Cycle Jean-Pierre MELVILLE (réalisateur)
Titre : Léon Morin prêtre
Réalisateur : Jean-Pierre Melville
Acteurs : Jean-Paul Belmondo, Emmanuelle Riva, Irene Tunc
Durée : 1h44
Année : 1961
Pays : France
Genre : Drame
Résumé : Adaptation du roman Léon Morin, prêtre (Béatrix BECK, 1952).
Fiche : IMDb
Partage déniché par Monde en Question
Avis de Monde en Question : Pourquoi la musique extradiégétique est-elle toujours très présente et même beaucoup trop ? Jean-Pierre Melville n’en parle qu’une fois dans ses entretiens avec Rui Nogueira. Après celle trop appuyée qui accompagne l’entrée des soldats allemands [07’54], les quelques notes du chant des partisans font doublon avec le commentaire en voix off qui a précédé [12’12].
La scène de la confession est trop longue, trop verbeuse et les champs-contrechamps lassants [14’36-19’45].
Le piano extradiégétique anticipe la lourdeur du discours du prêtre, mais n’arrive pas à le faire oublier [27’47]. Il s’arrête quand la conversation change de ton [28’46]. Puis une autre musique extradiégétique essaie de retenir l’attention du spectateur qui baille d’ennui [30’58].
J’ai fait une pause pour lire les critiques d’un film qui me sort par les yeux. Jean-Pierre Melville n’en dit rien d’intéressant sinon cette remarque absurde car il prétend ne pas avoir tourné une scène pour la réaliser dans un autre film… huit plus tard :
Je n’ai pas tourné la scène où Barny, en pantalon, essaye de séduire Léon Morin, en soutane. Je n’ai pas voulu abîmer le panoramique vertical de L’armée des ombres qui nous montre une fille en pantalon en train d’embrasser un soldat écossais en jupe. Il fallait choisir.
Rui NOGUEIRA, Le cinéma selon Jean-Pierre Melville, 2021 [Texte en ligne].
Josué Morel disserte sur une virgule qui est absente :
Dans le titre du septième long-métrage de Jean-Pierre Melville, c’est peut-être la virgule qui donne la clef du film.
Critikat
Olivier Bitoun invente la mise en scène d’un viol qui n’existe pas :
Un défilé de soldats allemands est mis en scène comme un viol de l’héroïne par une succession de plans de plus en plus rapprochés sur celle-ci [07’50- 09’05].
DVD Classik
Il n’est donc pas étonnant qu’il n’entende pas l’incongruité de la musique extradiégétique :
On pourrait couper le son que l’on saisirait sans peine l’histoire et tous ses sous-textes. Melville n’en oublie cependant pas le son et entre les idées de mise en scène sonore et la finesse des placements musicaux, notre oreille est constamment invoquée.
même source
J’ai fait l’expérience de voir les scènes du confessionnal [14’36-19’45] et du discours théologique [22’24-25’20 et 25’59-31’20-31’42] en coupant le son. Il saute alors aux yeux que la position des protagonistes ne tient pas car, sans le grillage, Emmanuel Riva semble assise très près de Jean-Paul Belmondo [15’56]. Les images qui illustrent les deux discours ne disent rien naturellement, mais deux gros plans insistent lourdement sur un détail vestimentaire sans importance [22’34 et 26’48]. Pire encore, l’évolution des personnages dans la pièce surcharge l’artificialité de la situation : une femme seule qui va papoter le soir après 20h30 dans l’appartement d’un prêtre.
Le déguisement d’Emmanuel Riva en Jean-Pierre Melville achève de plomber cette adaptation [43’06] que la photographie d’Henri Decae ne sauve pas du désastre.
Le roman contient trop de thèmes pour ce réalisateur : l’homosexualité féminine [1], la séduction érotique entre une femme libre et un prêtre, la guerre avec l’occupation des troupes italiennes puis allemandes [2] et la frontière poreuse entre la non croyance et la croyance religieuse.
Avis de : aVoir-aLire – Critikat – DVD Classik – Sens Critique
Lire aussi :
• Béatrix BECK, Léon Morin, prêtre, 1952 [Extrait en ligne].
• Cinéma pour les ondes – Léon Morin, prêtre de Jean-Pierre Melville, d’après le roman de Béatrix Beck (1ère diffusion Paris Inter, 03/10/1961), France Culture – mp3
Une oreille attentive remarquera que le présentateur de la rediffusion se plante en évoquant la mémoire radiophonique du film de Jean-Pierre Mocky au lieu Jean-Pierre Melville orthographié Mellville [00’59].
• Cinémathèque, Ciné Monde.
• Articles Cinéma asiatique, Chine en Question.
• Articles Cinéma occidental, Monde en Question.
• Dossier Cinéma France, Monde en Question.
• Index Cinéma (Tous les dossiers), Monde en Question.
• Veille informationnelle Cinéma, Monde en Question.
• Revue de presse, Monde en Question.
Notes et références
[1] Avec Léon Morin, prêtre, son entrée dans les lettres avait été percutante. Avec un cran astucieux, transposant à peine, elle se profilait en une dénommée Barny, veuve de guerre en deuil d’un mari communiste qui se confessait par provocation païenne, avouant une passion homosexuelle sécrétée à l’obsession pour une collègue de bureau. Cependant, au contact du jeune prêtre, ébranlée et touchée par son naturel désarmant, elle allait délaisser cet athéisme de provocation pour décider – agenouillée sur la dalle froide de l’église – de vivre « pure ».
Béatrix Beck : Mutine et mâtinée, Revue Les libraires, 2014. ↩
[2] Les Italiens ayant remplacé les Allemands dans l’occupation de la petite ville, un enfant qui riait sur leur passage est abattu.
Léon Morin, prêtre, de Béatrix Beck l’athéisme intranquille, Le Monde, 1952.
L’article du l’im-Monde est faux (déjà) car le premier chapitre contient une autre chronologie :
Le lendemain, j’appris que les troubadours de la pénombre étaient des soldats italiens venus occuper notre ville. (p.8)
La presse nous informa que notre ville allait être occupée aussi par les Allemands. (p.9)
Béatrix BECK, Léon Morin, prêtre, 1952 [Extrait en ligne]. ↩