Monde en Question

Analyse de l'actualité économique, politique et sociale dans le monde

Archives de Tag: Islam

Convertir les musulmans


Bibliographie histoire

 

Ce livre retrace l’histoire de la conversion des musulmans, de la fin de la Reconquête jusqu’à l’expulsion de quelque 300 000 morisques, descendants des convertis, un siècle plus tard. Pour la première fois, l’intégration forcée d’une population de non-chrétiens, réalisée selon des règles juridiques forgées dans la persécution des juifs au Moyen Âge, fut un échec.

Alors que les morisques s’efforçaient d’échapper aux expulsions et à l’Inquisition en gardant leur foi et leurs mœurs, la société chrétienne voulut éliminer les traces de l’islam sans donner aux convertis l’égalité des droits. La politique de conversion hésita entre répression et pédagogie, volontarisme et découragement. Son échec, constaté à l’époque par les historiens et les théologiens, favorisa l’émergence d’une réflexion sur l’usage de la contrainte en matière de foi qui conserve encore aujourd’hui toute son actualité.

Isabelle POUTRIN, Convertir les musulmans – Espagne, 1491-1609, PUF, [Texte en ligne].

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L’histoire du monde vue par la tradition musulmane


Bibliographie histoire

 

L’Occident partage une vision commune de l’histoire, bien différente de celle qui a cours dans le monde musulman. Dans ce récit, Tamim Ansary raconte, « comme si nous passions un moment ensemble dans un café », l’histoire du monde telle que la conçoit la tradition musulmane.

Quand commence-t-elle ? Quels en sont les grands événements, les héros, les centres géographiques ? Si l’on dit du monde actuel qu’il n’est qu’un village, cela n’a pas toujours été le cas. Jusqu’au XVIIe siècle, le monde musulman et l’Occident se sont développés en totale autonomie. Ils ont constitué deux univers séparés, chacun préoccupé par ses affaires internes et dépositaire d’une tradition propre.

L’auteur nous invite à pénétrer dans l’univers culturel islamique et à porter un regard venu d’ailleurs sur le monde – Occident inclus -, depuis l’époque du prophète Mahomet jusqu’au début du XXIe siècle.

Tamim ANSARY, L’histoire du monde vue par la tradition musulmane, Les Belles Lettres, 2019 [Texte en ligne].

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L’Empire islamique


Bibliographie histoire

 

L’histoire des cinq siècles de l’Empire islamique, de la mort du Prophète en 632 à l’éviction des Arabes des structures de pouvoir et à l’émergence des sultanats turcs au XIe siècle, en passant par les conquêtes, la mise en place du califat, l’éclosion et la chute des dynasties abbasside, omeyyade ou fatimide, tel est le propos de Gabriel Martinez-Gros. Mais pour éviter le biais d’une histoire de l’Islam vue d’Occident – ou l’essor de l’un est inévitablement le déclin de l’autre – l’auteur convoque les quelques rares voix qui nous parviennent encore du fond de l’histoire islamique. Ces voix, ce sont celles des historiens arabes médiévaux, dont Ibn Khaldūn.

Ainsi émerge une tout autre perception de l’Empire islamique, où les dynasties se consolident dans la première génération de leur existence, atteignent leur floraison dans la deuxième, vieillissent et agonisent dans la dernière. C’est donc à une triple réflexion que nous invite ce livre admirable et singulier : d’abord sur l’histoire de l’Islam médiéval, ensuite sur la dynamique impériale, enfin sur l’écriture de l’histoire.

Gabriel MARTINEZ-GROS, L’Empire islamique, Passés Composés, 2019 [Breizh-infoTexte en ligne].

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Saladin


Bibliographie histoire

 

Pour le monde arabo-musulman, Saladin est une figure mythique : de Nasser à Saddam Hussein, nombreux sont les dirigeants qui se sont réclamés de lui, nombreux les poètes et les artistes qui ont exalté sa mémoire. À Damas, son mausolée est aujourd’hui encore un lieu de pèlerinage. En Occident aussi, une véritable légende s’est construite autour de ce sultan kurde (1137-1193) devenu champion de l’islam et souverain d’un immense empire. Il est celui qui sut reprendre Jérusalem aux croisés et susciter chez ses adversaires chrétiens, notamment Richard Cœur de Lion, une certaine admiration.

