêts à suivre la voie des négociations, à condition toutefois que toutes les questions soient considérées comme un paquet comprenant les propositions de base de la Russie qui contiennent trois points clés. Premièrement, pour empêcher une nouvelle expansion de l’OTAN. Deuxièmement, faire en sorte que l’Alliance s’abstienne de déployer des systèmes d’armes d’assaut aux frontières russes. Et enfin, ramener la capacité et l’infrastructure militaires du bloc en Europe là où elles étaient en 1997, lorsque l’Acte fondateur OTAN-Russie a été signé.

Ces propositions de principe qui sont les nôtres ont été ignorées. Pour rappel, nos partenaires occidentaux ont une fois de plus vocalisé les formules trop familières selon lesquelles chaque État est en droit de choisir librement les moyens d’assurer sa sécurité ou de rejoindre une union ou une alliance militaire. Autrement dit, rien n’a changé dans leur position, et nous continuons d’entendre les mêmes vieilles références à la politique notoire de la « porte ouverte » de l’OTAN. De plus, ils essaient à nouveau de nous faire chanter et nous menacent de sanctions, qu’ils introduiront d’ailleurs quoi qu’il arrive alors que la Russie continue de renforcer sa souveraineté et ses forces armées. Il est certain qu’ils n’hésiteront jamais à trouver ou simplement à fabriquer un prétexte pour une nouvelle attaque de sanctions, quels que soient les développements en Ukraine. Leur seul et unique objectif est de freiner le développement de la Russie. Et ils continueront à le faire, comme ils le faisaient auparavant, même sans aucun prétexte formel, simplement parce que nous existons et ne compromettrons jamais notre souveraineté, nos intérêts nationaux ou nos valeurs.

Je voudrais être clair et direct : dans les circonstances actuelles, alors que nos propositions pour un dialogue égal sur des questions fondamentales sont en fait restées sans réponse de la part des États-Unis et de l’OTAN, alors que le niveau des menaces contre notre pays a considérablement augmenté, la Russie a tout droit de répondre pour assurer sa sécurité. C’est exactement ce que nous allons faire.

En ce qui concerne la situation dans le Donbass, nous constatons que les élites dirigeantes de Kiev ne cessent de manifester publiquement leur refus de se conformer au paquet de mesures de Minsk pour régler le conflit et ne sont pas intéressées par un règlement pacifique. Au contraire, elles tentent d’orchestrer une guerre-éclair dans le Donbass comme ce fut le cas en 2014 et 2015. Nous savons tous comment ces stratagèmes téméraires se sont terminés.

Pas un seul jour ne se passe sans que les communautés du Donbass ne subissent des bombardements. La grande force militaire récemment formée utilise des drones d’attaque, des équipements lourds, des missiles, de l’artillerie et des lance-roquettes multiples. Le massacre de civils, le blocus, la maltraitance des personnes, y compris des enfants, des femmes et des personnes âgées, se poursuivent sans relâche. Comme nous le disons, il n’y a pas de fin en vue à cela.

Pendant ce temps, le monde dit civilisé, dont nos collègues occidentaux se sont proclamés les seuls représentants, préfère ne pas voir cela, comme si cette horreur et ce génocide, auxquels sont confrontés près de 4 millions de personnes, n’existaient pas. Mais ils existent et uniquement parce que ces personnes n’étaient pas d’accord avec le coup d’État soutenu par l’Occident en Ukraine en 2014 et se sont opposées à la transition vers l’homme de Néandertal, le nationalisme agressif et le néonazisme qui ont été élevés en Ukraine au rang de politique nationale. Ils se battent pour leur droit élémentaire de vivre sur leur propre terre, de parler leur propre langue et de préserver leur culture et leurs traditions.

Combien de temps cette tragédie peut-elle durer ? Combien de temps encore peut-on supporter cela ? La Russie a tout fait pour préserver l’intégrité territoriale de l’Ukraine. Toutes ces années, elle a fait pression avec persévérance et patience pour la mise en œuvre de la résolution 2202 du Conseil de sécurité de l’ONU du 17 février 2015, qui a consolidé le paquet de mesures de Minsk du 12 février 2015, pour régler la situation dans le Donbass.

Tout était en vain. Les présidents et les députés du Rada vont et viennent, mais au fond le régime agressif et nationaliste qui a pris le pouvoir à Kiev reste inchangé. C’est entièrement un produit du coup d’État de 2014, et ceux qui se sont alors engagés sur la voie de la violence, de l’effusion de sang et de l’anarchie n’ont reconnu alors et ne reconnaissent aujourd’hui aucune solution à la question du Donbass autre que militaire.

À cet égard, j’estime qu’il est nécessaire de prendre une décision attendue depuis longtemps et de reconnaître immédiatement l’indépendance et la souveraineté de la République populaire de Donetsk et de la République populaire de Lougansk.

Je demande à l’Assemblée fédérale de la Fédération de Russie de soutenir cette décision et de ratifier ensuite le traité d’amitié et d’assistance mutuelle avec les deux républiques. Ces deux documents seront préparés et signés prochainement.

