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Comédiens israéliens contre la colonisation


Une soixantaine de comédiens et hommes de théâtre israéliens de premier plan se sont engagés à refuser de jouer dans l’implantation juive d’Ariel, en Cisjordanie, où un nouvel auditorium ouvre ses portes à l’automne, ou dans quelque autre implantation des territoires palestiniens occupés, a annoncé dimanche l’un de leurs représentants.

Ce refus vient raviver le débat sur une question qui divise les Israéliens: l’avenir de dizaines de colonies de peuplement en Cisjordanie, et ce à l’heure où Israéliens et Palestiniens reprennent le 2 septembre à Washington des pourparlers directs gelés depuis 18 mois.

La question des implantations, considérées illégales par la communauté internationale et situées sur des terres que les Palestiniens veulent voir faire partie de leur Etat, est susceptible de faire dérailler ces pourparlers très vite.

Le président palestinien Mahmoud Abbas affirme en effet qu’il claquera la porte si Israël ne prolonge pas le gel de la construction dans les implantation, un moratoire de dix mois qui arrive à expiration le 26 septembre. Et le Premier ministre israélien Benjamin Nétanyahou ne s’est engagé à rien.

Selon le dramaturge Joshua Sobol, au moins 56 comédiens et auteurs de théâtre ont déjà signé la pétition, rédigée en réponse à l’annonce par la direction de plusieurs compagnies subventionnées qu’elles comptaient aller jouer à Ariel.

Parmi les signataires refusant d’aller jouer de l’autre côté de la Ligne verte, qui marque la frontière avec la Cisjordanie occupée, on trouve des grandes figures du monde théâtral et comédiens populaires en Israël, comme Yossi Pollak, Anat Gov ou Savyon Liebrecht.

Le Premier ministre Benjamin Nétanyahou a estimé qu’ils servaient ainsi la campagne internationale qui vise à délégitimiser Israël, via des boycotts économiques, culturels ou universitaires. « La dernière chose dont nous ayons besoin en ce moment, alors que nous faisons l’objet de ce genre d’attaque, c’est d’une tentative de boycott venue de l’intérieur », a-t-il déploré dimanche au début du conseil des ministres hebdomadaire.

La question arrive sur le devant de la scène en raison de l’ouverture, prévue en novembre, d’un nouveau centre culturel qui a coûté dix millions de dollars à Ariel, une des plus importantes implantations cisjordaniennes, avec quelque 20.000 habitants. Selon le maire d’Ariel Ron Nachman, les principales compagnies théâtrales du pays sont prêtes à venir y jouer.

Sobol, auteur célèbre du « Ghetto », pièce sur l’Holocauste, a dit espérer que cette pétition puisse réveiller un public apathique et pousser les compagnies à revenir sur leur décision. « Il y a eu de la léthargie ces dernières années. Les gens sont en quelque sorte devenus indifférents aux nombreuses questions qui sont des questions existentielles en Israël, et ceci pourrait ranimer le débat public », a-t-il déclaré.

Les quatre compagnies, Habima, Cameri, Beit Lessin et Beersheba Theater, ont affirmé dans un communiqué conjoint qu’elles ne céderaient pas. « Nous respectons les opinions politiques de nos acteurs, mais nous ferons en sorte que ce que le théâtre israélien a de mieux aille à Ariel », écrivent-elles.

Selon Osnat Chen, porte-parole de Habima, la compagnie étudiera le cas de chaque acteur qui refuserait de jouer à Ariel.

Depuis qu’Israël s’est emparé de la Cisjordanie, de la Bande de Gaza et de la partie orientale de Jérusalem lors de la Guerre des Six jours en 1967, environ 300.000 colons se sont installés en Cisjordanie, et 200.000 autres à Jérusalem-Est, annexée par l’Etat hébreu après le conflit. Les détracteurs de la politique de colonisation estiment que ces enclaves et leur croissance constante pourraient empêcher la partition de la terre et détruire la notion d’un Etat juif démocratique.

Par ailleurs, le chef spirituel du parti ultra-orthodoxe Shas, membre de la coalition gouvernementale, a fait scandale dimanche, après avoir estimé que les Palestiniens et leur président devraient « disparaître du monde ». Le rabbin Ovadia Yosef, 89 ans, très respecté dans la communauté sépharade, a aussi qualifié les Palestiniens d' »ennemis amers et malfaisants d’Israël ».

Dans un communiqué, l’Autorité palestinienne a riposté, réclamant qu’il soit mis fin à la « culture de la haine envers les Palestiniens » en Israël. « Le chef spirituel du Shas appelle carrément au génocide contre les Palestiniens et il semble ne pas y avoir de réponse du gouvernement. Est-ce ainsi que le gouvernement israélien prépare son opinion publique à un accord de paix? », s’est interrogé le négociateur palestinien Saeb Erekat.

AP-Yahoo! Actualités

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