Cycle Jean-Pierre MELVILLE (réalisateur)
Titre : Bob le flambeur
Réalisateur : Jean-Pierre Melville
Acteurs : Roger Duchesne, Isabelle Corey, Daniel Cauchy
Durée : 1h38
Année : 1956
Pays : France
Genre : Policier
Résumé : Il y a longtemps que Bob s’est retiré des « affaires ». Il se consacre maintenant à son unique passion, le jeu. Il a aussi un grand coeur et héberge Anne, une jeune fille fauchée prête à sombrer dans la prostitution. Anne tombe amoureuse de Paulo, un des fans de Bob. Après de grosses pertes au jeu, Bob décide de monter un coup pour se refaire…
Fiche : IMDb
Partage déniché par Monde en Question
Avis de Monde en Question : Jean-Pierre Melville commente lui-même les scènes en voix off car les images ne disent rien. Roger Duchesne (Bob) est affublé d’un trench-coat fatigué et d’un chapeau, l’uniforme publicitaire de Melville qu’il complètera par des lunettes noires [03’12]. Le personnage roule naturellement dans un coupé hollywoodien.
Jean-Pierre Melville joue avec la mémoire visuelle du spectateur : Bob débranche la prise téléphonique [10’30] et pourtant il répond [11’28].
L’affrontement entre les deux truands [12’50] et [15’32] est trop statique, mais elle sert à crédibiliser l’image du truand honnête et copain du commissaire Ledru. Bon, le temps passe et Roger Duchesne récite son texte sans conviction et sans aller nulle part.
Jean-Pierre Melville a la fâcheuse tendance à privilégier la musique extradiégétique sur l’image qui devient superflue. Elle anticipe même le déroulement de l’action [22’15]. Il radote déjà son admiration du cinéma américain qui sera aussi la référence de la Nouvelle vague [26’22].
Comme Bob, qui a l’âge d’être à la retraite, perd sur tous les tableaux (au jeu et au lit), son projet de casse ne tient pas une seconde [37’05]. Les amateurs de suspense seront déçus car on sait plus d’une heure avant la fin qu’il échouera.
La scène de repérage se déroule avec une musique extradiégétique quasi insupportable [41’50] et s’arrête brusquement sans raison apparente. Elle s’essouffle comme la trame de l’histoire qui traîne lamentablement. La mise en scène erratique se charge de nous décourager d’aller plus loin surtout quand on entend une pseudo musique latino qui annonce la rencontre avec un truand sud-américain peint selon les clichés hollywoodiens [48’15].
Jean-Pierre Melville annonce la fin en voix off [1h21] et le spectateur peut s’en aller…
Il reste une tirade : Si je prenais Garçon ou Floriot, je pourrais peut-être demander des dommages et intérêts. [1h41]. Maurice Garçon est surtout connu pour avoir défendu des causes littéraires et criminelles. René Floriot, lui, a défendu des collaborateurs et criminels de guerre.
Jean-Pierre Melville prétend ne pas être sensible à l’argent et pourtant :
– Pourquoi, alors, avez-vous collaboré avec Auguste Le Breton ?
– Je dois dire que je n’avais pas grand-chose à mettre sur l’affiche. Je n’étais pas connu, je n’avais pas de vedettes. Ce qui m’a permis d’avoir un distributeur et un à-valoir, ça a été le fait de mettre au générique mon ami Le Breton. Cette année-là, il était une grande vedette car il venait d’avoir un énorme succès avec Du rififi chez les hommes [Jules Dassin, 1955] et Razzia sur la chnouf [Henri Decoin, 1955], qui faisaient salle comble tous les jours.
Rui NOGUEIRA, Le cinéma selon Jean-Pierre Melville, 2021 [Texte en ligne].
Comme d’habitude, il fait son auto-promotion :
– C’est un hommage à Her Man [Son homme, 1930], de Tay Garnett ?
– Non. C’est un hommage à Melville !
même source
Avis de : Alexandre Clément – aVoir-aLire – DVD Classik – Sens Critique
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