Nous voulons que ceux qui ont pris et continuent de détenir le pouvoir à Kiev cessent immédiatement les hostilités. Sinon, la responsabilité de la poursuite éventuelle de l’effusion de sang reposera entièrement sur la conscience du régime au pouvoir en Ukraine.

Alors que j’annonce les décisions prises aujourd’hui, je reste confiant dans le soutien des citoyens russes et des forces patriotiques du pays.

Merci.

Source : Address by the President of the Russian Federation, President of Russia
Traduction : Donbass Insider

 

Lire aussi :
L’ultimatum de la Russie aux pays membres de l’OTAN, Le Cri des Peuples, 04/02/2022.
Dossier RUSSIE (avec liens téléchargement), Monde en Question.
Revue de presse Russie, Monde en Question.
Dossier UKRAINE (avec liens téléchargement), Monde en Question.
Revue de presse Ukraine, Monde en Question.

Histoire de l’humanité (7 tomes)


Bibliographie histoire

 

Cet été, j’ai lu les trois premiers tomes de la monumentale Histoire générale de l’Afrique (8 tomes) en version papier naturellement puisque je passais mes vacances sur l’île de Cozumel de la Riviera Maya (publicité gratuite). Depuis, j’ai découvert qu’il existait une version pdf « pirate » publiée par Zlibrary et plus récemment celle « officielle » publiée par l’UNESCO. L’intérêt de la version pdf tient à ce qu’elle facilite beaucoup la recherche d’une occurrence et permet de cibler donc sa lecture.

En explorant la bibliothèque numérique de l’UNESCO, j’ai découvert la volumineuse Histoire de l’humanité qui totalise 11 471 pages en 7 tomes !
L’exploration des sommaires montre qu’il s’agit vraiment d’une histoire globale et non, comme trop souvent, une histoire du monde réduite à l’Europe avec une mention de ses origines moyen-orientales (Égypte et Mésopotamie).
L’Afrique, l’Asie et les Amériques avant la colonisation sont étudiés ici très en détail. Plus intéressant encore est l’étude des relations économiques et politiques entre les cités-États des différentes zones géopolitiques :

Les premiers États [plutôt cités-États pour ne pas confondre avec l’acceptation moderne de l’État] n’ont pu se constituer que grâce à des relations internationales qui assuraient l’approvisionnement des matières premières, de nouvelles technologies et une relative unité économique qui s’est imposée par le jeu de la concurrence. Les nouvelles techniques de transport ont donc été essentielles mais à cette époque elles semblent avoir été surtout traditionnelles bien qu’un réseau de routes protégées par des comptoirs ait été aménagé à travers les royaumes. L’iconographie nous montre en effet l’utilisation fréquente d’esclaves et d’ânes pour porter les marchandises : ils sont mieux adaptés à des pays contrastés de plaine, de désert et de montagne. Les dromadaires sont rares. Le transport terrestre n’a pas été amélioré par l’invention de la roue, attestée à la fin du IVe millénaire av. J.-C. à Our et à Suse. Les voitures à quatre roues et un peu plus tard les chars à deux roues tirés par des bœufs, des ânes et enfin des chevaux n’ont d’abord qu’une fonction royale; on les retrouve ensuite dans l’armée. L’application de cette invention dans le domaine économique semble très réduite : c’est ce que l’on constate sur les fresques égyptiennes.
T2 3000 à 700 av. J.-C. p.80

Chaque auteur fournit une abondance bibliographie, le plus souvent en anglais compte-tenu de la pauvreté des références publiées en français.

AUTEURS Divers, Histoire de l’humanité (7 tomes), UNESCO, 2000-2009 [Texte en ligne].

Bonne lecture !

21/02/2022
Serge LEFORT
Citoyen du Monde et rédacteur de Monde en Question

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Index Histoire, Monde en Question.
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Zimna wojna (2018)


Cycle Films Coup de cœur

 

Titre : Zimna wojna – Cold War
Réalisateur : Pawel Pawlikowski
Acteurs : Joanna Kulig, Tomasz Kot, Borys Szyc
Durée : 1h29
Année : 2018
Pays : Pologne
Genre : Drame, Romance
Résumé : Pendant la guerre froide, entre la Pologne stalinienne et le Paris bohème des années 1950, un musicien épris de liberté et une jeune chanteuse passionnée vivent un amour impossible dans une époque impossible.
Fiche : IMDb
Partage déniché par Monde en Question
Avis de Monde en Question : J’ai découvert ce film par hasard en entendant la bande son du trailer alors que voulais écouter du piano jazz sur YouTube.
La superbe photographie de Lukasz Zalet et la voix de Joanna Kulig font la force du film qui a des faiblesses dues probablement aux concessions faites aux sponsors institutionnels.
De la guerre froide, on ne voit pas grand chose puisque les deux protagonistes circulent à travers l’Europe. La romance n’a rien d’extraordinaire puisque les deux protagonistes se consolent avec d’autres partenaires. L’intérêt du film est la musique et la chanson. J’ai vu ce film comme une biographie romancée de la chanteuse polonaise Zula Pogorzelska, qui fut actrice dans plusieurs films de Michal Waszynski.
Avis de : BrazilCiné-club de CaenCritikatVertigoSens Critique

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