Monde en Question

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Le silence de la mer (1949)


Cycle Jean-Pierre MELVILLE (réalisateur)

Titre : Le silence de la mer
Réalisateur : Jean-Pierre Melville
Acteurs : Nicole Stephane, Howard Vernon, Ami Aaroe
Durée : 1h26
Année : 1949
Pays : France
Genre : Drame, Romance
Résumé : Adaptation de la nouvelle Le silence de la mer (VERCORS, 1942).
Lors de la dernière guerre mondiale, un officier allemand est logé chez un vieux monsieur et sa nièce. Amoureux de la France et de sa culture, l’officier leur rend visite chaque soir pour les entretenir de ses diverses réflexions. Mais les habitants opposent á leur locataire un silence determiné.
Fiche : IMDb
Partage déniché par Monde en Question
Avis de Monde en Question : La musique extradiégétique est trop envahissante et trop bavarde : avant l’arrivée de l’officier allemand [08’24], ensuite [10’05] et encore [27’22], etc. Le pire est quand elle succède sans raison après la musique diégétique [35’22]. Cela nuit beaucoup à un film consacré au silence. Le jeu de Howard Vernon est assez convenu et ses monologues lassent sur la durée. Il reste la superbe photographie d’Henri Decae, notamment les scènes en extérieur.
Le discours sur la barbarie allemande du bandeau d’annonce s’écroule après la lecture de la nouvelle écrite par un résistant et le visionnage de l’adaptation réalisée par un résistant.
Pour les amateurs d’anecdotes (qui ne font pas un film) :

Melville ne put entrer dans la profession par la voie traditionnelle. De plus, sa maison de production ne lui avait pas servi, étant donné qu’il n’avait ni les droits d’adaptation du livre, ni carte syndicale de réalisateur, puisqu’il ne voulait pas être syndiqué, ni de bons de déblocage de pellicule, indispensables pour obtenir le précieux matériau. De ce fait Melville se trouve démuni de toute aide, notamment financière.
Toutefois, Melville trouva une aide de fin de film, le laboratoire GTC dirigé par un ancien résistant, Colling. Celui-ci lui fit confiance, ne lui demanda pas de traites et lui prêta son laboratoire à titre gratuit contre remboursement futur.
Le montage se fit dans le dénuement le plus total. Melville travaillait avec Decae sur son Continsouza dans une chambre d’hôtel. L’appareil chauffait et à chaque arrêt brûlait la dernière image, puisqu’une partie du film est en 35 mm flamme. Aucun rush n’avait été projeté faute de moyens, ce qui faisait que Melville devait inspecter à l’œil nu les négatifs livrés chaque soir.
Le choix des comédiens, peu nombreux, fut rapide. La coïncidence pour Jean-Marie Robain, ancien ami ; des relations de famille pour Nicole Stephane ; le film d’Henri Calef, Jericho, pour Howard Vernon. La maison de Vercors s’imposa pour des raisons artistiques et aussi parce que Vercors en avait fait lui-même la proposition à Melville lors de leurs rencontres. Vercors se le vit reprocher par la suite par des résistants qui affirmaient qu’en fait il devait être d’accord de vendre ses droits considérant les facilités données au metteur en scène. Il prit la défense de Melville en déclarant que ce dernier partait déjà à l’aventure seul et qu’à défaut de l’encourager, il ne voulait pas au moins le handicaper un peu plus.
L’hostilité des occupants et de l’entourage n’arrangea rien. Par exemple, le premier jour de tournage, c’est Emmanuel d’Astier, ministre, à qui Vercors avait prêté sa maison qui les accueille avec mépris. Le dernier jour, la femme de Vercors s’indignait du désordre qui régnait chez elle en s’exclamant : Cette maison a connu l’Allemand, mais l’Allemand l’avait respectée, lui !.
Le résultat étant positif, Vercors donna son aval pour la sortie du film. Les régularisations prirent beaucoup de temps avec les syndicats du fait de l’absence d’autorisation, de techniciens parfois non syndiqués à commencer par Melville lui-même et Nicole Stéphane. Ceci explique le temps de sortie important entre la projection au jury [composé de 24 résistants] le 11 novembre 1948 et la sortie publique le 22 avril 1949.
Malgré tous ces problèmes, Melville parvint à faire sortir son film dans le plus grand réseau de distribution français de l’époque : le Gaumont-Palace-Rex.
sources diverses

Le comble reste l’auto-promotion du réalisateur :

Le silence de la mer est l’œuvre d’un professionnel, même si des professionnels très connus à l’époque – et qui maintenant ont disparu complètement, comme Guy Lefranc, par exemple – ont parlé de ce film comme d’un « truc » fait par un amateur !
Rui NOGUEIRA, Le cinéma selon Jean-Pierre Melville, 2021 [Texte en ligne].

Avis de : Ciné-club de CaenDVD ClassikSens Critique

Lire aussi :
VERCORS, Le silence de la mer, 1942 [Texte en ligne].
La bibliothèque dans Le silence de la mer, un espace symbolique, Conserveries mémorielles, 2008.
Des éditions de Minuit à Youtube – Le silence de la mer, Le temps des médias, 2010.
Cinémathèque, Ciné Monde.
Articles Cinéma asiatique, Chine en Question.
Articles Cinéma occidental, Monde en Question.
Dossier Cinéma France, Monde en Question.
Index Cinéma (Tous les dossiers), Monde en Question.
Veille informationnelle Cinéma, Monde en Question.
Revue de presse, Monde en Question.

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