Dans cette biographie nourrie aux meilleures sources, Anne-Marie Eddé a voulu comprendre la formidable popularité qui fut celle de Saladin, une popularité à laquelle il veilla toujours de très près. Une propagande inlassable encensait le sultan, défenseur de l’islam, serviteur fidèle du calife de Bagdad, parangon de justice, magnanime et généreux envers ses sujets comme envers ses ennemis…

S’efforçant de faire la part de l’imaginaire et de la réalité, Anne-Marie Eddé replace le personnage dans l’époque tourmentée qui fut la sienne. Elle décrit l’ascension d’un homme doté d’un grand sens politique, qui parvint à étendre sa domination sur un territoire allant du Nil à l’Euphrate et du Yémen au nord de la Mésopotamie ; un homme authentiquement intéressé par la vie religieuse, soucieux d’appliquer la loi musulmane, sans concessions mais sans excès non plus, notamment à l’égard des communautés juives et chrétiennes ; un homme qui fut un guerrier infatigable, mais aussi un administrateur doué d’une prodigalité qui faisait le désespoir de ses proches. Un homme, enfin, qui montra autant de volonté dans la maladie, le deuil et les combats déçus que sur les chemins de la gloire.

Anne-Marie EDDÉ, Saladin, Flammarion, 2016 [Texte en ligne].
Avis de : Les clés du Moyen-OrientREMMM.

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L’islam et la cité


Bibliographie société

 

L’islam constitue aujourd’hui un objet conflictuel dans le champ politique français. Il serait vecteur de repli sur soi ou l’objet d’instrumentalisations politiques. Pourtant, à distance des discours globalisants présents dans l’espace public et médiatique, ce livre entend démontrer que cette religion peut constituer une ressource dans la mobilisation d’acteurs que tout prédisposait à l’apathie, dans un contexte où la laïcité contraint les formes d’engagement s’appuyant sur l’expérience religieuse. Il vise tout particulièrement à défaire les analyses qui feraient agir la « communauté musulmane » comme un seul et même groupe social homogène. En suivant les acteurs au plus près dans différents quartiers populaires, ce livre restitue les contraintes très fortes qui pèsent sur l’action collective des groupes minoritaires. À rebours d’une lecture qui n’y verrait que des revendications « communautaristes », cet ouvrage démontre que les engagements inspirés de l’islam recherchent avant toute chose l’égalité.

Julien TALPIN, Julien O’MIEL et Frank FRÉGOSI (sous la direction de), L’islam et la cité – Engagements musulmans dans les quartiers populaires, Presses universitaires du Septentrion, 2017 [Texte en ligne].

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L’Europe héritière de l’Espagne wisigothique


Bibliographie histoire

 

Cet ouvrage analyse le rôle médiateur de l’Espagne dans et pour l’Europe occidentale, à partir du royaume wisigoth de Tolède. Autrement dit, depuis la civilisation originale de l’Espagne entre 589, année du IVe Concile de Tolède qui voit la conversion de tout le peuple wisigoth au catholicisme, jusqu’à la chute brutale du royaume sous les coups de l’invasion islamique. Paradoxalement, cet écroulement aura servi le rayonnement européen des hommes d’Espagne, de leur idéologie, de leurs institutions, de leurs manuscrits et donc de leurs œuvres littéraires, à travers tout l’espace culturel européen, dans une dispersion féconde de l’héritage de cette Espagne wisigothique dont l’influence n’a cessé de s’exercer sur la genèse de la culture médiévale et moderne à travers l’Europe.

Jacques FONTAINE et Christine PELLISTRANDI (sous la direction de), L’Europe héritière de l’Espagne wisigothique, Casa de Velázquez, 1992 [Texte en ligne].

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L’Empire ottoman et l’Europe


Bibliographie histoire

 

Au fil des siècles, l’Europe, toujours méfiante et inquiète, a souhaité percer les secrets de la civilisation ottomane et, à rebours de l’idée reçue, fut bientôt fascinée par elle. Malgré leur rivalité séculaire, ces deux mondes ne s’ignoraient pas. Au XVIIIe siècle, l’empire des sultans lui-même consentit à s’ouvrir à l’Occident et lui emprunta progressivement recettes militaires, méthodes gouvernementales, encadrement scolaire, partie de sa législation, manières architecturales et usages vestimentaires… Depuis le XIXe siècle, la « tentation de l’Occident » le dispute à l’ancrage dans l’islam, créant une ambivalence qui perdure jusqu’à nos jours.

A la logique de guerre (dont elle suit les principales étapes), l’histoire croisée que propose ce livre ajoute – en prenant prétexte d’une personnalité, d’un objet, d’une oeuvre d’art – l’analyse d’une rencontre entre deux sphères culturelles qui, tout en se déchirant, ont toujours communiqué.

Jean-François SOLNON, L’Empire ottoman et l’Europe, Perrin, 2017 [Texte en ligne].

Lire aussi :
Henry LAURENS, Les provinces arabes à la fin de l’époque ottomane, Collège de France.
Henry LAURENS, Les provinces arabes de l’Empire ottoman à la fin du XIXᵉ, Collège de France.
Index Géographie-Histoire, Monde en Question.
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La thèse des racines grecques et de l’identité chrétienne du monde occidental


Bibliographie histoire

 

On sait qu’à la parution de cet Aristote au Mont-Saint-Michel, des organes de presse éminents (Le Monde, Le Figaro, etc.) ont applaudi ce qu’ils ont appelé une thèse courageuse, alors que la plupart des médiévistes, rappelant, comme le font ci-après Jean Jolivet et Abdelali Elamrani-Jamal, que cette thèse remontait à Renan, se sont indignés qu’on puisse faire abstraction des acquis de plus d’un siècle d’études médiévales. Essayons d’abord de préciser de quelle thèse il s’agit. Là encore, il faut lire attentivement le livre et ne pas se contenter des articles qui lui ont été consacrés ou des propos modérés de la quatrième de couverture.

Dans son introduction Sylvain Gouguenheim déclare qu’il va discuter ce qu’il appelle l' »opinion commune » : l’Europe a une dette envers le monde arabo-musulman de l’époque abbasside qui aurait assimilé l’essentiel du savoir grec, l’aurait transmis aux Européens, et ainsi serait à l’origine du réveil culturel et scientifique du Moyen Âge puis de la Renaissance ; corollairement, la pensée, la culture, l’art européens auraient pour origine, au moins partiellement, la civilisation des Abbassides. Gouguenheim souligne alors que l’opinion qu’il va s’efforcer de réfuter contredit la thèse des « racines grecques » et de l' »identité chrétienne » du monde occidental, dont on sait qu’elle n’est pas étrangère à une certaine actualité politique. Il accuse donc certains médiévistes d’avoir mis une « civilisation abbasside » en lieu et place de la civilisation grecque. Si on laisse de côté le fait qu’aucun historien sérieux n’a jamais soutenu une telle opinion, on ne peut refuser a priori une certaine légitimité au fait de la combattre malgré tout.

Mais les choses se compliquent si on compare cette déclaration d’intentions à la conclusion. Gouguenheim y oppose les civilisations chrétienne et islamique : la première « combinait l’héritage grec et le message des Évangiles, l’esprit scientifique et l’enracinement dans une tradition religieuse dont l’Église se voulait garante. L’autre était fille du livre de Dieu, du Livre incréé. Elle était fondamentalement amarrée à son axe central, le Coran ». Et il ajoute qu’il existe une « structure intellectuelle propre à la foi chrétienne d’où est né le savoir européen ». On comprend alors que Gouguenheim ne se propose pas simplement d’établir que les racines de la civilisation européenne sont grecques et ne doivent rien à peu près rien à la civilisation islamique, mais de montrer que, contrairement au monde occidental, le monde islamique, du fait de sa religion, ne pouvait pas intégrer le savoir grec puis le dépasser. C’est ce qu’il affirme quand il dit que « la façon dont l’héritage grec fut exploité constitue un solide critère d’identification des civilisations médiévales chrétienne et islamique ». En fait sa conclusion montre que son objectif, ou l’un de ses objectifs, est finalement d’établir qu’il existe entre ces civilisations une hiérarchie qu’on peut établir à partir de « leur rapport aux textes sacrés et du degré de liberté laissé à la raison humaine ».

Même si on n’éprouve pas la moindre sympathie pour un tel objectif, on peut avoir quelque curiosité pour son argumentaire ; pour qu’il réussisse une entreprise aussi risquée, on attend de l’auteur qu’il développe une démonstration habile et particulièrement serrée. Or il faut bien le reconnaître : sur le strict plan de la technique argumentative, la déception est grande.

Les silences sur les faits embarrassants, les incohérences, l’usage de concepts mal définis, les interprétations tendancieuses, les inventions pures et simples, les erreurs factuelles, pullulent. Les règles les plus communément admises du travail universitaire sont bafouées ; quant à celles de la vulgarisation, évoquée par l’auteur dans certaines interviews, elles le sont tout autant.

Nous donnons ci-dessous quelques exemples particulièrement caractéristiques de la rhétorique mise en œuvre dans Aristote au Mont-Saint-Michel. Bien entendu, nombre d’entre eux sont développés dans les contributions qui suivent, auxquelles, alors, nous renverrons pour une démonstration plus serrée.

Max LEJBOWICZ (sous la direction de), L’Islam médiéval en terres chrétiennes – Science et idéologie, Presses universitaires du Septentrion, 2009 [Texte en ligne].

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Presse et islamophobie


 

Le 8 janvier 2015, le lendemain de l’attentat terroriste contre Charlie Hebdo, Valeurs Actuelles titrait « Peur sur la France » en référence au roman de Houellebecq Soumission. Le numéro avait été bouclé la veille des assassinats.

Le message, bien qu’un peu brouillé (un niqab bleu, blanc rouge ?), est pourtant clair dans ses grandes lignes : l’islam constituerait une menace pour la France.

Lire la suite… Presse & islamophobie : qu’en est-il ?, Le sens des images

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Dossier documentaire Sémiologie – Sémiotique, Monde en Question.

La peur de l’Islam


 

Cet article trace un portrait du contexte économique et socio-politique de l’émergence de préjugés islamophobes, principalement en Europe. Partant de la réaffirmation de l’idéologie libérale après 1945, qui se voulait garante des droits des minorités nationales, ethniques et raciales, l’auteure identifie certains des facteurs qui ont mené à une réaction des majorités à leur endroit et à un renforcement de l’ethnocentrisme. Ces facteurs incluent la résistance au pluralisme culturel (qui transforme irrémédiablement la société majoritaire) et la perte de statut social de la classe moyenne résultant de la globalisation économique.

L’auteure identifie également certaines raisons pour lesquelles les musulmans constituent une cible de choix du sentiment d’animosité des majorités: l’importance démographique de cette minorité ; leur faible capacité d’organisation et de mobilisation ; la peur de l’Islamisme politique depuis la révolution Iranienne en 1979 ; la fin du contrôle répressif des tensions internes dans les régions dépendantes de l’Union soviétique depuis sa chute en 1989 ; enfin, l’intérêt pour l’occident des ressources énergétiques du Moyen-Orient.

L’auteure identifie ensuite certaines des croyances modernes que la présence de l’Islam met en cause, alimentant de ce fait l’islamophobie : le schème de la rationalité, voulant que la religion en tant qu’archaïsme intellectuel ne peut subsister dans une société moderne ; le schème de la sécularisation inévitable, mis en cause par la persistance des croyances religieuses ; l’idée d’une opposition nécessaire de l’État à la religion ; la conception d’une menace sur la souveraineté populaire par le pouvoir judiciaire (qui protège les minorités culturelles) ; enfin, la perception de l’Islam et des religions en général comme foncièrement oppressifs envers les femmes.

Lire la suite… Denise HELLY, La peur de l’Islam, SociologieSUniversité du Québec, 2015.

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• Denise HELLY, L’Islam, épouvantail électoraliste péquiste, Université du Québec, 2013.
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